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Moyen Orient et Monde - Récit

« Good morning Mr. President »

Le président Obama a laissé, sur le bureau présidentiel, une lettre adressée à Donald Trump.

Donald Trump a pris vendredi ses fonctions de président des États-Unis, succédant à Barack Obama. Brendan Smialowski/AFP

670 000 personnes habitent régulièrement dans la capitale fédérale des États-Unis que l'on qualifiait encore, il y a moins de quinze ans, de ville noire, 70 % de sa population étant afro-américaine. À présent, ils sont moins de 50 %. « Comme si, selon un analyste, l'histoire l'avait préparée à accueillir une tendance blanche suprématiste, la "teinte" politique du nouveau chef de l'État, Donald Trump. » Hier, c'est sur Washington, ville dont seulement 4 % des électeurs ont voté Trump, que les yeux du monde étaient braqués, alors que s'y déroulait son investiture.
Dès quatre heures du matin, presque un million de personnes attendaient dans un froid glacial d'entrer dans l'espace de verdure s'étendant du Capitole au monument d'Abraham Lincoln, pour être aux meilleures places afin d'assister à la prestation de serment du successeur de Barack Obama. Dans le temps, la prestation de serment avait lieu le 4 mars mais, trouvant trop longue cette période de transition, le Congrès l'a avancée, en 1933, au 20 janvier.


Si une soixantaine de membres démocrates de la Chambre des représentants ont refusé d'assister à l'investiture pour protester contre l'élection de Trump, leurs collègues sénateurs étaient présents, estimant qu'il s'agit là, en fin de compte, de la célébration du processus pacifique de la continuité de la démocratie. Dans les tribunes se trouvait aussi bien sûr le clan Trump. À noter que le président avait aussi invité ses deux ex-épouses, Ivana, la mère de ses trois aînés (Don, Ivanka et Eric), et Marla, la mère de Tiffany.

 

(Lire ici le verbatim du discours de Trump)

 

« Make America Great Again », en russe
Parmi la foule de badauds, les supporters de Donald Trump, un jour qualifiés par Hillary Clinton de « déplorables », arboraient des casquettes rouges portant l'inscription en lettres dorées : « Make America Great Again ». Certains, allant plus loin, avaient opté pour une version russe du slogan de nouveau président : « сделать Америку ». Une marque déposée par Trump pour 325$.
C'est devant cette foule de partisans que M. Trump a lancé, après avoir prêté serment : « À partir de ce jour, ce sera uniquement l'Amérique d'abord ! »
La Constitution ne dit pas qu'il faille mettre obligatoirement la main sur la Bible. L'élu peut choisir son livre, et il n'est même pas obligé de terminer par « So help me God » (Que Dieu me vienne en aide). La Bible et la formule sont néanmoins devenues une coutume. Hier, c'est la main posée sur deux Bibles, celle du président Abraham Lincoln et celle que sa mère lui avait donnée dans les années 50, que le président Trump a prêté serment.

 

(Investiture de Trump : retour en images sur une journée historique)

 

Une période de changements
Avec l'avènement de Trump s'ouvre une période potentiellement chargée en changements. « Généralement, la politique importe peu à la majorité des gens. Mais soudain, elle prend pour eux une grande importance. Et la prise de pouvoir de Donald Trump, 45e président des États-Unis, sera l'un de ces moments de sursaut », avait notamment déclaré l'éminent politologue britannique David
Runciman. En attendant, la journée d'hier a été riche en événements officiels et populaires, bals, parades et cotillons.
Le président Trump, lui, s'est installé à la Maison-Blanche. Une bâtisse vidée et dépersonnalisée – aucun dossier, document, ordinateur, aucune photo... – par son prédécesseur au moment de son départ. Contrairement, par exemple, à l'Élysée ou au 10 Downing Street, il n'existe pas de secrétariat permanent à la Maison-Blanche. Le président sortant emporte donc avec lui tous ses papiers, ses fichiers informatisés et autres témoignages de son mandat. Sauf que cette fois, le président Obama a laissé sur le bureau présidentiel une lettre à l'adresse de son successeur. Lequel devra attendre le lendemain de son installation pour que soit mis en place son cadre de travail par ses équipes. Un ancien chef de cabinet républicain de la Maison-Blanche, Tom Cole, précise qu'après un week-end post-investiture euphorique, ce sera « Good morning Mr. President ». Un nouveau président qui, installé derrière son bureau, recevra notamment des rapports sécuritaires et plus de précisions sur l'utilisation du code nucléaire secret (qui lui a été communiqué dès son serment) et ses autres activités présidentielles. La découverte d'un nouveau monde pour un homme dénué de toute expérience politique avant cette campagne.

 

(Reportage : Ferveur historique à Washington pour l'Amérique pro-Trump)

 


Une inexpérience qui n'est probablement pas étrangère au fait qu'aujourd'hui, 52 % des Américains ne le trouvent pas qualifié pour être président, contre 15 % qui le trouvent apte à la tâche. Par ailleurs, Barack Obama quitte la Maison-Blanche avec un taux de popularité de 60 %, alors que Trump n'y entre qu'avec 34 %.
Cette impopularité s'est exprimée dans les rues hier. Selon un expert dans le domaine, le nombre de protestataires cette année a dépassé celui qui, habituellement, accompagne toute investiture. Le mouvement se poursuivra demain dimanche, alors que des milliers de femmes engagées dans des marches, parties de différents États, devraient converger vers Washington. À leur tête, la « die hard » Jane Fonda, activiste pionnière hollywoodienne.
Devant la Maison-Blanche hier, quelques heures avant la passation de pouvoir, un passant disait : « Et voilà, ils déménagent la dernière trace de dignité. »

 

 

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