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Moyen Orient et Monde - Portrait

Marine Le Pen, ou l’extrême droite dédiabolisée

Marine Le Pen, candidate du Front national, le 17 octobre 2016. Joel Saget/AFP

« Je suis la candidate du peuple. » Ce dimanche 23 avril 2017, Marine Le Pen entre dans l'histoire. La native de Neuilly-sur-Seine a réussi un coup double: faire passer le Front national au second tour de l'élection présidentielle française pour la première fois depuis son père, Jean-Marie Le Pen, en 2002, mais surtout, sans secouer le pays. Avec un score de 21,3 %, elle arrive à la deuxième place derrière Emmanuel Macron. Et la possibilité de son accession à l'Élysée, si elle reste plutôt improbable, n'est plus un scénario totalement irréaliste, contrairement à 2002. Quinze ans plus tôt, des millions de Français sous le choc étaient descendus dans la rue à travers tout le pays pour manifester contre la qualification de son père pour le second tour de la présidentielle. Aujourd'hui, le contraste est saisissant: quelques centaines de personnes seulement ont manifesté ici et là à travers le pays au soir du premier tour, et la classe politique n'a pas vraiment dénoncé un « coup de tonnerre  » . La France a changé depuis, Marine Le Pen l'a compris et son travail de dédiabolisation du parti a fini, dans une certaine mesure, par payer.

 

(Lire aussi : L’insaisissable M. Macron)

 

Marine sans Le Pen
Avocate de formation, elle entre au FN en 1998 au service juridique. Parachutée dans la ville minière d'Hénin-Beaumont, dans le Nord-Pas de Calais, en 2007, sur les conseils de son fidèle bras droit, Steeve Briois, elle effectue d'abord des mandats locaux avant de grimper les échelons. En 2004, celle qui prône aujourd'hui la renégociation des traités européens, voire un « Frexit » (sortie de la France de l'Union européenne), devient députée européenne, avant de succéder à son père en 2011 à la tête du parti, face à Bruno Gollnisch.
Tout au long de la campagne présidentielle de 2017, l'héritière de Jean-Marie Le Pen aura réussi à chambouler le discours du FN, en apparence. Aujourd'hui, on est bien loin de la flamme bleu-blanc-rouge, logo du parti. Le cru 2017 laisse la place à « Marine présidente », souligné d'une rose bleue. Celle qui a jeté son père hors du parti et a cherché à s'en distancier à tout prix déclare en janvier à Paris Match : « Entre mon père et mon parti, j'ai choisi mon parti. »

Délestée de son lourd patronyme, se revendiquant antisystème, la grande blonde aux yeux bleus de 48 ans adoucit son image et celle du parti par la même occasion. Contrairement à la course à la présidentielle de 2012, elle choisit de mettre les thèmes phares de l'extrême droite en léger retrait : les questions d'identité et de laïcité sont reléguées à la deuxième place. Avec l'aide de son équipe et notamment du vice-président du parti, Florian Philippot, Marine tente de dé-radicaliser son discours en le diversifiant. L'économie, la mondialisation, la dénonciation du « système » : voici ses nouvelles cibles principales. Et sa stratégie fonctionne. Lors de son discours au soir du premier tour de la présidentielle, elle ne manque pas de les rappeler. « Le grand enjeu de cette élection est la mondialisation sauvage, qui met en danger notre civilisation », lance-t-elle, soulignant que l'essentiel est « la survie de la France ».

 

(Lire aussi : Jean-François Jalkh, d’origine libanaise, président par intérim du FN)

 

Maquillage et discours politique
Nommée parmi les 100 personnes les plus influentes du monde par le magazine Time en 2011 et 2015, Marine Le Pen intrigue, attire et, surtout, rassemble plus de sept millions de Français en ce 23 avril. Cependant, malgré son discours politique maquillé, l'héritière s'aligne bel et bien dans les sillons idéologiques (et xénophobes) du patriarche sur le thème fondamental du parti : l'immigration. Fermeture des frontières, suspension des accords de Schengen, limitation drastique des quotas d'accueil d'immigrés, tant de mesures que l'on trouve dans le programme de 2017.

« Les réfugiés, on les renvoie chez eux », affirme-t-elle en octobre lors d'une interview accordée à RFI et France24. Elle ne tient pas de propos antisémites, contrairement à son père, mais vise en revanche la communauté musulmane. En 2015, elle est convoquée devant le juge pour avoir tenu des propos cinq ans plus tôt comparant les prières des musulmans sur la voie publique à l'occupation nazie, avant d'être relaxée. « Jean-Marie Le Pen était antisémite, Marine Le Pen est islamophobe : il n'y a pas rupture mais continuum. C'est le changement dans la continuité », écrit Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales stratégiques (IRIS), dans La Croix en 2010.

Cependant, bien que les sondages lui accordaient pendant plusieurs semaines près de 25 % des voix, le score obtenu au final par la candidate d'extrême droite est en-deçà des espérances du parti. Plusieurs raisons peuvent l'expliquer : la peur de sa rhétorique sur une possible sortie de l'UE ou encore l'éloignement des sujets fondamentaux du parti. À l'approche du second tour, elle pourrait décider d'y revenir plus clairement, et notamment lors du meeting demain à Nice, ville où le FN a obtenu un score bien au-dessus de sa moyenne nationale (25,28 %).

 

 

 

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commentaires (4)

"Je suis le candidat du peuple.... Äzîîîm ! BoSSfééér a réussi son Petit coup : Être désigné comme (président?) par une (Chambre Fantôme!) sans Nul besoin d’un 8 Mai bis. En 05, au moins un million de Libanais sous le choc seraient descendus dans la rue à travers tout le pays pour manifester contre cette désignation ! Malheureusement, aujourd'hui, quelques centaines de personnes seulement ont manifesté ici et là à travers le pays, et la (classe?) politique s'est aplatie. Délestant son passé équivoque et se revendiquant antisystème, lui(!), le Caporal (adoucit) son langage. Il a donc choisi de mettre ses thèmes phares en léger retrait : les questions d'identité et de laïcité sont reléguées à la deuxième place. Le bigaradier tente par-là de dé-radicaliser son discours. L'économie, la mondialisation, la dénonciation du « système » : voici ses nouvelles cibles ! Mais il ne peut s'empêcher d'encore rappeler la (fameuse) mise en danger de la (civilisation) chrétienne orientale, et souligner que l'essentiel est (la survie!) de ce Liban-là…. (Chrétien)." !

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

14 h 53, le 26 avril 2017

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Commentaires (4)

  • "Je suis le candidat du peuple.... Äzîîîm ! BoSSfééér a réussi son Petit coup : Être désigné comme (président?) par une (Chambre Fantôme!) sans Nul besoin d’un 8 Mai bis. En 05, au moins un million de Libanais sous le choc seraient descendus dans la rue à travers tout le pays pour manifester contre cette désignation ! Malheureusement, aujourd'hui, quelques centaines de personnes seulement ont manifesté ici et là à travers le pays, et la (classe?) politique s'est aplatie. Délestant son passé équivoque et se revendiquant antisystème, lui(!), le Caporal (adoucit) son langage. Il a donc choisi de mettre ses thèmes phares en léger retrait : les questions d'identité et de laïcité sont reléguées à la deuxième place. Le bigaradier tente par-là de dé-radicaliser son discours. L'économie, la mondialisation, la dénonciation du « système » : voici ses nouvelles cibles ! Mais il ne peut s'empêcher d'encore rappeler la (fameuse) mise en danger de la (civilisation) chrétienne orientale, et souligner que l'essentiel est (la survie!) de ce Liban-là…. (Chrétien)." !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 53, le 26 avril 2017

  • L,ABRUTISSEMENT GENERAL SUIT LES SONS DES SIRENES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 24, le 26 avril 2017

  • Le titre est incorrect: Marine le Pen n'est pas du tout "dédiabolisée". La preuve en est que les hommes politiques de droite, Fillon en tête, osent se rallier à leur ennemi, le candidat de gauche Macron pour "faire barrage au FN". Comme si Marine le Pen représentait pour la France un plus grand danger que Emmanuel Hollande.

    Yves Prevost

    07 h 08, le 26 avril 2017

  • Il n'y a qu'en France où quand un français dit je suis fier d'être français il est taxé de xénophobe.

    FRIK-A-FRAK

    06 h 56, le 26 avril 2017

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