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Salim Azzam

Génération Orient II : #5 Salim Azzam, storyteller, 26 ans

Salim Azzam.

Tous les week-ends, qu'il pleuve ou qu'il vente, Salim Azzam prend la route du Chouf pour rejoindre son village, Bater, et ses habitants qu'il aime tant. Une heure trente de trajet pour se replonger dans cette vie simple de cultivateur au gré des saisons qu'il a menée, enfant, auprès de sa mère au long voile blanc, Najwa, et de ses frère et sœurs. C'est de cet univers rural et chaleureux que ce jeune homme aux faux airs de Harry Potter oriental avec ses lunettes rondes est parti, un jour, à l'assaut de la ville. Et de sa vie.

Beyrouth, d'abord, « où j'ai débarqué en véritable doueik pour entamer mes études de design graphique à l'UL », s'autoraille-t-il avec le recul. Puis Edmonton au Canada, où il s'envole pour décrocher son Master à l'Université d'Alberta. C'est là qu'il a été initié au design à portée sociale. Et qu'il a découvert un graphisme ne se bornant pas à la promotion des marques et des produits commerciaux, mais pouvant aussi véhiculer des valeurs et des responsabilités.

Cet enseignement correspond totalement à l'envie profonde de Salim Azzam de donner sens à son talent, quasi inné, de dessinateur. Il le met en pratique dès son projet de fin d'études. Il y développe des illustrations narratives autour des habitants de Bater. « C'était un moyen de leur rendre hommage en diffusant leur profonde intelligence des cycles de la nature et de la vie », raconte-t-il. À cet effet, il rentre au pays et s'immerge près de six mois dans sa communauté. Cela lui a permis de retisser des liens avec ses voisins, les membres de sa famille, les vieux du village auprès desquels il passait des heures, les écoutant, tendrement, égrener leurs souvenirs... Ce retour aux sources sera un tournant décisif dans son parcours professionnel. Car plutôt que de choisir le confort d'un emploi et d'une vie stables au Canada, il décide, une fois son diplôme décroché et ses stages terminés, de regagner le Liban, réalisant qu'il pouvait mettre ses compétences au service de son environnement et de ses compatriotes.

Bucolique et libanais

À Beyrouth, un bref passage par une agence de publicité conforte sa préférence pour un « design graphique engagé ». D'autant que c'est l'intérêt de ses collègues de bureau pour ses petites histoires de vie au village qui va lui donner l'idée de les diffuser, illustrations à l'appui, via un fil Instagram, à une plus large audience. À peine lancé, son compte est suivi par des milliers de followers. Le succès est tel que le graphiste s'installe en free-lance pour consacrer plus de temps à l'alimenter en dessins, textes et photos qu'il puise de ses week-ends à la montagne. Les récoltes de la saison, les ingrédients de la mouné, le travail du crochet des brodeuses à domicile... Grâce à ses posts, ses 7 763 followers (jusque-là) renouent avec le patrimoine et le terroir libanais.

À partir de là, tout s'enchaîne très rapidement. Découvert par le patron de Souk el-Tayeb, Kamal Mouzawak, qui lui organise une première exposition de ses illustrations à Tawlet, son travail capte aussi l'attention du couturier Rabih Kayrouz. Enthousiasmé par son coup de crayon autant que par ses idées, ce dernier le somme de se joindre « illico » à la sélection 2014 de Starch, la Fondation pour la promotion des jeunes créateurs libanais dont il est le cofondateur*. « Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour réfléchir. J'ai alors proposé de faire broder mes illustrations sur des chemises par les femmes du village », raconte-t-il.

Sa collection fait un tabac. On lui en réclame une seconde, qu'il élargira cette fois à des robes, jupes et tops d'inspiration fifties revisitée d'un souffle « bucolique libanais » et contemporain. Et c'est toujours dans cette même veine « mixant tradition et modernité » qu'il a présenté, ce 5 mars, sa troisième collection, baptisée Safar, à Paris. « Je ne me considère pas pour autant styliste, tient-il à signaler. Je me sens juste béni. Je fais un travail que j'aime, dans lequel je donne libre cours à ma créativité tout en agissant sur le territoire patrimonial et social. »

 

Tous les week-ends, qu'il pleuve ou qu'il vente, Salim Azzam prend la route du Chouf pour rejoindre son village, Bater, et ses habitants qu'il aime tant. Une heure trente de trajet pour se replonger dans cette vie simple de cultivateur au gré des saisons qu'il a menée, enfant, auprès de sa mère au long voile blanc, Najwa, et de ses frère et sœurs. C'est de cet univers rural et chaleureux...

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