Rechercher
Rechercher

Liban - Égypte-Liban

Aoun : Pas de salut pour nos deux pays sans une parfaite solidarité face au terrorisme

Le chef de l'État a affirmé qu'il veillera à réaliser l'entente entre les pays arabes ennemis, soulignant qu'il n'apprécie pas l'utilisation du terme « distanciation ».

Au Caire, le président Aoun a été reçu hier au palais présidentiel par Abdel Fatah al-Sissi. Photo Dalati et Nohra

Dans la perspective de consolider les relations du Liban avec les autres États arabes, le président de la République, Michel Aoun, a entamé hier une seconde tournée officielle (après l'Arabie saoudite et le Qatar le mois dernier), qui l'a conduit au Caire pour un sommet avec le chef de l'État égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et qui le mènera aujourd'hui à Amman pour un autre sommet avec le roi Abdallah II de Jordanie.
M. Aoun était accompagné d'une délégation formée des ministres des Affaires étrangères, Gebran Bassil, des Finances, Ali Hassan Khalil, de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, de l'Économie, Raëd Khoury, et du ministre d'État pour les Affaires présidentielles, Pierre Raffoul, ainsi que du directeur de la Sûreté générale, Abbas Ibrahim.
Dès son arrivée au Caire, le président de la République s'est rendu au palais al-Ittihadiya, où il a eu un long entretien avec M. Sissi, à l'issue duquel les deux présidents ont donné une conférence de presse conjointe.

 

« Le terrorisme n'a qu'une seule doctrine »
« Les concertations ont porté sur la situation trouble, voire embrasée, du monde arabe », a indiqué le président Aoun, lors de ce point de presse, affirmant que « nos deux pays, qui s'enorgueillissent de leur pluralisme religieux, ne seront épargnés du terrorisme qu'à la faveur d'une solidarité complète permettant de l'affronter ». Il a affirmé dans ce cadre avoir exhorté M. Sissi à « lancer une initiative de sauvetage basée sur l'établissement d'une stratégie commune dans la lutte contre le terrorisme, et rechercher des solutions politiques aux crises de la nation arabe, notamment à celle qui sévit en Syrie ». Insistant pour qu'une telle solidarité s'étende à toute la région, le chef de l'État a formulé l'espoir que « le prochain sommet arabe qui se tiendra en Jordanie (en mars, NDLR) jettera les bases d'une action arabe commune ».

M. Aoun a ainsi souligné que les débats se sont longuement attardés sur « le phénomène du terrorisme dont ont beaucoup pâti l'Égypte et le Liban », phénomène qui, a-t-il dit, ne distingue pas entre les États et les peuples, « et n'a qu'une seule doctrine, la destruction et la mort ». Il a en outre indiqué que son interlocuteur et lui-même ont exprimé une concordance de vues quant à « la non-implication des religions célestes dans toute forme de fanatisme et d'extrémisme ».

Toujours selon les propos du président Aoun, les deux chefs d'État ont plus généralement réaffirmé « la nécessité de réaliser une paix juste et globale dans la région, conformément aux résolutions internationales, notamment la conférence de Madrid (1991), qui a entamé un processus de paix au Moyen-Orient ». Ils ont plaidé dans ce cadre pour « l'instauration d'un État palestinien indépendant, dont la capitale serait Jérusalem ».

 

(Lire aussi : Les propos de Aoun, un glissement vers le Hezbollah)

 

Il a par ailleurs adressé à son homologue égyptien une invitation officielle à visiter le pays, rappelant « les relations historiques qui lient le Liban et l'Égypte », et prônant la nécessité de « les développer sur tous les plans ». Invitation à laquelle le président égyptien a promis de répondre « à la plus proche occasion ».
À son tour, lors de son intervention devant les journalistes, M. Sissi a lui aussi évoqué la question du terrorisme, mettant l'accent sur la nécessité pour les deux pays de lutter contre ce fléau, « face auquel l'Égypte continuera à soutenir le Liban sur tous les plans, notamment au niveau de l'armée et de ses différents services sécuritaires ».

Réitérant ses vœux à l'adresse de M. Aoun pour son accès à la magistrature suprême, le président égyptien a par ailleurs salué la finalisation de l'échéance présidentielle et la formation du gouvernement. Il a rappelé dans ce cadre que son pays « a été l'un des premiers qui ont salué la capacité des Libanais à parvenir à un arrangement politique, conclu au Liban, loin de toute ingérence extérieure », et il s'est en outre félicité du « modèle unique que représente le Liban dans la coexistence entre toutes les communautés », ce qui en fait, a-t-il dit, « un exemple pour le règlement politique des crises ».
« L'Égypte a toujours œuvré pour la préservation de l'entité et de la stabilité de l'État libanais et de ses institutions », a poursuivi le chef de l'État égyptien, rappelant que lors de la période qui a précédé l'élection de M. Aoun à la tête de l'État, son pays a entrepris des contacts avec les différentes forces politiques pour préconiser la nécessité d'adopter le dialogue comme base de solution aux conflits.

 

(Pour mémoire : Aoun : Pas de salut pour nos deux pays sans une parfaite solidarité face au terrorisme)

 

« Un Liban fort et stable, facteur de force »
Le président égyptien s'est en outre dit « confiant que le mandat de M. Aoun œuvrera à consolider la pluralité politique et la diversité culturelle qu'exigent les bases d'une entente entre les différentes forces politiques ».
Estimant que « ce partenariat préservera de toute tentative d'entraîner le Liban et la région dans des conflits confessionnels qui veulent ôter au Moyen-Orient ses particularités historiques du vivre-ensemble et de la rencontre des religions », M. Sissi a souligné qu'« un Liban fort et stable est considéré comme un facteur de force de la nation arabe «. Insistant encore sur l'attachement de l'Égypte à la stabilité du pays du Cèdre, il a affirmé qu' « un Liban paisible est une nécessité pour tout le monde arabe ».
Sur le plan des relations bilatérales, le chef de l'État égyptien s'est montré soucieux de « renforcer et développer la coopération bilatérale, et relever le niveau de coordination sécuritaire et économique entre les deux pays ».

Les deux présidents Aoun et Sissi ont suggéré dans ce cadre à la délégation libanaise et à la délégation égyptienne (formée notamment du Premier ministre égyptien, Chérif Ismaïl, et des ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur, Sameh Chucri et Magdi Abdel Ghaffar), toutes deux présentes lors des discussions, d'entamer les préparatifs pour les réunions d'une haute commission libano-égyptienne, chargée d'œuvrer pour la coopération dans les secteurs agricole, industriel et commercial.

 

(Lire aussi : Aoun en porte-à-faux avec son discours d'investiture)

 

La neutralité positive
Lors d'un dîner organisé en son honneur par le chargé d'affaires du Liban en Égypte, Antoine Azzam, au cours duquel il a rencontré des membres de la diaspora, le président Aoun a évoqué la question de la neutralité libanaise, affirmant que celle-ci « est positive afin que le Liban puisse apporter son aide ».
« Nous ne pratiquerons pas une politique de neutralité négative », a affirmé en outre M. Aoun, indiquant que le terme « distanciation » est un terme qu'il n'aime pas utiliser. Il a également souligné qu'il se servira de son poste « pour tenter de réaliser le bien et l'entente entre les pays frères ennemis ». Afin d'atteindre cet objectif, a-t-il estimé, « il nous faut d'abord savoir quels sont les intérêts pour lesquels se battent nos frères arabes, pour œuvrer ensuite à les garantir ». Or, a-t-il enchaîné, « personnellement, je ne connais jusqu'à ce jour ni les intérêts ni les intentions, pas plus que je ne sais pourquoi tous les États du monde sont venus dans notre région pour résoudre nos problèmes ».
Et de se demander : « Quels sont ces problèmes ? Pourquoi les Arabes se battent-ils ? Et pourquoi les médiations viennent-elles de l'extérieur ? Pourquoi n'existe-t-il pas de volonté arabe de résistance ? Pourquoi chaque pays ne construit-il pas son unité nationale afin qu'il puisse, à travers cette unité, résister aux difficultés ? Pourquoi ne respectons-nous pas le pacte de la Ligue arabe ? »

Notons par ailleurs que le président Aoun s'était rendu dans l'après-midi à la cathédrale Saint-Marc, siège du patriarcat copte-orthodoxe d'Égypte, où il s'est réuni avec le pape Tawadros II. Lors de la rencontre, M. Aoun a affirmé que « le Liban, centre important du dialogue des civilisations dans le monde, résiste », affirmant qu' « il restera un modèle d'ouverture et de coexistence après la fin de cette période de fanatisme ».
M. Aoun a également visité la prestigieuse institution de l'islam sunnite, al-Azhar, où il a rencontré le grand imam, Ahmad Tayyeb, qui lui a remis une invitation au congrès sur « La citoyenneté et le vivre-ensemble », qui se tiendra au Caire le 28 février et le 1er mars, et auquel participeront 35 personnalités libanaises.
Le chef de l'État a par ailleurs reçu l'ancien secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, avec lequel il s'est entretenu des développements dans la région.

 

Réunion de Machnouk avec son homologue égytien
Le ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, s'est entretenu hier avec son homologue égyptien, Magdi Abdel Ghaffar, au siège de du ministère de l'Intérieur au Caire.
Les débats ont porté sur la coopération entre les deux ministères libanais et égyptien, et sur les moyens de la renforcer, ainsi que sur les questions sécuritaires et politiques d'intérêt commun.

 

Lire aussi

Force et faiblesse, l'édito de Michel Touma

Derrière la polémique, cherchez la proportionnelle ! Le décryptage de Scarlett Haddad

Nouvelle vague de réactions à la position de Aoun sur les armes du Hezbollah

Hariri : Je ne permettrai pas le retour à un clivage au Liban

Dans la perspective de consolider les relations du Liban avec les autres États arabes, le président de la République, Michel Aoun, a entamé hier une seconde tournée officielle (après l'Arabie saoudite et le Qatar le mois dernier), qui l'a conduit au Caire pour un sommet avec le chef de l'État égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et qui le mènera aujourd'hui à Amman pour un autre sommet avec...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut