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Liban - Affaire Roy Hamouche

La colère gronde contre le port d’armes et le manque de sanctions fermes

« L’intifada des gens honnêtes contre les voyous », samedi, au centre-ville. Photo ANI

Des parents et proches des victimes tombées ces derniers temps sous les balles de fiers-à-bras qui sèment la mort sans état d'âme se sont rassemblés samedi pour crier leur colère et exhorter l'État à renforcer les mesures de lutte contre la criminalité. Les protestataires ont exprimé leur révolte lors d'un sit-in organisé, place des Martyrs, par une activiste de la société civile, Zeina Bassil Chamoun.
Il y avait là la famille du jeune ingénieur fraîchement diplômé, Roy Hamouche, tué le 6 juin à bout portant, après avoir tenté d'échapper à ses bourreaux lors d'une course-poursuite sur l'autoroute reliant Jounieh à Beyrouth, au niveau de la Quarantaine. Il y avait aussi la fille de Talal Awad, propriétaire d'un kiosque à Kab Élias, tué par Marc Yammine, en avril dernier, après une discussion sur le genre de lait utilisé dans le Nescafé que celui-ci avait commandé. Également, la famille de Marcellino Zamata, poignardé, place Sassine, en février 2016, ainsi que l'épouse de Georges Rif, supplicié à l'arme blanche, en juillet 2015, dans une impasse d'Achrafieh, pour une priorité de passage, et le père du jeune Yves Naufal, tué par quatre hommes en janvier de la même année, lors d'un guet-apens tendu après une altercation survenue lors d'une soirée à Kfardebiane (sachant que celui qui a tiré est toujours en fuite...). Également présents, le frère de Hachem Salman, froidement abattu devant l'ambassade d'Iran, alors qu'il manifestait en juin 2013 contre l'envoi par le Hezbollah de combattants libanais en Syrie, et le père de Roland Chbeir, tué en novembre 2012, à Jounieh, par son camarade.
Il y avait aussi les familles de victimes de balles perdues, notamment celle d'Éliane Safatly, touchée il y a deux ans à Kaslik, par un projectile lancé par un homme pour protester contre une interdiction d'entrer dans une boîte de nuit.
Tout ce monde, soutenu notamment par l'ancien ministre Ziyad Baroud, la journaliste May Chidiac et l'activiste Salman Samaha, est ainsi venu exprimer au centre-ville l' « intifada des honnêtes gens contre les voyous », en hommage à « tous ceux qui sont partis », comme le scandaient les calicots brandis avec des roses blanches et des portraits des victimes innocentes. Les affiches déploraient aussi l' « affluence de jeunes mariés au ciel et la cohue de voyous sur terre », exhortant le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, à « retirer les armes des mains des vauriens ». Le chef de l'État, Michel Aoun, s'est vu également adresser un message faisant valoir que « les armes incontrôlées sont des armes politiques et relèvent de la responsabilité des dirigeants politiques et de leurs bandes ».
Se succédant au micro, les manifestants ont demandé aux responsables de mettre fin à « la déliquescence de l'État, facteur de recrudescence des crimes », exprimant leur peur que la prochaine victime ne soit l'un des leurs. Les intervenants ont exhorté l'État à « sévir contre les tueurs », certains allant même jusqu'à réclamer l'application de la peine de mort, se demandant sur la raison pour laquelle « celui qui a exécuté nos fils ne serait pas exécuté ». « Combien d'autres victimes désirez-vous encore sur la liste pour que vous vous décidiez à nous protéger ? Jusqu'à quand allez-vous accepter que le pays soit une jungle aux mains de bêtes incontrôlables ? » ont encore lancé les protestataires, s'engageant à « ne pas baisser les bras avant que les rues ne soient lavées des fléaux des armes et de la drogue ».
Lors du sit-in, un communiqué a été publié, à travers lequel les manifestants demandent « le retrait des couvertures partisanes qui protègent les criminels, ainsi que l'interdiction du port d'armes lors des événements tant heureux que malheureux ».

« Hariri compréhensif sur la peine capitale »
Un courroux vraisemblablement perçu par le ministre de l'Intérieur, qui a même confié à la famille de Roy Hamouche, lors de sa visite de condoléances, que « le Premier ministre, Saad Hariri, s'est montré compréhensif quant à la question de l'application de la peine de mort pour les crimes prémédités », en faveur de laquelle M. Machnouk s'était prononcé au lendemain du meurtre du jeune homme de 24 ans. Le ministre de l'Intérieur a ajouté que, dans une perspective de dissuader les criminels et d'éviter la répétition de telles tragédies, il en discutera dès cette semaine avec le président de la République Michel Aoun et le président du Parlement Nabih Berry, relevant que le rétablissement de la peine capitale « nécessite un accord politique ».
En réponse à une question sur la généralisation du port d'armes, M. Machnouk a affirmé que « lors des quatre derniers mois, deux tiers des permis ont été retirés », précisant que « le ministre de la Défense, Yaacoub Sarraf, est très strict sur ce point ».
Quant aux protestations de certaines ONG à l'égard de sa récente position en faveur de la peine capitale, le ministre de l'Intérieur a fait valoir que « le Liban a ses spécificités ».

Raï
Pour sa part, le patriarche maronite, Mgr Béchara Raï, a évoqué samedi « les crimes sauvages perpétrés par des assassins qui n'ont pas peur de Dieu, ne respectent pas la loi et méprisent la valeur de la vie humaine, notamment dans le cas du meurtre de Roy Hamouche », exhortant l'État à « leur appliquer les sanctions les plus sévères ».
Lors d'une messe célébrée en clôture d'une retraite spirituelle, Mgr Raï s'est ainsi demandé « jusqu'à quand les armes circuleront sans contrôle ? » en exhortant l'État à « faire respecter le commandement divin: tu ne tueras point ». « Le laxisme de l'État dans l'application de la justice et de la loi augmente le nombre des criminels et les pousse à encore plus de crimes », a martelé le patriarche maronite, estimant que « si les assassins continuent à se promener dans la nature, la loi de la jungle prévaudra et le pays perdra toute culture et toute civilisation ».

Des parents et proches des victimes tombées ces derniers temps sous les balles de fiers-à-bras qui sèment la mort sans état d'âme se sont rassemblés samedi pour crier leur colère et exhorter l'État à renforcer les mesures de lutte contre la criminalité. Les protestataires ont exprimé leur révolte lors d'un sit-in organisé, place des Martyrs, par une activiste de la société civile,...

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ET QU,EN EST-IL DU PORT D,ARMES AVEC AVENTURES GUERRIERES LA VRAIE PLAIE DU PAYS ?

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 43, le 12 juin 2017

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Commentaires (2)

  • ET QU,EN EST-IL DU PORT D,ARMES AVEC AVENTURES GUERRIERES LA VRAIE PLAIE DU PAYS ?

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 43, le 12 juin 2017

  • Tant qu'il y'aura des partis ayant leur propres milices et leur Saraya x et Saraya y sans compter les bandes armees sous leur protections pour l'amour de Dieu cessez de me parler de permis de port d'armes etc..etc..

    Sursock Georges

    13 h 19, le 12 juin 2017

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