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Liban - Étude

Richesse ou menace ? La diversité religieuse vue par les médias

Si les résultats préliminaires d'une étude sur le sujet ne permettent pas encore d'aboutir à une conclusion globale, ils encouragent les médias à utiliser des terminologies qui n'incitent pas à la discorde.

À l’issue de la conférence-débat, les participants avec Ayman Mehanna et Patrice Paoli. Photo Anne-Marie el-Hage

En cette période de crise régionale aiguë, et alors que l'attention des bailleurs de fonds internationaux est exclusivement tournée vers la lutte contre le radicalisme et le terrorisme, la Fondation Samir Kassir, en partenariat avec l'ambassade de France, l'Agence française de coopération médias (CFI) et la Fondation Adyan, publie les résultats préliminaires d'une étude sur la couverture médiatique de la diversité au Liban. Lors d'une rencontre-débat à l'Institut français du Liban, rue de Damas, au lendemain de la Journée mondiale pour la liberté de la presse, l'ambassadeur Patrice Paoli, directeur du Centre de crise et de soutien au ministère français des Affaires étrangères et du Développement international, Ayman Mehanna, directeur du Centre Skeyes pour la liberté de la presse, et Nayla Tabbara, représentante d'Adyan, expliquent les objectifs du projet baptisé « Nassij ».

 

Les idées hégémoniques
Avec l'Irak et la Syrie, le Liban évolue dans l'une des régions les plus meurtrières du monde. Si les donateurs internationaux concentrent leurs efforts sur la lutte contre les idées radicales, les études montrent que les sociétés stables sont les mieux immunisées contre ces courants. Partant de cette constatation, Ayman Mehanna insiste sur l'importance du rôle des journalistes « dans la mise en exergue de la mauvaise gouvernance » ou dans « la lutte contre les propos suscitant la discorde », afin de « faire évoluer les sociétés vers la stabilité ». D'où l'idée d'encourager et de montrer « les liens tissés par les sociétés », de voir comment « ces nœuds positifs sont présents dans la société libanaise » mais aussi d'observer « comment les médias reflètent au quotidien la diversité religieuse dans l'ensemble de leurs pages ou sections », que ce soit d'une manière positive ou négative. Dans ce cadre, « nous cherchons à comprendre si certains médias véhiculent des idées hégémoniques », note M. Mehanna.

L'ancien ambassadeur de France met l'accent de son côté sur la nécessité pour ce projet d'aller au-delà du travail d'information. Autrement dit, « de promouvoir la liberté d'expression », de « soutenir le journalisme éthique » et de pousser « à la réflexion sur la diversité religieuse ». Sous le titre de soutien aux victimes de violences ethniques et religieuses, violences qui affligent certaines communautés en particulier, un fonds de 10 millions de dollars débloqués par la France « sert à alimenter cette réflexion au sein des médias », au Liban, en Syrie et en Irak, explique-t-il, précisant qu'au Liban, « ce fonds soutient des projets qui rassemblent le tissu social ».

Sur plus de 450 articles répertoriés par les enquêteurs d'Adyan dans la presse arabophone libanaise, médias télévisés compris, « la moitié considère la diversité religieuse comme une richesse, et l'autre moitié estime que cette diversité est une menace », explique Nayla Tabbara. Par ailleurs, « 9 % environ de ces articles font un usage erroné de la religion ou de la confession ». Ces conclusions préliminaires permettent de comprendre que la religion est parfois utilisée par certains médias pour alimenter la discorde ou pour diviser. « Plus le journaliste multiplie ses sources, moins le ton de l'article est menaçant », constate en revanche M. Mehanna. Il note à ce propos que « le projet vise à encourager les journalistes à respecter les règles fondamentales de la profession, afin de limiter les risques liés à la polarisation ». Mme Tabbara fait également part de la « tendance des médias à refléter le discours de la majorité, certains groupes religieux minoritaires n'étant par contre jamais mentionnés ».

Quoi qu'il en soit, les résultats préliminaires ne permettent pas encore d'aboutir à une conclusion globale. Mais tout au moins d'encourager les médias à utiliser des terminologies qui n'incitent pas à la discorde, mais rassemblent. L'étude sera suivie de rencontres avec des journalistes et de discussions franches avec des éditeurs et des directeurs de média sur les lignes éditoriales... À suivre donc.

 

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commentaires (2)

LA DIVERSITE RELIGIEUSE EST UNE RICHESSE CHEZ LES GENS QUI LA COMPRENNE ET L,APPRECIE... ELLE DEVIENT UNE MENACE AVEC LES ABRUTIS ALIBABISTES QUI L,EMPLOIENT POUR ASSEOIR LEUR CAVERNE INDEFINIMENT...

LA LIBRE EXPRESSION

13 h 04, le 05 mai 2017

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Commentaires (2)

  • LA DIVERSITE RELIGIEUSE EST UNE RICHESSE CHEZ LES GENS QUI LA COMPRENNE ET L,APPRECIE... ELLE DEVIENT UNE MENACE AVEC LES ABRUTIS ALIBABISTES QUI L,EMPLOIENT POUR ASSEOIR LEUR CAVERNE INDEFINIMENT...

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 04, le 05 mai 2017

  • Depuis la nuit des temps, disons pour faire simple 10 000 ans , les hommes ont toujours inventé pour leurs besoins spirituels, leurs dieux et des religions pour tenter de les gérer dans le temps et l'espace ....je remarque, naïvement en modeste terrien que 10 000 ans après... les religions depuis l'usure du temps , se font régulièrement la guerre pour exister ...alors que les dieux " EUX " sont paisibles et sereins ..... ;-)

    M.V.

    12 h 38, le 05 mai 2017

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