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Le monde en 2016 - Rétro 2016

L’irrépressible soif de renouveau des Américains

Avec l'élection de Donald Trump à la présidence américaine, une page est tournée, et un nouvel ordre mondial se profile.

Le président élu Donald Trump a organisé une tournée pour remercier ses électeurs d’avoir voté pour lui à la présidentielle américaine le 8 novembre. Ici, l’arrivée du milliardaire au Giant Center à Hershey, en Pennsylvanie, le 15 décembre. Photo AFP

De l'annonce de sa candidature à sa victoire inattendue à la présidentielle américaine, Donald Trump n'aura rien fait comme tout le monde. Sa campagne électorale ? Une succession de moments-chocs, d'accusations virulentes, de déclarations à l'emporte-pièce, de provocations, de scandales, d'insultes, de mises en scène hollywoodiennes dont raffolent tant les Américains. Le milliardaire américain faisait pourtant face à un poids lourd de l'establishment américain : Hillary Clinton. Sauf que l'ancienne secrétaire d'État est mal aimée d'une bonne partie des Américains. Impopulaire, elle est souvent qualifiée de froide, de dure et même de malhonnête.
La campagne de Mme Clinton, la plus chère de l'histoire, aura coûté plus d'un milliard de dollars, et sera d'ailleurs ponctuée de rebondissements plus mauvais les uns que les autres pour l'image de la candidate démocrate. La plus marquante reste celle de la messagerie privée qu'elle a préférée à celle officielle qui lui a été attribuée alors qu'elle était secrétaire d'État pendant le premier mandat de Barack Obama, soit entre 2008 et 2012. Le FBI ouvre une enquête, avant de la classer en juillet 2016. Mais la lettre de James Comey, le chef du FBI, aux membres du Congrès, annonçant la réouverture de l'enquête quelques jours seulement avant les élections en novembre, secoue durement la candidate et son entourage.

 

Désir de changement
Entre-temps, celui que pendant longtemps personne n'a sérieusement envisagé de considérer comme candidat présidentiel a fait des bonds de géant dans l'opinion publique. Malgré son manque d'expérience en politique, malgré ses propos désobligeants, voire injurieux, à l'encontre de sa rivale, des femmes, des musulmans et des minorités, il reste, pour nombre d'Américains, l'incarnation du changement. Largement sous-estimé par ses détracteurs, Hillary Clinton en tête, il est justement élu grâce à ce non-conformisme, devenu, entre une polémique et une autre, sa véritable marque de fabrique.
À l'heure où tant d'Américains ont soif de renouveau, Hillary Clinton se contente de mettre en avant son expérience, et prend pour acquis des États traditionnellement démocrates, comme le Michigan ou le Wisconsin, et dans lesquels elle ne se rendra pas une seule fois tout au long de sa campagne. Comme en 2008 face à Barack Obama, l'ancienne First Lady commet l'erreur de miser sur sa renommée, tout en ignorant les signaux d'alarme de la société américaine, de plus en plus clivée par divers dossiers, notamment l'immigration et les inégalités. Elle-même se dit d'ailleurs détachée « de la lutte de la classe moyenne » dans une allocution devant des représentants de banques d'affaires en 2014.
Pas étonnant donc que le discours direct et simple de Donald Trump, self-made -man et star de la télé réalité, plaise à l'Américain moyen. Il n'a pas seulement reçu un appui massif de ce que certains ont qualifié de « majorité silencieuse », soit un électorat blanc, sans diplôme supérieur, et masculin, qui estime que le milliardaire dit tout haut ce qu'ils pensent tous tout bas. Tout cela, d'ailleurs, fait penser à une revanche des laissés-pour-compte. De plus, M. Trump a également séduit les ménages aisés, pendant que les minorités boudaient Hillary Clinton. Une question demeure – et restera sans réponse : le milliardaire aurait-il gagné face au rival de la primaire de Mme Clinton, le sénateur du Vermont Bernie Sanders, particulièrement aimé par les jeunes et respecté par ces fameux laissés-pour-compte ?

 

Joe Bauers
De nombreux détracteurs de Donald Trump n'ont d'ailleurs pas hésité à établir une comparaison entre le milliardaire et le président Camacho, personnage du film du Mike Judge, Idiocracy. Ce film aujourd'hui culte, sorti en 2006, a pour personnage principal Joe Bauers, un Américain à l'intelligence très moyenne, cryogénisé dans le cadre d'une expérience militaire. Mais il est oublié et n'est réveillé que cinq siècle plus tard, en 2505. Sauf qu'il est trop tard : la race humaine a un QI si bas qu'il se trouve être l'homme le plus intelligent du monde. Comme Camacho, le président élu est devenu célèbre dans divers domaines, comme la télé réalité ou les affaires, mais pas en politique ; son langage est cru ; les informations qu'il véhicule dans certaines allocutions sont souvent fausses et frôlent l'absurde. Les similitudes entre le film et le phénomène Trump sont telles que le titre du film est devenu un hashtag sur Twitter...
En attendant d'en arriver là, il est certain qu'avec l'élection de Donald Trump à la présidence américaine, une page est tournée. Un nouvel ordre mondial se profile, un ordre dans lequel le président élu semble vouloir ménager la Russie, et prône l'isolationnisme des États-Unis. Quelles seront ses premières décisions, après son investiture le 20 janvier et, surtout, quelles conséquences auront-elles ? Un mot résume à lui seul la nouvelle ère qui s'annonce : l'incertitude.

De l'annonce de sa candidature à sa victoire inattendue à la présidentielle américaine, Donald Trump n'aura rien fait comme tout le monde. Sa campagne électorale ? Une succession de moments-chocs, d'accusations virulentes, de déclarations à l'emporte-pièce, de provocations, de scandales, d'insultes, de mises en scène hollywoodiennes dont raffolent tant les Américains. Le milliardaire...