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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Donald Trump, entre enclume et marteau

Le président américain doit choisir entre valider les sanctions du Congrès envers Moscou ou y opposer son veto. Dans les deux cas, il est perdant.

Donald Trump lors d’une allocution hier à New York. Jonathan Ernst/Reuters

Donald Trump est dans une position des plus inconfortables. Alors qu'il se targuait d'améliorer les relations diplomatiques entre Washington et Moscou, la situation se détériore chaque jour un peu plus. Deux jours après la Chambre des représentants, le Sénat a adopté jeudi à la quasi-unanimité (98 contre deux) un projet de loi de sanctions à l'encontre de la Russie, soupçonnée d'ingérences dans le processus électoral américain de 2016. L'annexion en 2014 de la Crimée et les ingérences en Ukraine sont les autres motifs de sanction avancés. Le texte sanctionne aussi l'Iran et la Corée du Nord, ce qui a poussé Pékin à avertir que la Chine s'opposerait « résolument » à toute mesure portant atteinte à « ses intérêts ». Le projet de loi a, en outre, été critiqué dans l'Union européenne parce qu'il risque d'affecter les entreprises européennes, et à long terme ses approvisionnements en gaz russe.

La Russie n'a, de son côté, pas tardé à riposter, annonçant, hier, une prochaine réduction de la présence diplomatique américaine sur son territoire. Le ministère russe des Affaires étrangères a ainsi demandé à Washington de réduire, à partir du 1er septembre, à 455 les effectifs du personnel de son ambassade et de ses consulats en Russie, et a suspendu l'utilisation par l'ambassade des États-Unis d'une résidence en périphérie de la capitale russe et d'entrepôts.

 

(Lire aussi : Le navire Trump prend l'eau de toute part)

 

 

L'ambassadeur américain à Moscou John Tefft « a exprimé sa grande déception et a protesté » après l'annonce de ces mesures, a indiqué à l'AFP une porte-parole de l'ambassade américaine. La porte-parole a refusé de préciser le nombre de diplomates américains et personnel de service actuellement en Russie. Une source anonyme citée par l'agence Interfax à Moscou a indiqué que la réduction du personnel américain devrait entraîner le départ de plusieurs centaines de personnes. Selon un membre du personnel diplomatique américain à Moscou s'exprimant sous le sceau de l'anonymat, les effectifs du corps diplomatique américain représentent près de 1 100 personnes, un chiffre qui comprend des ressortissants russes. La plupart travaillent à l'ambassade américaine à Moscou, les autres étant employés dans des consulats.

Lors d'un entretien téléphonique, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a expliqué à son homologue américain Rex Tillerson que ces mesures avaient été rendues nécessaires par « une série de mesures hostiles de la part de Washington », les sanctions étant les dernières en date, selon un communiqué publié à Moscou.

Pour autant, la Russie « reste prête à une normalisation des relations bilatérales avec les États-Unis et à la coopération concernant les questions importantes de l'agenda international », a ajouté la même source, précisant que ce n'était possible qu'à la condition d'un « respect mutuel ».

 

(Lire aussi : Nuage russe au-dessus de la Maison-Blanche)

 

Choix difficiles
Pourquoi ces sanctions alors que l'enquête sur de possibles ingérences russes est encore en cours ? « C'est tout le problème. Le Congrès – la Chambre et le Sénat – a accepté le rapport de janvier des agences du renseignement américain, arrivées à un consensus sur une interférence de la Russie dans le processus électoral de 2016 », explique Corentin Sellin, professeur et spécialiste des États-Unis.

En théorie, Donald Trump, qui tente d'améliorer les relations avec la Russie au grand dam de nombre d'élus, peut mettre son veto au projet du Congrès, mais ce serait une solution de courte durée. Il suffirait en effet au Congrès de revoter le texte à la majorité des deux tiers pour surmonter ce refus. En général, les présidents s'épargnent cette humiliation. Le texte prévoit aussi un mécanisme inédit qui déplaît à la Maison-Blanche : les parlementaires s'arrogent le droit de s'interposer si jamais Donald Trump décidait de suspendre des sanctions existantes contre la Russie.

Il existerait une troisième voie, déjà évoquée en des termes différents par le président Trump, M. Tillerson et le nouveau directeur de la communication de la Maison-Blanche Anthony Scaramucci. « Cette possibilité serait que Donald Trump ne signe pas la loi, mais propose au Congrès des sanctions encore plus dures, ce qui paraît abracadabrant », avance M. Sellin. Sauf qu'il n'est nulle part précisé quelles seraient les sanctions renforcées : celles qui visent la Russie, ou celles envers l'Iran et la Corée du Nord, deux pays également visés par le projet du Congrès ? Mais il est probable que le Congrès n'acceptera rien de tel et veuille faire adopter la loi actuelle, selon le spécialiste des États-Unis. Le milliardaire multiplie les échecs cuisants, que ce soit sur sa réforme d'Obamacare, les rivalités qui minent son camp ou le Russiagate. Tout autre option que la signature du projet de sanctions déclencherait une crise avec la majorité républicaine, et il est peu probable que le Congrès patiente jusqu'après les vacances du mois d'août. La Maison-Blanche a d'ailleurs reçu le texte adopté par le Congrès hier et il semble que c'est une question de jours avant qu'une décision soit prise.

 

 

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commentaires (3)

PLUS PRES DU MARTEAU QUE DE L'ENCLUME . DANS LES CIRQUES LES CLOWN EN RECOIVENT SOUVENT .

FRIK-A-FRAK

21 h 17, le 29 juillet 2017

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Commentaires (3)

  • PLUS PRES DU MARTEAU QUE DE L'ENCLUME . DANS LES CIRQUES LES CLOWN EN RECOIVENT SOUVENT .

    FRIK-A-FRAK

    21 h 17, le 29 juillet 2017

  • LES RUSSES PROPOSENT : COOPERATION CONCERNANT LES QUESTIONS IMPORTANTES DE L,AGENDA INTERNATIONAL... SIGNE QUE LES SANCTIONS FONT TROP MAL A LA RUSSIE ET QUE LES E.U. AURONT LE DERNIER MOT SURTOUT AU M.O. !

    LA LIBRE EXPRESSION

    07 h 24, le 29 juillet 2017

  • Entre marteau et enclume!? Effectivement some nuts are tough to crack !

    Wlek Sanferlou

    05 h 14, le 29 juillet 2017

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