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Charlie Prince

Génération Orient II : #9 Charlie Prince, danseur, 26 ans

Charlie Prince

Il est entré dans la danse, rapidement, bien que tard, en s'y glissant, sur le bout de ses pointes aériennes. Même si son premier amour était la musique, et qu'il a attendu ses 18 ans pour se lancer, corps et âme, dans cette aventure qui lui donne des ailes. Des ailes dont il n'a pas vraiment besoin, mais qui lui vont comme un gant, tant ce jeune homme use de son corps comme un impressionnant contorsionniste, le transformant, se transformant en boa, en saule pleureur, en bambou. En Black Swan. En prince. Tant il passe de la danse classique aux performances contemporaines, de la tragédie à l'absurde, avec une aisance instinctive, silencieuse et magique. Il se souvient que 18 ans, c'est en effet un peu tard pour démarrer la danse et espérer une carrière professionnelle. Mais c'est le chemin qui compte. Sans être prétentieux, il dit que ce qui l'a aidé, c'est qu'il avait le corps pour le faire. La facilité, le « en-dehors ». Le fait aussi qu'il soit un homme... Mais cette aisance qu'il a est à double tranchant. Parce qu'il peut faire beaucoup de choses avec son corps, mais il peut aussi se blesser facilement.

Son corps... Parlons-en. 1 m 82 de muscles effilés, affinés. Des mains, des bras, des jambes et un regard, immenses, qui ne trouvent leur espace que sur les planches d'un théâtre. Une scène sur laquelle ils peuvent s'exprimer, s'étirer encore plus, briser toutes les frontières, avec, bien sûr, la souffrance de l'artiste. « Au début, j'étais comme un petit oiseau qui commençait à sortir du nid. C'est comme grandir : une expérience pleine de joie et de peine. »

Accepter le « je ne sais pas »
Talent nomade, Charlie Prince l'est dans sa vie et dans sa tête. Ce qui l'a rendu à la fois plus libre et plus vulnérable, trouvant dans son corps la maison qui abrite le mieux ses choix, ses attentes, ses angoisses et ses bonheurs. Son solo Beit Jissmi présenté dans le cadre de Moultaqa Leymoun, puis du Festival Inequilibrio à Castiglioncello en juin dernier, n'est sans doute pas un choix fortuit. Dans ces différentes escales de vie, Montréal sera la première. Il y passe une partie de son enfance et de son adolescence, décroche une licence en musique de l'Université McGill, intègre l'École supérieure de ballet du Québec et prend part durant quelques années à des ateliers de travail à l'école et centre chorégraphique Ballet Divertimento. Il participe à de nombreux spectacles. Pour certains, il en est également le chorégraphe. Il obtient des distinctions, parmi lesquelles, en 2012, le prix Anik Bissonnette pour l'excellence en danse, et, plus tard, le Jocelyn Dowdsewell Award for Dance (2015) et le Emerging Artist Award – Transformation Danse (2016).

En 2014, Charlie Prince s'envole pour Vancouver où il va danser avec la fameuse Arts Umbrella Dance Company, qui lui offre une solide formation et l'opportunité d'interpréter, entre autres, les œuvres de Crystal Pite, Marie Chouinard, Karen Rosenberg et Lesley Telford. De l'autre côté de son grand écart l'attend le début d'une carrière professionnelle auprès de célèbres chorégraphes du monde entier. Il dansera également avec le Ballet BC (Vancouver), la Compagnie Alias (Genève) ainsi qu'avec la chorégraphe émergente montréalaise Andrea Pena. Dernier arrêt, Amsterdam, où Charlie Prince a posé ses bagages. Il a travaillé avec la Gross Dance Company avant de choisir de poursuivre sa carrière en free-lance. « Aujourd'hui, je voudrais moins de peut-être, plus de oui et de non. Et l'acceptation du je ne sais pas. » Durant l'année qui vient de passer, le nomade aux sauts d'ange a donné des performances en Italie, au Liban, en Allemagne, en France, en Suisse, en Hollande et au Canada. Rempli de toutes ces expériences humaines et artistiques, il poursuit son chemin avec la même exigence d'humilité et de générosité.
Et la musique ? Il a fermé le couvercle du piano, pour l'instant. Il bouge tellement, et puis ce n'était plus naturel pour lui de composer. Il dit avoir besoin de prendre de la distance. Que sa musicalité reste dans sa pensée, sa danse, ses gestes, qui s'accordent à une sonorité et à des vibrations.
Ces vibrations. Encore et toujours...

Il est entré dans la danse, rapidement, bien que tard, en s'y glissant, sur le bout de ses pointes aériennes. Même si son premier amour était la musique, et qu'il a attendu ses 18 ans pour se lancer, corps et âme, dans cette aventure qui lui donne des ailes. Des ailes dont il n'a pas vraiment besoin, mais qui lui vont comme un gant, tant ce jeune homme use de son corps comme un...

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