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Moyen Orient et Monde - Droits LGBTQ

La « guerre des toilettes » mise en suspens aux États-Unis

Trump président adopte une rhétorique bien différente du Trump candidat.

Des activistes transgenres et des manifestants protestent contre l’annulation de la circulaire, près de la Maison-Blanche à Washington D.C., le 22 février 2017. Jonathan Ernst/Reuters

Un mois après son investiture, Donald Trump a ravivé une controverse déclenchée déjà l'année dernière. Le 22 février, son gouvernement a mis fin à une circulaire fédérale permettant aux transsexuels d'aller dans les toilettes et les vestiaires de leur choix dans les lieux d'enseignement public.

Désormais, les États ont le pouvoir d'interpréter la loi fédérale antidiscrimination et pourront prendre les mesures qu'ils jugeront appropriées pour les transgenres. Le dispositif de protection fédéral avait été promulgué sous Barack Obama en mai 2016, provoquant un tollé du côté républicain. Cette mesure contrait directement une décision prise par la Caroline du Nord réduisant les droits des transgenres.

Par conséquent, beaucoup d'espoirs avaient été placés dans l'audience de la Cour suprême qui devait avoir lieu le 28 mars du côté des associations LGBTQ (lesbian, gay, bisexual, transgender, and queer) pour mettre fin à la « bataille des toilettes ». La Cour suprême devait juger l'affaire opposant Gavin Grimm à son lycée à Gloucester dans l'État de Virginie à la fin du mois. Le jeune garçon transgenre âgé de 17 ans s'était vu refuser l'accès aux toilettes pour hommes en 2014 suite à un changement de politique au sein de l'école. Pourtant, la Cour a décidé lundi dernier de renvoyer l'affaire en appel sans examen, suite à l'annulation des directives du gouvernement Obama. La circulaire en question avait servi de base légale pour la Cour d'appel fédérale de Richmond en Virginie lors du jugement rendu en faveur de Gavin Grimm le 19 avril 2016.

« Le renvoi en appel de la Cour est très décevant, ils (les juges) auraient dû saisir cette opportunité pour clarifier une bonne fois pour toutes que les étudiants transgenres sont protégés par les lois antidiscriminations, observe Maria Sjodin, directrice exécutive adjointe au sein de l'ONG OutRight Action International, interrogée par L'Orient-Le Jour. Cela va enhardir ceux qui veulent user de discrimination à l'égard des personnes transsexuelles, et les jeunes en particulier. »

Pourtant, il se pourrait que l'affaire revienne sur les bureaux des juges si l'une des parties fait appel de la décision qui sera rendue à nouveau à Richmond. Les sages sont actuellement divisés avec quatre juges libéraux contre quatre conservateurs. Le neuvième juge républicain Neil Gorsuch, nommé par Donald Trump, n'a pas encore été confirmé par le Sénat. Par conséquent, l'arrivée de M. Gorsuch à la Cour suprême renverserait le rapport de forces. Cela pourrait alors faire pencher la balance en défaveur de Gavin Grimm et des transgenres américains si la Cour devait tout de même juger l'affaire.

 

(Lire aussi : Pour en finir avec la marginalisation de la communauté LGBT...)

 

Trump cède aux ultraconservateurs
Le milliardaire, alors candidat à la présidentielle, s'était positionné en faveur de la décision de M. Obama suite à la circulaire antidiscrimination de 2016. Ce dernier avait noté que les transgenres devraient pouvoir utiliser les toilettes qu'ils considèrent conformes à leur identité de genre. Grande première du côté républicain, ses propos à l'égard de la communauté LGBT lui avaient permis de rallier autour de lui plusieurs célébrités gays et transgenres telles que Peter Thiel, le fondateur de Paypal. « En tant que votre président, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour protéger nos citoyens LGBTQ de la violence et de l'oppression d'une idéologie étrangère haineuse », avait déclaré M. Trump lors de la Convention nationale des républicains le 21 juillet 2016 à Cleveland. Cette intervention faisait suite à la tuerie dans un club gay d'Orlando en Floride qui s'était déroulée un mois plus tôt.

Désormais, le président Trump adopte une rhétorique bien différente sur les droits des membres de la communauté LGBTQ. « M. Trump cède aux voix des chrétiens ultraconservateurs du côté républicain même si cette décision ne correspond pas aux propos qu'il avait tenus durant la campagne », explique Nicole Bacharan, politologue et spécialiste de la société américaine. L'annulation de la circulaire du gouvernement Obama a donné lieu à de nombreuses réactions et manifestations du côté des organisations luttant pour les droits des personnes LGBTQ. « Cette mesure est une attaque symbolique à l'égard des personnes transgenres », souligne Maria Sjodin.

Les inquiétudes des organisations de lutte pour les droits des personnes LGBTQ ne sont pas près de s'atténuer. Au lendemain de l'investiture de M. Trump, la page dédiée aux personnes LGBTQ disparaissait du site de la Maison-Blanche. Si le mariage gay a été légalisé par la Cour suprême et ne peut être remis en cause, d'autres mesures pourraient être menacées. M. Trump souhaite annuler le programme Obamacare dont une partie empêche toute discrimination à l'égard des personnes LGBTQ pour bénéficier de couverture santé. « La communauté LGBTQ est également concernée par d'autres décisions telles que le Muslim Ban (interdiction des musulmans) par exemple. De nombreuses personnes sont réfugiées sur le territoire américain pour échapper à des persécutions dans leur pays d'origine », note Maria Sjodin. Les organisations n'ont depuis cessé de se mobiliser. « Les effets de nos protestations n'auront probablement pas d'effet sur le court terme mais il est probable que nos efforts finissent par payer à long terme », conclut-elle.

 

 

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commentaires (2)

SALETE DE GUERRE OU LES P... ET LES V... SONT BROUILLES !

LA LIBRE EXPRESSION

10 h 12, le 13 mars 2017

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Commentaires (2)

  • SALETE DE GUERRE OU LES P... ET LES V... SONT BROUILLES !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 12, le 13 mars 2017

  • Au lieu de crisper l'Amérique, cette histoire devrait la faire éclater de rire! S'il y a des toilettes séparées "Hommes-femmes", tout garçon (et peu importe qu'il se prenne pour une fille et se déguise en fille) doit utiliser les toilettes "hommes" et réciproquement. Cela fait penser à une histoire qui s'est déroulée récemment en Espagne: des autobus ont reçu interdiction de circuler et ont été appelés "bus de la haine", simplement parce qu'ils portaient ce slogan: "Les hommes ont un pénis et les femmes un vagin"! Mr. de La Palice interdit de séjour en Espagne et en Amérique!

    Yves Prevost

    07 h 50, le 13 mars 2017

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