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Liban - Société

Abolir le mariage des enfants au Liban : le débat est lancé

Après le « non » de Hassan Nasrallah, un député FL s'apprête à présenter une nouvelle proposition prohibant les mariages précoces.

Parmi les intervenants, de face, Nabil Nicolas, Philippe Lazzarini, Jean Oghassabian, Fatmé Fakhreddine, Gilberte Zouein et Élie Keyrouz. Photo Anne-Marie el-Hage

Assistera-t-on bientôt à l'abolition des mariages d'enfants au Liban ? La question se pose avec acuité à l'heure où le mariage des mineures prend de l'ampleur, principalement au sein des communautés réfugiées de Syrie, syriennes et palestiniennes, et persiste parmi la population libanaise. Rien n'est moins sûr, en revanche, que d'assister à un chambardement sur cette question encore taboue, vu la grande réticence du pays du Cèdre à rejoindre les objectifs de développement durable fixés pour 2017 par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), pour l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes et des filles. Et pour cause, les affaires liées au statut personnel sont du ressort des communautés religieuses et de leurs lois discriminatoires à l'égard des femmes. Ce qui est sûr par contre, c'est que le débat sur les mariages précoces est désormais lancé, non seulement à l'échelle nationale, mais au sein des communautés religieuses.

Des débats animés
Dans cet état des lieux, le Parlement et le PNUD ont organisé hier un atelier de travail sur l'« Abolition des mariages d'enfants au Liban ». Réunis dans la bibliothèque du Parlement, parlementaires d'un côté, société civile de l'autre, ont échangé leurs réflexions et propositions, pour mettre un terme aux mariages précoces. Des échanges houleux par moments, les participantes de la société civile, représentées par KAFA et le Regroupement démocratique des femmes libanaises (RDFL) notamment, faisant part d'une certaine impatience, face aux exceptions accordées par les communautés pour autoriser les mariages d'enfants.

Présentant les conséquences néfastes de telles unions pour la fillette, elles réclament ferme que l'âge légal du mariage soit fixé à 18 ans révolus et que soient donc modifiées les lois sur le statut personnel. Modéré par le député Nabil Nicolas et par la responsable du projet conjoint entre le Parlement et le PNUD, Fatmé Fakhreddine, le débat a vu la participation du ministre d'État aux Droits de la femme, Jean Oghassabian. Ce dernier insiste sur la nécessité de traiter le mariage des mineures « comme une affaire humaine et non seulement légale », et fait l'apologie de la femme, comme « partenaire de l'homme » au sein du couple, de la famille, de la société et de la classe politique.

Seule ombre au tableau, le refus du Hezbollah, représenté par les députés Nawaf Moussawi et Bilal Farhat, de débattre de cette « question culturelle ». Faut-il rappeler que le secrétaire général du parti chiite, Hassan Nasrallah, s'était prononcé avec véhémence sur la question, le 18 mars dernier, accusant les détracteurs du mariage précoce de « servir Satan » ?

 

(Pour mémoire : Une proposition ambitieuse contre le mariage précoce)

 

Quoi qu'il en soit, le Liban est lié à ses engagements internationaux dans le respect des droits de l'enfant et de la femme. Il se doit donc, avec l'aide des Nations unies, de faire montre de bonne volonté, d'autant que les chiffres sont alarmants. « Selon une étude de l'Unicef publiée en 2016, le mariage des enfants (avant l'âge de 18 ans révolus) affecte aussi bien les filles libanaises que les petites réfugiées syriennes ou palestiniennes », lance Philippe Lazzarini, coordonnateur spécial adjoint de l'ONU pour le Liban.

« Le plus haut pourcentage de filles mariées entre 15 et 19 ans se situe au sein des réfugiés syriens, il est de 27 % ; vient ensuite la population palestinienne de Syrie, avec 13 % ; enfin au sein de la population libanaise et des réfugiés palestiniens du Liban, le taux de mariage précoce est de 4 %. » Le coordonnateur résident tient à préciser qu'au Liban-Nord (Tripoli et Akkar) et à Baalbeck, les taux de mariage précoce dépassent de loin la moyenne nationale, pour atteindre 8 à 10 %. Dénonçant l'absence d'un mécanisme national pour mettre fin à cette réalité, le représentant onusien insiste sur le lien entre le faible taux d'éducation des mères et le mariage des filles.

Le Liban à la traîne face aux pays arabes
Réunie le 23 février dernier, la Commission parlementaire de la femme et de l'enfant avait déjà étudié la possibilité d'élever l'âge légal du mariage, qui varie selon les communautés religieuses. La présidente de cette commission, Gilberte Zouein, rappelle à cet effet « qu'une sous-commission est aujourd'hui chargée d'étudier la question avec les différentes instances religieuses ». Et insiste sur les « avancées réalisées par nombre de pays arabes dont l'Égypte, la Palestine et la Tunisie », pour fixer l'âge légal du mariage à 18 ans révolus, sans exception. Le Liban, lui, fait figure de mauvais élève.

L'initiative risque de prendre du temps. Dans l'attente, le député Ghassan Moukheiber rappelle avoir présenté en 2014 une proposition de loi « visant à réglementer le mariage des mineures ». « Une proposition réaliste, qui protège les mineures, par le biais du juge des mineurs, tout en tenant compte des lois communautaires », assure-t-il. « Elle constitue la seule alternative actuelle, la modification des lois communautaires n'étant pas imminente. »

Sauf que son collègue des Forces libanaises, Élie Keyrouz, promet de soumettre au Parlement, pas plus tard que lundi prochain, une nouvelle proposition de loi de « protection des enfants des mariages précoces ». Présentée par le juge John Azzi, fervent défenseur des droits de la femme, et par RDFL, cette proposition fixe l'âge légal du mariage à 18 ans révolus, sans exception. Une mesure qui ne manquera pas de relancer le débat.

 

 

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commentaires (18)

Et si on demandait l'avis.... De Dutroux ?!

ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

15 h 21, le 27 mars 2017

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Commentaires (18)

  • Et si on demandait l'avis.... De Dutroux ?!

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    15 h 21, le 27 mars 2017

  • LE DEBAT EST LANCE... ET LES BARBUS DE MEME !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 22, le 27 mars 2017

  • Donc, selon vous, Messrs. Hassan Nasrallah, Nawaf Moussawi et Bilal Farhat, une fillette mineure qui est aussi une créature de DIEU, est juste une "chose en chair" sans coeur ni sensibilité, sans intelligence, une chose dont on peut "disposer...selon votre culture" ? Cela, dans les sociétés civilisées, religieuses ou laïques dans lesquelles l'être humain a une valeur est considéré comme un viol et de la pédophilie. Même si ses parents et "autorités religieuses", comme dans notre pays, sont consentantes pour mille autres raisons que le bonheur ou l'intégrité physique de la fillette mineure. Vous qui invoquez au début de tous vos discours DIEU LE MISERICORDIEUX...êtes vous certains que ce DIEU accepte les souffrances physiques et psychologiques que vous laissez infliger à ces fillettes mineures ? Irène Saïd

    Irene Said

    11 h 02, le 26 mars 2017

  • Satan doit bien se frotter les mains de contentement...avec de tels serviteurs en turban noir,il se prépare à les accueillir bientôt ! Irène Saïd

    Irene Said

    10 h 30, le 25 mars 2017

  • Voile-t-on les filles à partir de l'âge où elles ont "les Règles!", ou bien les Voile-t-on avant cet âge-là aussi ?

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 30, le 25 mars 2017

  • "Sauf qu’Élie Kayroûz des Öûééétes, promet de soumettre une nouvelle proposition de loi ; présentée par le juge John Azzi, fervent défenseur des droits de la femme, et par RDFL ; pour la protection des enfants des mariages précoces qui fixe l'âge légal du mariage à 18 ans révolus, sans Aucune exception.". Enfin quelque chose de Clair, Net et Précis !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 27, le 25 mars 2017

  • "Ghésséééne M'khâïbîr, simili-äâoûniste, rappelle avoir présenté une proposition de loi « réaliste(!) visant à réglementer le mariage des mineures qui les protège(!) tout en tenant compte des lois communautaires ! Assurant qu'elle constitue la seule alternative actuelle, la modification des lois communautaires n'étant pas imminente. » !" Léééh "cette modification ne serait-elle pas imminennnte", ëésstéééz M’khâïbîr ?!

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    08 h 24, le 25 mars 2017

  • Il y a des thuriféraires de HN qui se font tout petits, voire inexistants lorsque le sujet le met en "délicatesse" avec l’éthique et la morale.

    Christine KHALIL

    21 h 07, le 24 mars 2017

  • Personnellement je ne pense pas que prendre conscience de soit et de ses actions est tributaire de l'age, ainsi une gamine de 15-16ans peut etre bien plus consciente qu'une femme de 22ans, cela-dit, je ne comprend pas sayyed Nasrallah sur ce point, ni le Coran d'ailleurs... ca me parait trop bizarre cette vision des choses, j'essaye de comprendre, je trouve des raisons et les effets benetiques du mariage precoce, mais en fin de compte non, tout simplement non, un tel phenomene doit être éradiqué. Sayyed Nasrallah peut donner son avis, et ses députés exercer leurs droits legaux, mais il faut que la loi passe sans embrouille

    Chady

    21 h 02, le 24 mars 2017

  • "Seule ombre au tableau, le refus de l’haSSine qui s'était prononcé avec véhémence sur la question, accusant même les détracteurs du mariage précoce.... de « servir Satan »." !!! Yîhhh ! Même Äboû Kassîm du CCI n'avait pas été aussi loin, lui qui s'était contenté de "rouspéter" juste.... contre les SORCIÈRES qui serviraient, parait-il, Satan elles aussi !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    17 h 52, le 24 mars 2017

  • Le prophète a épousé Aïcha lorsqu'elle avait 9 ans mais il a fait preuve de patience et il ne l'a honorée qu'après qu'elle ait eue ses premières règles.

    Abichaker Toufic

    17 h 46, le 24 mars 2017

  • "Après le « non » de Hassan Nasrallah etc." ! Läâmâhhh ! Léééh ? L'haSSine "aimerait-il!" les "Gamines!" ?! Yîhhh !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    17 h 10, le 24 mars 2017

  • Si les chefs des communautés religieuses s'occupaient uniquement du Bon Dieu, ce serait le super pied. C'est alors que le pays pourrait commencer à évoluer sainement.

    Remy Martin

    15 h 27, le 24 mars 2017

  • QUESTION CULTURELLE OU CULTURE DE BATATA SONT LES FEMMES POUR VOUS GENS DE L,OBSCURANTISME INNE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    15 h 10, le 24 mars 2017

  • SEULS CERTAINS ONT DIT NON ! ET ON SE DEMANDE QUELLE FACE DE LA MEME MONNAIE EST LE PLUS PLONGEE DANS L,OBSCURANTISME...

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 28, le 24 mars 2017

  • ON SERT SATAN QUAND ON MARIE LES JEUNES ENFANTS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 58, le 24 mars 2017

  • Si l'âge de 18 ans est nécessaire pour être considéré responsable de ses actes, à plus forte raison quand il s'agit de choisir un conjoint pour la vie!On voit mal où il peut y avoir matière à débat. Ceux qui "accusent les détracteurs du mariage précoce de « servir Satan »" ne devraient-ils pas, être eux-mêmes accusés d'encouragement à la pédophilie?

    Yves Prevost

    07 h 15, le 24 mars 2017

  • Hassan Nasrallah, s'était prononcé avec véhémence sur la question, le 18 mars dernier, accusant les détracteurs du mariage précoce de « servir Satan » ? J'avoue ne pas comprendre ?!?!

    Bery tus

    06 h 29, le 24 mars 2017

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