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Moyen Orient et Monde - Diplomatie

Poutine reçoit Rohani : une rencontre et de vrais enjeux

Les dirigeants russe et iranien ont affiché hier à Moscou leur entente sur de nombreux dossiers, notamment la Syrie.

Le président russe Vladimir Poutine (à gauche) et son homologue iranien Hassan Rouhani, lors de leur rencontre hier au Kremlin. Sergei Karpukhin/Pool/AFP

Pour la première fois depuis son accession en 2013 à la présidence iranienne, Hassan Rohani est à Moscou. Plusieurs rencontres, dans le cadre de sommets, ont certes réuni le président iranien et son homologue russe Vladimir Poutine ces dernières années, mais elles ne furent jamais bilatérales.

Les deux chefs d'État en ont donc profité hier pour se présenter en alliés solides, alors que certains hommes politiques syriens et experts russes faisaient état d'une rivalité accrue entre Moscou et Téhéran sur le dossier syrien.
« Nous pouvons constater avec certitude que les relations entre la Russie et l'Iran sont vraiment amicales et respectueuses », a déclaré M. Poutine à l'issue d'environ trois heures de pourparlers au Kremlin. « Nos États aspirent à faire tout leur possible pour renforcer les liens multiformes et mutuellement avantageux et ont pour objectif de donner un nouvel élan de partenariat stratégique à la coopération bilatérale », a-t-il souligné. Toujours pour le président russe, Téhéran constitue un « bon voisin et un partenaire fiable et stable de la Russie », d'où un consensus avec son homologue pour approfondir la coopération dans différents domaines, « avant tout dans le domaine économique ».

Les deux pays, dont les échanges commerciaux ont augmenté de plus de 70 % en 2016, ont ainsi signé une quinzaine d'accords et de protocoles d'accord portant notamment sur l'électrification des chemins de fer dans le nord de l'Iran et le renforcement de la coopération dans le domaine énergétique. « Nous sommes tous deux producteurs de pétrole et de gaz, mais en lieu et place des compétitions malsaines, nous pouvons avoir des relations très constructives », avait rappelé lundi à la presse M. Rohani, peu avant son départ pour Moscou, précisant notamment qu'il y avait « plusieurs domaines pour les investissements russes en Iran dans les secteurs pétrolier et gazier ». La Russie, qui a construit une centrale nucléaire à Bouchehr, dans le sud de l'Iran, doit également construire neuf autres réacteurs dans ce pays dans les années à venir.
Les échanges sont aussi culturels, souligne Milad Jokar, spécialiste de l'Iran, chercheur associé à l'Institut de prospective et sécurité en Europe (IPSE) et enseignant de géopolitique du Moyen-Orient à l'École de management de Normandie. « Il y a un échange d'étudiants entre les deux pays et ils n'ont désormais plus besoin de visas pour voyager », souligne-t-il.

Le long terme est clairement l'objectif des deux dirigeants, qui ont également insisté sur leur détermination à lutter contre le terrorisme. Ils ont évoqué notamment la Syrie où la Russie et l'Iran interviennent militairement contre les groupes jihadistes et en soutien aux forces du régime du président syrien Bachar el-Assad. « Heureusement, nos gouvernements ont lancé une coopération efficace pour surmonter la crise de la terreur et détruire les terroristes en Syrie », a déclaré M. Rohani. Pour Milad Jokar, cette rencontre sert visiblement aux deux présidents à faire bloc face aux bouleversements causés par l'arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, alors que les États-Unis sont très présents militairement dans le golfe Arabo-Persique, mais également à ceux qui désirent le départ de Bachar el-Assad. « Pour Téhéran, il est crucial que le président alaouite ne soit pas remplacé par un gouvernement hostile à l'Iran, comme ce fut le cas lorsque Saddam Hussein était à la tête de l'Irak. La guerre Iran-Irak est un traumatisme dans la mémoire collective iranienne, et la priorité pour la sécurité nationale des Iraniens est de maintenir des alliances dans la région », avance le chercheur.

 

(Lire aussi : L'ONU appelle les puissances étrangères à rétablir la trêve en Syrie)

 

 

Divergences tripartites
Tous deux alliés de Damas, la Russie et l'Iran ont été avec la Turquie, soutien des rebelles, parrains des négociations entre le régime syrien et les rebelles au Kazakhstan en janvier dernier. Mais d'après des hommes politiques syriens et des experts russes, la rivalité entre Moscou et Téhéran en Syrie devient de plus en plus palpable. L'Iran chiite se targue d'être intervenu dès le début de la guerre, en mars 2011, mais c'est la Russie, intervenue à partir du 30 septembre 2015, qui a réussi à renverser la donne aux dépens des rebelles. Et il y a quelque trois semaines, l'ancien porte-parole de l'ex-président iranien Mohammed Khatami, Abdollah Ramezanzadeh, a ouvertement critiqué les Russes, estimant qu'ils ne sont pas dignes de confiance et peuvent à tout moment « vous poignarder dans le dos », ne cherchant que leurs « intérêts économiques ».

Selon plusieurs observateurs iraniens, cet avis est partagé par de nombreux proches de Hassan Rohani.
Téhéran et Moscou ont en outre des divergences sur le rôle de la Turquie : Moscou considère que la victoire en Syrie passe par un compromis avec Ankara, alors que Téhéran refuse cette approche. Les relations entre la Turquie et l'Iran ne sont pas des plus paisibles. Les deux pays s'opposent sur une multitude de dossiers, la Syrie en tête. Ankara accuse aussi Téhéran de vouloir lui « envoyer » plus de 3 millions de réfugiés, afghans notamment, ou en tout cas de faciliter leur passage par l'Iran vers la Turquie. La République islamique a de son côté accusé la Turquie d'« ingérence » dans ses affaires internes.

Mais les relations de la Turquie sont aussi tendues avec la Russie. Celle-ci apporte un soutien militaire aux Kurdes. Mais elle a également annoncé il y a une dizaine de jours avoir envoyé des effectifs dans le Nord syrien, plus précisément à Afrine – tenue par l'YPG kurde, qualifié de « groupe terroriste » par Ankara –, et ce pour mieux surveiller le cessez-le-feu en vigueur en Syrie.

Dans ce contexte, le timing de la rencontre entre Hassan Rohani et Vladimir Poutine n'est certainement pas anodin. Elle survient à moins de deux mois de la présidentielle iranienne, qui pourrait bien voir son orientation géopolitique changer de cap, si elle ne se fait pas « en continuité de celle de Rohani », estime M. Jokar, lequel suppose que l'économie dite « de résistance » (autodétermination économique) pourrait faire son retour en Iran.

 

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Pour la première fois depuis son accession en 2013 à la présidence iranienne, Hassan Rohani est à Moscou. Plusieurs rencontres, dans le cadre de sommets, ont certes réuni le président iranien et son homologue russe Vladimir Poutine ces dernières années, mais elles ne furent jamais bilatérales.
Les deux chefs d'État en ont donc profité hier pour se présenter en alliés solides, alors...

commentaires (2)

DEUX POINTS DE VUE COMMERCIAUX POSITIFS... HUIT POLITICO-MILITAIRES EN SYRIE NEGATIFS... LA CONNIVENCE MASTODONTO/OURSIENNE POUR CE PAYS A L,HONNEUR ET LES PARACHUTES PREPARES... LES EJECTIONS MOUMANA3ISTES SE RAPPROCHENT A GRANDS PAS !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 54, le 29 mars 2017

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Commentaires (2)

  • DEUX POINTS DE VUE COMMERCIAUX POSITIFS... HUIT POLITICO-MILITAIRES EN SYRIE NEGATIFS... LA CONNIVENCE MASTODONTO/OURSIENNE POUR CE PAYS A L,HONNEUR ET LES PARACHUTES PREPARES... LES EJECTIONS MOUMANA3ISTES SE RAPPROCHENT A GRANDS PAS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 54, le 29 mars 2017

  • hehe attendez et on verra .. on sait deja de par les medias honnêtes et concequents envers eux meme que le courant ne passe pas entre la russie et l'iran meme s'ils veulent médiatiquement montrer le contraire a des fins politique international

    Bery tus

    04 h 12, le 29 mars 2017

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