Rechercher
Rechercher

Culture - Exposition

« Le cri de la ville » : une vision alarmante de Beyrouth

Couteaux à peindre au poing, Vanessa Gemayel livre une bataille tout en poésie contre la destruction de l'environnement.

« 4 arbres dans la métropole » (huile sur toile 100 x 150 cm, 2017) de Vanessa Gemayel.

Après On m'a caché la mer en 2013, l'artiste libano-américaine Vanessa Gemayel pose à nouveau ses valises à la galerie Aïda Cherfan, jusqu'au 20 juillet. Son exposition, Le cri de la ville, propose un regard inédit sur les catastrophes écologiques et leurs conséquences. Frappée par la crise des ordures de 2015, Vanessa Gemayel se penche, dans son œuvre, sur des thématiques environnementales, que ce soit le réchauffement climatique, la pollution urbaine ou encore la destruction du littoral. « Ce sont des sujets qui, finalement, nous touchent tous et que nous ressentons d'une manière assez violente. » Pluies acides, montagnes désolées, centrales électriques et nuages noirs asphyxiant le paysage... La vingtaine de toiles exposées offrent une vision alarmante de Beyrouth, la ville qui a donné à l'artiste l'envie de peindre. Ce qui la rend particulièrement sensible à la dégradation progressive du patrimoine culturel beyrouthin. Dans ses œuvres, les immeubles modernes prennent des airs de bulldozers, avalant les maisons traditionnelles et les arbres dans un même élan destructeur.
Depuis sa dernière exposition, Vanessa Gemayel a troqué sa palette joyeuse et son attention pour les détails contre des couleurs plus sombres, sans rien sacrifier de la poésie de son style. « Je me suis plus lâchée. Je fais de grands gestes, je travaille plus avec les couteaux. » À l'image d'un sculpteur, elle travaille la texture, grave dans la peinture les images des crimes urbains qu'elle dénonce. Son style s'est fait plus violent, à mesure que sa prise de position écologique s'est affermie. « Je vois que ma peinture évolue. Je construis mes villes comme je me construis moi. La colère est un peu ressortie. »
Résolument engagée, Vanessa Gemayel conserve néanmoins l'onirisme qui fait le sel de son vocabulaire pictural. Ses arbres aux corps de femmes, ses maisons frétillantes, sa mer impétueuse semblent prendre vie en dépit des périls écologiques environnants. Les îlots de couleurs claires qui surnagent dans ses toiles bardées de noir sont autant de messages d'espoir face à une réalité dramatique. « Je trouve que l'art ne doit pas seulement être le reflet de la société, mais qu'il doit pousser, montrer le chemin pour arriver à un monde meilleur, pour arranger les choses. À travers ma peinture, c'est comme si je me battais pour les choses en lesquelles je crois et les valeurs que j'aimerais voir plus répandues, plus universelles. »
Défi réussi avec cette exposition qui lance un cri d'alerte, tout en donnant envie d'agir.

Après On m'a caché la mer en 2013, l'artiste libano-américaine Vanessa Gemayel pose à nouveau ses valises à la galerie Aïda Cherfan, jusqu'au 20 juillet. Son exposition, Le cri de la ville, propose un regard inédit sur les catastrophes écologiques et leurs conséquences. Frappée par la crise des ordures de 2015, Vanessa Gemayel se penche, dans son œuvre, sur des thématiques...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut