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À La Une - Portrait

James Comey, l'enquêteur en chef déchu par Trump

Il a longtemps été encarté chez les républicains, mais avait été nommé par Barack Obama au poste de chef du FBI, et confirmé en 2013 par le Sénat pour un mandat de dix ans.

On le disait inamovible, protégé par ses réseaux et tous les secrets collectés par ses services d'investigation: James Comey, le puissant patron du FBI, a pourtant été brutalement débarqué mardi par Donald Trump. Photo d'archives REUTERS/Kevin Lamarque

On le disait inamovible, protégé par ses réseaux et tous les secrets collectés par ses services d'investigation: James Comey, le puissant patron du FBI, a pourtant été brutalement débarqué mardi par Donald Trump.

Officiellement, le grand flic --2 mètres sous la toise-- est limogé avec effet immédiat pour avoir fauté dans son enquête sur les emails d'Hillary Clinton. Mais M. Comey était aussi devenu bien gênant pour le pouvoir.

Cet ex-procureur fédéral et ancien vice-ministre de la Justice était en fait sur un siège éjectable, d'abord et surtout depuis qu'il est revenu au FBI d'examiner les soupçons brûlants d'ingérence russe dans le présidentielle de 2016.

D'abord l'affaire explosive des emails, puis celle encore plus sensible de la Russie, et enfin des accusations de Donald Trump selon lesquelles l'ancien président Barack Obama l'aurait placé sur écoute: James Comey, 56 ans, s'est retrouvé plongé au cœur de ces turbulences, avec la mission impossible de ne pas froisser la Maison Blanche.
Il s'est quand même permis de distribuer des cartons jaunes, parfois fracassants, par exemple en contredisant catégoriquement le président Trump sur les écoutes.
Il l'a fait sans se départir de son flegme permanent, en cherchant à projeter une image de fidèle serviteur du droit, lui qui est pourtant un renard de la politique.

Concentré, les sourcils froncés, le chef de la police fédérale excelle dans l'exercice des auditions sur la colline du Capitole. Ses mots, renforcés par la teneur officielle des enquêtes qu'il supervise, marquent.

 

 

Au cœur des tempêtes
Hillary Clinton l'a appris à ses dépens quand, dans une conférence de presse surprise en juillet 2016, M. Comey avait recommandé de ne pas poursuivre l'ex-secrétaire d'Etat au sujet de ses emails, tout en notant qu'elle avait fait preuve d'une "extrême négligence".

James Comey a, ce jour-là, crevé l'écran et semé des cailloux bien pointus dans les chaussures de l'ex-Première dame en campagne. Cette décision avait pourtant ulcéré les républicains qui rêvaient de l'inculpation de la candidate démocrate.

Dans un tweet la semaine dernière, M. Trump avait assuré que M. Comey était "la meilleure chose qui soit jamais arrivée à Hillary Clinton".

Quand, fin octobre, le patron du FBI avait relancé de façon retentissante l'affaire des emails, cette fois les républicains l'avaient toutefois applaudi, saluant à l'automne une intégrité dont ils doutaient à l'été.

C'est dire si James Comey était habitué à tenir la barre du navire FBI dans les tempêtes.
Il a longtemps été encarté chez les républicains, mais avait été nommé par M. Obama au poste de chef du FBI, et confirmé en 2013 par le Sénat pour un mandat de dix ans. Donald Trump lui avait demandé de rester en fonction, avant de brutalement revenir sur sa décision.

Un trait de caractère colle à la peau de James Comey: la ténacité. Mêlant fermeté et pédagogie, il a inlassablement croisé le fer avec la Silicon Valley, tentant de convaincre Apple de débloquer un smartphone utilisé par l'auteur d'un attentat en Californie. C'est finalement les experts du FBI qui ont trouvé la parade.

Sous Obama, le patron policier a souvent éclipsé sa responsable hiérarchique, la ministre de la Justice Loretta Lynch. Celle-ci n'avait ainsi fait qu'entériner les recommandations policières de ne pas inculper Mme Clinton.
Avec cette enquête sensible, M. Comey avait renforcé sa stature de franc-tireur, encaissant les attaques de tous bords pour émerger du guêpier.

Il faut dire que ce père de cinq enfants, au look toujours impeccable, a de la bouteille.

 

(Pour mémoire : Le chef du FBI se défend d'avoir influencé la présidentielle américaine)

 

Homme de réseaux
Depuis trois décennies James Comey navigue dans les hauts cercles politico-judiciaires, endurcissant une cuirasse grâce à laquelle il se permet parfois de fâcher les autorités judiciaires.
Il l'a fait par exemple en soutenant que les policiers étaient devenus réticents à s'impliquer dans leur tâche après l'avalanche de critiques qu'ils ont subies depuis la mort de Michael Brown, un Noir de 18 ans abattu en 2014 à Ferguson (Missouri).

Toute carrière de haut vol aux Etats-Unis suppose de solides relais à New York et M. Comey, natif de la ville, a eu le temps de s'en bâtir comme procureur fédéral de Manhattan.
En 2004, devenu Attorney general par intérim, M. Comey avait vu débarquer un conseiller du président George W. Bush dans l'hôpital où était soigné le ministre de la Justice de l'époque, John Ashcroft.
Le conseiller présidentiel, Alberto Gonzales, avait tenté de profiter de la faiblesse de M. Ashcroft pour lui faire parapher une mesure controversée autorisant des écoutes téléphoniques sans mandat judiciaire.
M. Comey avait ensuite relaté cet incident à des sénateurs sidérés, déclenchant une tourmente.

 

Pour mémoire

Hillary Clinton : "Je serais présidente" sans les piratages russes et le FBI

On le disait inamovible, protégé par ses réseaux et tous les secrets collectés par ses services d'investigation: James Comey, le puissant patron du FBI, a pourtant été brutalement débarqué mardi par Donald Trump.
Officiellement, le grand flic --2 mètres sous la toise-- est limogé avec effet immédiat pour avoir fauté dans son enquête sur les emails d'Hillary Clinton. Mais M. Comey...

commentaires (2)

On parle de la carrière de cet homme controversé comme ci elle était la raison derrière la décision de Trump de le destituer de manière aussi brutale, soudainement! Il faut se rappeler que Trump avait jubilé en Octobre dernier, lorsque Mr Comey avait dévoilé les milliers de e-mails de Hillary ayant peut-être contribué au déraillement de sa campagne et son échec.. Non, Mr Comey avait commencé à aller assez loin dans l'histoire de l'intervention russe dans les élections et la collusion de Trump et ses collaborateurs avec eux et voulait se débarrasser de lui avant que le scandale n'éclate... Rappelant, ce qu'avait fait Nixon en 1975 pour étouffer le Watergate. Il y a matière à destitution future dans l'air: fascinant à suivre.

Saliba Nouhad

14 h 17, le 10 mai 2017

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Commentaires (2)

  • On parle de la carrière de cet homme controversé comme ci elle était la raison derrière la décision de Trump de le destituer de manière aussi brutale, soudainement! Il faut se rappeler que Trump avait jubilé en Octobre dernier, lorsque Mr Comey avait dévoilé les milliers de e-mails de Hillary ayant peut-être contribué au déraillement de sa campagne et son échec.. Non, Mr Comey avait commencé à aller assez loin dans l'histoire de l'intervention russe dans les élections et la collusion de Trump et ses collaborateurs avec eux et voulait se débarrasser de lui avant que le scandale n'éclate... Rappelant, ce qu'avait fait Nixon en 1975 pour étouffer le Watergate. Il y a matière à destitution future dans l'air: fascinant à suivre.

    Saliba Nouhad

    14 h 17, le 10 mai 2017

  • JE NE CROIS PAS QU,IL SERA LUI LE PERDANT... CAR LES INVESTIGATIONS TRUMPO/RUSSOF CONTINUERONT... ON PARLE MEME QUELQUE PART DE PROBABLE DESTITUTION...

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 11, le 10 mai 2017

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