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Liban - discours

« Consolider la formule libanaise fondée sur la diversité et le pluralisme »

Michel Aoun prononçant son discours devant les ambassadeurs.

Voici de très larges extraits du discours prononcé hier par le président de la République, Michel Aoun, devant le corps diplomatique réuni au palais de Baabda.
« Ma volonté en tant que président du Liban est de consolider la formule libanaise fondée sur la diversité et le pluralisme, qui a prouvé à travers l'histoire sa capacité à surmonter les crises et les conflits internes et externes. La société libanaise devrait être l'exemple vivant de la coexistence, car l'avenir du monde appartient aux sociétés plurielles, en dépit de tous les extrémismes que nous constatons aujourd'hui. L'unilatéralisme, qu'il soit politique, ethnique ou religieux, n'a plus droit de cité.
« Ma volonté est d'assurer la stabilité politique, économique, sociale et sécuritaire afin que tous les Libanais, où qu'ils soient, aient confiance en leur patrie, et que le Liban reprenne toute sa place dans le concert des nations. Dans cet objectif, nous avons élaboré et démarré des plans et des programmes de développement, et certains projets sont en cours d'exécution.
« Ma volonté est de protéger la souveraineté de l'État, de sauvegarder l'unité nationale et d'empêcher la contagion des conflits sur la scène locale.
« Ma volonté est d'édifier des institutions transparentes, efficaces et capables de rendre le citoyen confiant dans son État.
« Ces derniers mois, les institutions constitutionnelles ont repris le cours normal de leur activité. Nous avons formé un gouvernement qui a obtenu la confiance du Parlement. Celui-ci se consacre actuellement, dans le cadre d'une session extraordinaire, à l'examen des propositions et des projets de loi les plus urgents, en priorité la loi du budget et la loi électorale. La priorité, pour nous, est l'organisation d'élections législatives suivant une nouvelle loi électorale qui garantisse une meilleure représentativité de toutes les composantes de la société, ce qui devrait assurer la stabilité politique. Les craintes exprimées par certains vis-à-vis d'une loi basée sur le mode proportionnel ne sont pas justifiées. Cette loi assurerait une juste représentation. Peut-être que certains pourraient y perdre leur siège, mais nous aurons gagné la stabilité du pays. »

Refuser toute forme d'intégration des réfugiés
« Suite aux crises internationales et aux troubles régionaux, les problèmes économiques se sont amplifiés au Liban ces derniers temps, ce qui a eu pour conséquence d'aggraver la pauvreté au sein de la société. Afin d'y remédier, nous avons pris la décision de lutter contre la dégradation de nos secteurs de production. Toutefois, les obstacles qui se dressent face à la relance de notre économie sont multiples, en particulier ceux en relation avec la crise syrienne et l'afflux massif de réfugiés.
« Le Liban a offert à ses frères syriens et palestiniens une aide qui dépasse ses capacités, accueillant un nombre de réfugiés équivalent à la moitié de sa population. Aucun pays au monde ne peut supporter cette charge de réfugiés qui représentent une augmentation de 50 % de sa population. La densité démographique au Liban était déjà élevée, de l'ordre de 400 habitants par kilomètre carré. Depuis la crise, elle est de 600 habitants par kilomètre carré. Cela entrave le redressement de notre économie tel qu'on le souhaiterait, d'autant plus que le quart de la jeunesse libanaise est au chômage.
« Le Liban ne peut supporter à lui seul ce fardeau, nous appelons vos États à assumer pleinement leurs responsabilités et à agir rapidement afin de préserver vos intérêts et ceux de vos peuples. (...)
« Partant de ce principe, nous demandons à la communauté internationale de reconnaître la spécificité du Liban et d'y refuser toute forme d'intégration des réfugiés. Nous demandons également à vos États de nous assister dans nos efforts pour parvenir à l'unique solution durable à cette crise, celle du retour des réfugiés dans leur pays, en toute sécurité.
« Dans ce contexte, le Liban est favorable à toute initiative qui vise à mettre en place une solution politique à la crise syrienne. Nous souhaitons que toutes les initiatives convergent dans ce sens et aboutissent à une solution politique durable au conflit syrien.
« Ce sont les politiques internationales qui ont placé le Moyen-Orient dans cette déplorable situation. Éteindre les incendies est devenu autant une nécessité qu'un intérêt, car le feu commence à s'étendre hors de la région. »

Qu'ont fait les organisations internationales ?
« Sa Sainteté le pape a rappelé, comme ses prédécesseurs, durant la Journée mondiale de la paix, que pour être instaurée, "la paix doit reposer sur le droit, la justice, l'équité et la liberté." Où sont ces valeurs dans le monde d'aujourd'hui ? Où sont les organisations internationales supposées protéger ces valeurs et œuvrer pour leur application et leur consolidation ?
« Après la Seconde Guerre mondiale, l'organisation des Nations unies a vu le jour et parmi ses objectifs et conformément à l'article 1 du chapitre premier de sa charte sont mentionnées : "La sauvegarde de la paix et de la sécurité mondiale", "la résolution des conflits conformément aux principes de la justice et du droit international", "l'égalité des droits entre les peuples", "le droit à l'autodétermination" et "le respect des droits de l'homme et des libertés". (...)
« Ces organisations ont-elles respecté leurs engagements ? Outre la terre libanaise occupée, prenons l'exemple le plus proche de nous, celui qui est à nos frontières, j'entends par là le problème palestinien et ses retombées sur le Liban, qui dure depuis plus de sept décennies. (...)
« La première résolution des Nations unies concernant la Palestine a déclenché une guerre, alors que les résolutions suivantes ne furent pas appliquées. Qu'ont fait les organisations internationales à cet égard ? Pourquoi n'ont-elles pas voté une résolution contraignant Israël à restituer aux Palestiniens leur territoire et à reconnaître leur identité ?
« Pourquoi les Israéliens continuent-ils à occuper la terre palestinienne ? Pourquoi détruisent-ils leurs maisons, brûlent-ils leurs champs et prennent-ils leurs terres pour construire des colonies ?
« Aujourd'hui Israël profite des crises régionales et de l'échec des efforts de paix pour continuer à usurper les droits des Palestiniens, à s'attaquer à la souveraineté des États voisins et à imposer une situation de fait accompli, sur laquelle il sera difficile de revenir un jour. »

L'enfer des Arabes et non leur printemps
« Ces dernières années, nous avons assisté à la mise en place d'un projet qualifié de "chaos constructif" dans notre région. Des guerres se sont déclarées dans les pays arabes, appelées paradoxalement " Printemps arabe". Qu'avons-nous recueilli de ce printemps? Le printemps serait-il l'abolition des acquis des civilisations anciennes qui ont préludé et construit les fondements de notre civilisation ?
Le printemps signifie-t-il la démolition des églises, des mosquées et des vestiges anciens ? Est-ce égorger des innocents et détruire des villes? Ceci est l'enfer des Arabes et non leur printemps.
« Qu'a donc engendré ce "chaos constructif" ? Sinon la rancœur, la haine et les malheurs. Depuis quand le chaos est-il constructif ? Où est la Charte des droits de l'homme dans tout ce qui se déroule ?
« Nos interrogations sont légitimes et nous avons le droit de les poser aux États qui ignorent les droits de l'homme et ne s'en souviennent qu'en fonction de leurs intérêts. Nous sommes tous concernés et cosignataires de la Charte des droits de l'homme.
« Certains États qualifient de terrorisme les actes qui touchent à leur sécurité et qualifient de révolution le terrorisme qui sert leurs intérêts.
Le terrorisme est partout le même, ravageur, aveugle et destructeur, où qu'il frappe. » (...)

Éteindre le feu à la source
« Le Liban n'est pas isolé de son environnement. Nos préoccupations internes ne nous distraient pas des dangers qui nous guettent. Celui qui croit qu'un État, quelle que soit sa taille, peut rester à l'abri des crises mondiales se trompe lourdement. Nous sommes tous visés. Nous avons le choix entre coopérer pour nous sauver, ou périr tous ensemble, victimes de ces conflits.
Le terrorisme qui sévit dans le monde actuellement ne nous est pas étranger. Le Liban en souffre depuis longtemps. Un grand nombre de martyrs civils et militaires sont tombés et nous continuons à lutter en première ligne contre le terrorisme.
« La coopération entre les services de renseignements et de sécurité est une nécessité vitale pour combattre le terrorisme. Il n'en demeure pas moins que son terreau reste les crises qui éclatent à l'Est comme à l'Ouest. Il se répand à travers la pensée obscurantiste, takfiriste (jihadiste) qui rejette l'autre. De plus, il bénéficie du soutien financier, logistique et militaire de certains États.
« C'est pour cela que nous nous adressons au monde, aux grandes puissances, aux Nations unies et à toutes les instances internationales : la bonne et juste voie ne peut être trouvée que par une volonté internationale de sauver le monde du terrorisme et d'asseoir la paix durablement.
« Si vous voulez la paix, vous devez trouver des solutions aux problèmes de la région. Des solutions qui ne reposent pas sur la force, mais sur l'instauration de la justice et la lutte contre la tyrannie.
« Si vous voulez la paix, vous devez éteindre le feu à la source. Le feu ne s'éteint pas tant qu'il est alimenté. »

Voici de très larges extraits du discours prononcé hier par le président de la République, Michel Aoun, devant le corps diplomatique réuni au palais de Baabda.« Ma volonté en tant que président du Liban est de consolider la formule libanaise fondée sur la diversité et le pluralisme, qui a prouvé à travers l'histoire sa capacité à surmonter les crises et les conflits internes et...

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