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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Colonisation : Netanyahu, à droite, à droite toute

La question de la loi controversée sur la légalisation de colonies sauvages montre la vulnérabilité du Premier ministre face à l'aile dure de son gouvernement.

La colonie de Maale Adumim, en Cisjordanie, le 28 décembre 2016. Baz Ratner/Reuters

En voulant plaire à tous, Benjamin Netanyahu ne satisfait pas grand monde. Tiraillé entre son propre camp, la droite ultraradicale, l'opposition et la communauté internationale, le Premier ministre israélien joue aux équilibristes.

Son dernier coup de maître, la loi en faveur des colons. Adoptée lundi soir par le Parlement israélien, en l'absence du Premier ministre, alors en route pour rencontrer son homologue britannique Theresa May à Londres, cette loi autorise l'État à s'approprier des terrains privés palestiniens en Cisjordanie sur lesquels des Israéliens ont construit des colonies dites « sauvages », c'est-à-dire non autorisées. En échange, les propriétaires de ces terrains sont supposés obtenir des compensations, sous forme de terrains ou financièrement.

Le Premier ministre était pourtant contre une telle loi. En 2012, il avait même menacé de virer tous les ministres qui voteraient en faveur de son adoption, lorsqu'elle avait été proposée une première fois. Ses détracteurs accusent le Premier ministre d'annexion pure et simple de la Cisjordanie. Le chef de l'opposition et président du Parti travailliste Isaac Herzog a même clamé que cette loi pave la voie à un procès contre Israël à la Cour pénale internationale, à La Haye.

Huit années de relations tendues avec le président américain Barack Obama n'ont certainement pas facilité la tâche du gouvernement Netanyahu. L'ex-locataire de la Maison-Blanche s'est en effet montré très critique de la politique d'expansion des colonies israéliennes, jugées illégales par la communauté internationale, et estimant qu'elles représentent un obstacle aux pourparlers de paix israélo-palestiniens, suspendus depuis plus de deux ans.
Pas étonnant, donc, que l'élection de Donald Trump, ouvertement à l'opposé de la politique Obama envers l'État hébreu, ait été chaudement accueillie par le Premier ministre israélien, qui l'a qualifiée de « chance formidable pour la sécurité et l'avenir » de son pays.

 

(Lire aussi : L'évacuation d'Amona achevée, le lobby des colons est plus fort que jamais)

 

Nouvelle ère
Une nouvelle phase dans l'histoire de la colonisation israélienne vient donc de commencer, et les annonces de construction de milliers de nouveaux logements se multiplient depuis le 20 janvier, date qui marque le début du mandat Trump. Mais ce n'est pas pour autant que le gouvernement israélien actuel, le plus à droite de l'histoire du pays, aura les coudées franches dans ce dossier. « Penser que l'arrivée de Trump au pouvoir donne un blanc-seing à la politique de colonisation israélienne des territoires palestiniens me paraît excessif », estime Barah Mikail, directeur de Stractegia Consulting et professeur à l'université Saint-Louis, à Madrid. Donald Trump a certes multiplié les gestes positifs envers Israël (comme la nomination de son avocat David Friedman comme prochain ambassadeur des États-Unis en Israël, ou encore sa volonté de déplacer l'ambassade américaine de Tel-Aviv à Jérusalem). Toutefois, une première douche froide est survenue il y a une dizaine de jours, lorsque l'État hébreu s'est entendu signifier par un communiqué de la Maison-Blanche que « la construction de nouvelles colonies ou l'expansion de celles existantes au-delà de leurs frontières actuelles pourrait ne pas aider à atteindre (l')objectif » de la paix. Une première rencontre entre les deux dirigeants à la mi-février devrait clarifier un peu plus la position des États-Unis sur la question des colonies israéliennes.

En attendant, Benjamin Netanyahu reste lui-même écartelé entre les défenseurs et les détracteurs de cette loi sur la colonisation. Elle est ardemment défendue – et finalement obtenue – par les membres du parti nationaliste Foyer juif, notamment la ministre de la Justice Ayelet Shaked et par le ministre de l'Éducation Naftali Bennett. Le député Bezalel Smotrich, un proche de Bennett, n'avait d'ailleurs pas hésité à comparer l'évacuation hypermédiatisée de la colonie sauvage d'Amona au « viol d'une femme ».

 

(Pour mémoire : L'administration Trump réfrène les ardeurs d'Israël sur la colonisation)

 

Mais le Premier ministre a tout fait pour retarder l'adoption, dans la nuit de lundi à mardi dernier, de la loi qui concerne quelque 4 000 logements, demandant même à la Knesset de patienter jusqu'à sa rencontre prochaine avec le président américain. En vain. Sous la pression de la droite, il a fini par donner son feu vert au vote, avant de s'envoler pour Londres. Un responsable israélien a même affirmé que l'aile droite du gouvernement avait carrément « piégé » Benjamin Netanyahu. Un autre n'a pas hésité à rappeler la fois où le Premier ministre avait été tiré de son lit, en pleine nuit, par des membres de son gouvernement pour discuter des termes d'un accord sur les colonies, en novembre dernier. « Netanyahu, bien qu'étant le représentant d'une droite dure, se voit entraîner par qui est plus à sa droite encore au sein du gouvernement, du fait des positionnements et des demandes du Foyer juif et d'Israel Beytenou (ultranationaliste et d'extrême droite) », souligne M. Mikail. Ce dernier estime qu'en contrepartie, le Premier ministre n'est pas sans profiter quelque peu de cette situation pour essayer d'apparaître « comme élément de modération en comparaison avec d'autres responsables politiques membres de son gouvernement, tels que dans le cas d'Avigdor Liberman, actuel ministre de la Défense ».

De même, s'il a fini par accepter le vote de la loi en son absence, c'est probablement parce qu'il sait que la Cour suprême israélienne la rejettera. Il n'en redoute pas moins les retombées du côté de la communauté internationale. D'autant qu'au niveau de l'opinion publique, le Likoud, parti de Benjamin Netanyahu, est en baisse, selon certains sondages réalisés récemment, face au Foyer juif de Naftali Bennett qui dispose de huit membres au Parlement, sans lesquels le Premier ministre perdrait sa majorité au gouvernement. Il n'a pas intérêt à s'attirer les foudres de cette aile dure de la droite israélienne, ne serait-ce que pour garder son électorat.

 

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commentaires (2)

TOUS SONT FANATIQUES... IL N,Y A PAS DE COLOMBES SI CE N,EST DES EPERVIERS COLOMBISTES...

LA LIBRE EXPRESSION

09 h 02, le 09 février 2017

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • TOUS SONT FANATIQUES... IL N,Y A PAS DE COLOMBES SI CE N,EST DES EPERVIERS COLOMBISTES...

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 02, le 09 février 2017

  • Monde cruel, où si un peuple n'as pas les moyens de se défendre contre une usurpation , des empoisonnements et des crimes à répétition, il se voit obligé de subir et de crever la gueule ouverte. Grâce à Dieu ils n'ont pas réussit à faire ça chez nous , et grâce à une résistance héroïque aussi.

    FRIK-A-FRAK

    08 h 50, le 09 février 2017

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