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Culture - Rencontre

Mayssa Karaa, une fusion de cultures

Voix douce et sensuelle, elle lance son nouvel album au Festival international de Zouk Mikaël, dont elle sera la belle surprise le 6 juillet.

Mayssa Karaa : fraîcheur et sagesse d’une Libanaise qui trace son orientalisme sur des musiques occidentales. Photo Waël Hamza

Son nom est encore peu connu de la scène libanaise, alors qu'aux États-Unis et ailleurs en Europe, Mayssa Karaa est en train de tracer, de son timbre profond et sensuel, les sillons d'un parcours à succès. Du haut de ses 27 ans, il y a à la fois de la fraîcheur et de la sagesse chez cette jeune femme, entrée dans le cercle fermé d'Hollywood il y a quatre ans, en chantant l'adaptation en arabe de White Rabbit, des Jefferson Airplane, pour le film American Hustle de David O'Russel. Et depuis plusieurs semaines, c'est avec un Comfortably Numb des Pink Floyd, revisité sur des arrangements de Nassem el-Atrache, qu'elle crée le buzz sur les réseaux sociaux.

 

 

Entourée de célèbres musiciens, parmi lesquels le saxophoniste des Pink Floyd, Scott Page, elle dépose à nouveau son orientalisme, mais pas trop, dans cette adaptation qui a immédiatement séduit, même les adeptes du fameux groupe britannique. « Les choses ne se sont pas faites facilement », aime-t-elle à rappeler, le sourire enfin satisfait. Il aura fallu de nombreuses années de doutes, de questionnements, puis, une fois la décision prise, de travail et d'efforts, ponctués de succès et d'autant de déceptions, pour que la chanteuse – qui faisait déjà ses gammes dès l'âge de 7 ans – en soit arrivée là. Là, à faire la musique qu'elle aime, invitée dans les festivals du monde – elle chante en plusieurs langues –, avec une signature qui lui ressemble et une belle maîtrise de sa voix. « Le défi, pour moi, est de comprendre la culture des pays où je me produis. »

 

 

 

Génie civil
« Quand tu vas rencontrer Dieu, il va te demander : "Je t'ai donné du talent, qu'est-ce que tu en as fait ?" » lui dit un jour un chef d'orchestre français, secouant ainsi ses certitudes. Car Mayssa Karaa, partie avec sa famille à Boston en 2006, a longtemps hésité à lâcher ses études de génie civil dans lesquels, il est vrai, elle brillait, pour se lancer dans une tout autre aventure : la musique et le chant, qu'elle avait caressés d'une manière théorique au Conservatoire libanais de musique. C'est son père, le premier, pressentant l'évidence, qui va essayer de tenter le diable qui sommeillait en elle : « Tu passes tous les jours devant le Berklee College of Music et tu n'as pas la curiosité d'aller voir ce qu'il s'y passe ? » Il ira plus loin dans sa ferme conviction en y présentant lui-même l'application de sa fille.
Deux semaines plus tard, elle passe une audition avec I have nothing de Witney Houston, et donne raison à son père. Mayssa Karaa obtient son diplôme de chant professionnel (chant, composition et production), forte d'une expérience acquise auprès du musicien, violoniste et compositeur Simon Chahine. « Il a été mon professeur durant un an et demi, puis j'ai eu la chance de faire des tournées avec lui en interprétant un répertoire arabe, notamment Feyrouz, Ismahan, Wardé et Oum Kalsoum. » Elle fera également une tournée auprès du ténor italien Pasquale Esposito et participera au tournage d'un documentaire à Naples intitulé Enrico Caruso : His life, his music, his city.

 

 

Un coup de fil
Et parce que le hasard fait bien les choses, Mayssa Karaa reçoit un jour un appel providentiel de Dawn Elder, célèbre compositrice et productrice de musique, pour passer une audition pour une chanson dans le film American Hustle. « J'étais au Liban, raconte la chanteuse. Il était minuit. Ils voulaient l'audition hier ! Je ne savais rien sur le film. Je n'ai même pas eu le temps d'imiter la version originale, ce qui, en fait, m'a permis de donner ma propre version, qui était différente du reste. » Enregistré avec son téléphone, chez elle à la maison, elle est prise et invitée à enregistrer le titre en arabe. Cette particularité, en plus d'une voix profonde et étoffée, devient une valeur ajoutée, sa marque de fabrique. Depuis, la chanteuse vit à Los Angeles. Elle a travaillé sur un album en anglais, dont elle chantera les titres en avant-première au Festival international de Zouk Mikaël le 6 juillet prochain. De même que le très attendu Comfortably Numb. Elle sera entourée de musiciens de renom : Marcus Nand, le bassiste de Carmine Rojas, qui a travaillé avec David Bowie ; la pianiste Victoria Theodore, qui a participé à des tournées avec Beyoncé et Stevie Wonder; et enfin le saxophoniste Scott Page, qui a joué avec Pink Floyd et Supertramp.

 

 


« J'ai mis du temps à faire les bonnes connexions, trouver les bonnes personnes qui ont compris ma vision, mon parcours, ma musique, confie-t-elle. J'ai envie de faire découvrir au public du monde entier la beauté de la langue arabe. De même que mon nouvel album avec 10 titres en anglais qui racontent des histoires, parfois personnelles. » Heureuse de pouvoir chanter dans son pays et dans un festival qui a « compris ma musique et respecté mes exigences ».

« Voilà comment je me définis, conclut-elle : moyen-orientale, mais pas complètement ; rock, pas entièrement... » Bref, un beau mélange saupoudré de sensibilité, qui a créé sa signature d'artiste.

 

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