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Huit ans à la Maison Blanche : le bilan d'Obama - etats-unis

Un président qui pleure : un atout plutôt qu’une faiblesse

Avant Barack Obama, Bill Clinton et George W. Bush avaient eux aussi versé quelques larmes en public.

Le président Barack Obama pleure lors de son discours d’adieu à Chicago, le 11 janvier 2017. Joshua Lott/AFP

Les larmes peuvent être un plus en politique. Barack Obama a pleuré de nombreuses fois en public lors de ses mandats sans que cela lui nuise. Verra-t-on un jour Donald Trump se laisser gagner par l'émotion ? Pendant ses huit années de présidence, M.Obama a pleuré plusieurs fois en public. En janvier 2016, les larmes coulaient sur ses joues tandis qu'il se remémorait la tuerie de l'école primaire Sandy Hook et annonçait des mesures pour encadrer l'accès aux armes à feu. Début janvier, il a sorti son mouchoir en rendant hommage à son épouse et à ses filles lors de son discours d'adieu à Chicago.
« Les pleurs sont liés à une expérience émotionnelle intense. Il est clair qu'Obama éprouvait une émotion importante à ces moments-là. Et il n'a pas eu peur de le montrer », déclare à l'AFP Lauren Bylsma, professeure adjointe au département de psychiatrie de Pittsburgh, auteure de plusieurs études sur les larmes. « Sur le plan du caractère, le fait de pleurer est associé à des personnalités qui ont beaucoup d'empathie », ajoute-t-elle.
À quoi pourrait ressembler la présidence Trump sur le plan lacrymal ? Le milliardaire, qui prendra ses fonctions demain, « est sans doute quelqu'un d'émotif au fond de lui-même », considère Judi James, auteur de The Body Language Bible. « Mais il a un tel vernis de mâle dominant que je pense qu'il faudrait qu'il aille chercher dans les tréfonds de son être, poursuit cette experte britannique très médiatique. Pourtant, pleurer pourrait être une très bonne chose pour lui (...) Les gens attendent un signe montrant son humanité. » « Si, pendant son investiture, il pouvait verser une larme, les gens pourraient changer d'opinion à son égard rapidement, assure-t-elle. Les larmes peuvent avoir beaucoup de puissance. » Le psychanalyste français Jean-Pierre Friedman, spécialiste des relations de pouvoir, n'imagine pas Donald Trump se mettant à pleurer en public. À 70 ans, « Trump est un vieux cow-boy endurci », estime-t-il. C'est aussi « une question de génération. Il y a 50 ans, on disait aux garçons ''tu es un homme, un homme ne pleure pas'' ». M. Trump s'est d'ailleurs moqué des pleurs de ceux qui regrettaient sa victoire.

« L'homme nouveau »
Ces dernières décennies, plusieurs grands dirigeants de ce monde se sont laissés aller à pleurer en public. Y compris le président russe Vladimir Poutine – qui cultive pourtant son image d'homme fort – au moment de sa réélection en 2012 ou en écoutant l'hymne russe lors d'une visite en Mongolie en 2014. Les présidents américains Bill Clinton et George W. Bush ont eux aussi pleuré plusieurs fois en public.
Le temps semble loin où des pleurs pouvaient casser l'image d'un leader. Les analystes politiques estiment qu'en 1972, les « larmes » d'Edmund Muskie (contestées par son entourage) alors qu'il ripostait à des attaques ont sans doute contribué à sa défaite à la primaire démocrate américaine.
« Pleurer peut montrer une forme de vulnérabilité que certains sont susceptibles de percevoir comme une faiblesse. Mais ne pas se sentir gêné par sa vulnérabilité peut aussi être considéré comme une force », relève Lauren Bylsma. « Certaines recherches suggèrent qu'un homme qui pleure est souvent perçu comme plus amical, plus proche et digne de confiance qu'un homme qui ne pleure pas », souligne la jeune femme. Encore faut-il que les pleurs soient sincères. « Les gens savent très bien faire la différence entre de vraies larmes et des larmes simulées », note Judi James. Tout dépend aussi de la cause. « Si les larmes sont provoquées par de l'apitoiement sur soi-même ou par de la colère, les gens n'apprécieront pas », ajoute-t-elle.
En France, « les hommes politiques pleurent lorsqu'ils perdent le pouvoir », assure Jean-Pierre Friedman, auteur du livre Du pouvoir et des hommes. « Les Américains sont toujours en avance... » « Obama est un intellectuel. Les larmes aident à le descendre de son piédestal. C'est un peu l'homme nouveau », considère Judi James. Obama sait aussi toucher par ses mots et faire pleurer les autres. Son vice-président Joe Biden n'a pas réussi à retenir ses larmes lorsque le président sortant lui a remis par surprise début janvier la médaille de la Liberté, la plus haute distinction civile américaine.

Les larmes peuvent être un plus en politique. Barack Obama a pleuré de nombreuses fois en public lors de ses mandats sans que cela lui nuise. Verra-t-on un jour Donald Trump se laisser gagner par l'émotion ? Pendant ses huit années de présidence, M.Obama a pleuré plusieurs fois en public. En janvier 2016, les larmes coulaient sur ses joues tandis qu'il se remémorait la tuerie de l'école...