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Économie - Liban - Rapport

Le FMI alerte le Liban sur l’urgence de mener des réformes structurelles

Dans les conclusions de sa consultation annuelle au Liban, le Fonds monétaire international invite notamment les pouvoirs publics à remédier au déficit d'infrastructures et à mettre fin à la spirale de l'endettement public.

«L’augmentation de la dette publique doit s’arrêter immédiatement », a averti le FMI. Photo archives/AFP

Longtemps réclamée, la sortie d'une « impasse politique de deux ans et demi » est naturellement saluée par le Fonds monétaire international (FMI), dans son rapport conclusif de la mission menée en octobre et novembre derniers par ses experts dans le cadre des consultations annuelles du Fonds au Liban.

Rédigé après l'élection de Michel Aoun à la présidence de la République (le 31 octobre 2016) et la nomination de Saad Hariri à la tête du gouvernement (le 3 novembre), ce rapport publié mardi note ainsi que « la perspective d'un gouvernement capable de s'attaquer au programme de réformes attendu depuis longtemps pourrait avoir un impact important sur la confiance et la croissance, stimuler les entrées, soutenir la stabilité financière et aider la dynamique de la dette libanaise ».

 

(Pour mémoire : L'ACB soumet au FMI ses pistes pour relancer l'activité du secteur)

 

Revers conjoncturels
Car le Liban fait toujours face à un « environnement de plus en plus difficile ». Les perspectives du pays restant « étroitement liées à l'évolution de la situation en Syrie ». Alors que les réfugiés syriens représentent environ un tiers de la population, ce qui « est éprouvant pour les communautés locales, créant de la pauvreté de du chômage, et ajoutant la pression sur les infrastructures et les finances publiques déjà fragilisées ». Le coût indirect de la présence de réfugiés syriens aurait dépassé les 2,5 milliards de dollars en termes de dégradation des services publics, note le rapport, citant une estimation de la Banque mondiale datant de 2013. Le FMI considère ainsi que la communauté internationale doit jouer un rôle- clé pour répondre à la crise des réfugiés, « le Liban a besoin et mérite un appui important ».

Dans ce contexte, le FMI estime toujours la croissance libanaise à 1 % en 2016, un taux identique à celui de 2015 mais inférieur de 0,8 point à celui estimé par la Banque mondiale pour 2016. « Les moteurs de croissance traditionnels du Liban – le tourisme, l'immobilier et la construction – ont subi des revers et une forte reprise est improbable sans amélioration des conditions politiques et de sécurité », ajoute le rapport. Pour 2017 et 2018, le FMI prévoit toutefois une croissance en hausse à respectivement 2 et 2,5 %. Il rappelle toutefois qu' « en cas de résolution rapide du conflit syrien, le Liban jouirait d'une position unique pour bénéficier de l'effort de reconstruction, ainsi que du rétablissement du commerce et de l'amélioration de la confiance des investisseurs régionaux ».

Au-delà de ces facteurs conjoncturels, plusieurs problèmes macroéconomiques ont été pointés du doigt par le FMI, qui nécessitent la mise en place de politiques d'ajustement. Premièrement, malgré un léger excédent primaire – de 1,4 % du PIB en 2015 – induit par les prix bas du pétrole, le fardeau de la dette publique continue d'augmenter – de 5 points de pourcentage en 2015, à 138 % du PIB. « L'augmentation de la dette publique doit s'arrêter immédiatement », alerte le FMI. Il exhorte donc le Liban à voter le budget pour 2017 et insiste sur l'urgence de réformer le secteur de l'électricité qui continue de peser lourdement sur les finances publiques. Il a également noté l'existence d'une marge de manœuvre importante pour « accroître équitablement les recettes, notamment en élargissant l'assiette fiscale, à commencer par la taxation des carburants ».

 

(Lire aussi : Le Liban, troisième bénéficiaire régional de l'assistance technique du FMI)

 

Relever les taux d'intérêt
Deuxièmement, le Liban reste, selon le FMI, dépendant des fluctuations des entrées de capitaux. D'autant plus alors que « la croissance des dépôts a ralenti au cours des deux dernières années, en particulier depuis la mi-2015, et ce malgré une reprise pendant l'été – provoquée en partie par l'ingénierie financière mise en place par la Banque du Liban (BDL) », note le rapport. Cette opération financière complexe a notamment permis de renflouer les réserves en devises de la BDL pour atteindre un record de 40 milliards de dollars en octobre 2016.

Reste qu'elle a également augmenté l'exposition des banques libanaises à la dette souveraine, selon le FMI. Pour l'institution, ce ralentissement de la croissance des dépôts peut s'expliquer par divers facteurs, dont les conditions économiques dans les pays du Golfe. Le FMI table donc sur des entrées de capitaux à environ 8 milliards de dollars en 2016. Reste que « l'opération de la BDL maintenant clôturée et sans ajustements et réformes, les dépôts devraient revenir aux niveaux observés au début de l'année 2016, ce qui est inférieur aux niveaux nécessaires pour financer l'économie à moyen terme », estime le rapport. Le FMI recommande donc à la BDL de relever les taux d'intérêt si nécessaire pour attirer de nouveaux flux. « À ce jour, la BDL n'a pas encore relevé les taux en raison des inquiétudes concernant la dynamique et la croissance de la dette publique. Mais un changement de politique sera inévitable si la croissance des dépôts ne s'améliore pas », note le FMI.

Enfin, le FMI a exhorté les autorités à faire avancer les réformes structurelles. Outre la réforme de l'électricité, ils ont souligné la nécessité d'une législation pour relancer l'investissement privé, y compris dans le secteur du pétrole et du gaz. « Pour remédier au déficit d'infrastructure du Liban, résultant d'un sous-investissement prolongé et exacerbé par la présence des réfugiés, il faut mettre en œuvre des réformes pour remédier aux goulets d'étranglement de l'économie, comme la fourniture d'électricité », ajoute le rapport.
Dans ce contexte, le FMI estime que des mesures sont nécessaires à court terme et à long terme. À court terme, « le défi majeur consistera à préserver la confiance des investisseurs étrangers, en articulant un ensemble de mesures crédibles qui commencent à combler d'urgence les déséquilibres budgétaires tout en renforçant la résilience du secteur bancaire libanais. À plus long terme, (il faut) se concentrer sur la stabilité sociale et la prospérité via une croissance durable et génératrice d'emplois », conclut le rapport.

 

Pour mémoire
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