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Le monde en 2016 - Rétro 2016

Les événements qui ont marqué l’année économique au Liban et dans le monde

En 2016, la Banque centrale du Liban a mené une série d'opérations d’ingénierie financière sur les entrées de capitaux. Selon le gouverneur de la BDL, Rida Salamé, les principaux objectifs de ces opérations ont été atteints. AFP/Joseph Barrak

Janvier :

La levée de l'embargo économique sur l'Iran scelle son retour sur le marché mondial
Le 16 janvier, six mois après l'accord nucléaire conclu à Vienne entre l'Iran et les pays du « P  5+1 » (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne), l'Agence internationale de l'énergie atomique donne son feu vert à la levée des sanctions économiques et financières internationales contre Téhéran. Cette décision marque le retour de l'Iran dans le système économique mondial et annonce une relance significative de l'économie du pays.
Toutefois, les États-Unis maintiennent des régimes de sanctions motivés par d'autres fondements (soutien au
«  terrorisme  », non-respect des droits de l'homme...), ce qui dissuade notamment les grandes banques internationales de revenir dans le pays. Début décembre, le Congrès américain renouvelle pour dix ans l'« Iran Sanction Act» au grand dam de Téhéran qui dénonce une violation de l'accord de Vienne.

 

Avril :

Les «  Panama papers  » font trembler la finance mondiale et ébranlent le secret bancaire libanais
Le 3 avril, les premiers articles sur les « Panama papers », une gigantesque fuite de documents confidentiels sur un système organisé de fraude fiscale via le cabinet panaméen Mossack Fonseca, sont publiés par des médias de près de 80 pays. Les retombées de ce scandale financier mettant en cause des milliers de personnalités internationales – dont des chefs d'État ou de gouvernement – ne se font pas attendre. Parmi elles, l'annonce dès la mi-avril par le G20, du rétablissement en juillet  2017 de sa liste noire des paradis fiscaux, pourtant supprimée en  2011, et celle d'une liste similaire établie par l'Union européenne (UE).
Face à la pression internationale, le Liban annonce à la mi-mai son adhésion au Forum mondial sur la transparence fiscale (FMTF) et surtout son engagement à appliquer la norme d'échange automatique d'informations fiscales de l'OCDE dès septembre 2018. Une décision qui se traduira de facto par la fin du secret bancaire pour les détenteurs de comptes non résidents.

 

Mai :

L'application des sanctions américaines contre le Hezbollah par les banques libanaises provoque des tensions
Le 3 mai, la Banque du Liban (BDL) émet une circulaire (n° 137) définissant les modalités d'application par le secteur bancaire des sanctions prévues contre le Hezbollah et ses soutiens financiers, votées en décembre 2015 par le Congrès américain. Si les comptes des 99 personnes ou institutions présentes sur la liste noire mise à jour en avril par le Trésor américain sont automatiquement clôturés, la circulaire n°137 soumet néanmoins la fermeture par les banques des autres comptes suspects à un quitus préalable de la Commission d'enquête spéciale, afin de limiter les mesures abusives.
Des garanties longtemps jugées insuffisantes par le parti chiite qui multiplie les invectives contre la BDL avant d'envoyer des signes d'apaisement quelques mois plus tard. C'est dans ce contexte de tensions qu'un attentat – non élucidé à ce jour – vise le 12 juin le siège de la Blom Bank à Verdun, sans faire de victimes.

 

Juin :

Le Brexit accentue l'incertitude pour l'économie mondiale
Le 24 juin, plus de 43 ans après l'adhésion du Royaume-Uni à la Communauté européenne, 52 % des Britanniques votent, à la surprise quasi générale, pour le « Leave », ramenant l'Union européenne (UE) à vingt-sept membres. Au-delà des retombées politiques et institutionnelles de ce séisme mal anticipé par ses partisans comme ses adversaires, le flou autour des négociations à venir pour définir les conditions de cette sortie accentue significativement les incertitudes sur la santé de l'économie mondiale.
Si l'économie britannique continue d'afficher en fin d'année des signes de vigueur très éloignés du cataclysme annoncé, le résultat de ce référendum intervient en effet dans une année trouble où les principaux moteurs de la croissance mondiale sont confrontés à des chocs de grande ampleur, dans un contexte déjà marqué par la chute des prix des matières premières et la montée annoncée d'une vague protectionniste généralisée. Malgré un rebond certain, l'économie américaine est ainsi appelée au saut dans l'inconnu que représente l'élection de Donald Trump le 8 novembre, à la présidence des États-Unis ; la zone euro doit aussi gérer les inquiétudes autour de la santé économique et financière de certains de ses membres, Italie en tête ; l'ampleur de l'endettement privé et la volatilité des marchés chinois demeurent scrutés par les investisseurs ; l'Inde doit absorber les effets de la démonétisation instaurée le 9 novembre par le Premier ministre Narendra Modi ; le Brésil ne parvient pas à sortir de la crise institutionnelle déclenchée par un immense scandale de corruption qui a provoqué la destitution, le 31 août, de sa présidente, Dilma Rousseff, et menace toujours son successeur, Michel Temer...

 

Août :

Au Liban, l'ingénierie financière de la Banque centrale dope les revenus des banques et la balance des paiements
À la fin du mois d'août, la balance des paiements libanaise enregistre un excédent pour la première fois depuis 2011. Ce solde positif de 366 millions de dollars sur les huit premiers mois de l'année traduit l'effet immédiat des opérations d'ingénierie financière menées les mois précédents par la BDL sur les entrées de capitaux, dont le bond de 36 % sur la période permet de compenser la dégradation continue du solde commercial du pays.
Mais l'amélioration des comptes extérieurs du pays n'est que l'un des effets de ces opérations monétaires hétérodoxes d'une ampleur exceptionnelle menées par la BDL avec le secteur bancaire. Entre mai et août, la BDL a cédé plus de 12 milliards de dollars de titres de dette publique en devises à des banques libanaises, qui les ont rachetés avec des devises préalablement rapatriées par leurs soins. Parallèlement, elle leur a également racheté des obligations publiques en livres pour un montant équivalent, avec un taux d'escompte de 0 %. Pour le gouverneur de la BDL, Riad Salamé, les principaux objectifs recherchés sont atteints : les réserves en devises de la BDL, malmenées par la conjoncture et ses interventions antérieures, atteignent un record historique, à plus de 40 milliards de dollars fin octobre ; tandis que la croissance des dépôts bancaires redécolle.
Cerise sur le gâteau pour les banques participantes : elles ont engrangé au total – tout comme la BDL – près de 5 milliards de dollars de revenus immédiats, avec toutefois l'obligation d'en provisionner une partie. Le montant réel de leurs profits réalisés tout comme l'emploi final des très importantes liquidités en livres qu'elles détiennent désormais figurent, eux, parmi les résultats qui restent à observer.

 

Octobre :

Le Parlement libanais vote de nouvelles lois de « nécessité » économique
Le 19 octobre, les députés libanais interrompent leur inactivité législative de deux ans et demi – à l'exception de deux séances en novembre 2015 – pour expédier le vote d'une vingtaine de lois dites de « nécessité » pour le pays, la plupart sans discussion préalable en commission et portant sur des sujets économiques.
Il s'agissait avant tout de se conformer in extremis aux engagements internationaux du pays en lui permettant de passer avec succès l'évaluation de son système d'échange d'informations sur demande par le FMTF et éviter ainsi le risque de se retrouver sur de futures listes noires de paradis fiscaux (voir plus haut). Pour obtenir ce quitus, finalement délivré le 4 novembre, les députés ont voté quatre textes portant respectivement sur la suppression des actions au porteur, l'obligation de déclarations d'activités fiduciaires pour un trust étranger, le critère de résidence fiscale des Libanais et la redéfinition de la procédure d'échange d'informations sur demande.
Parallèlement, les députés ont aussi jugé « nécessaire » de voter plusieurs lois autorisant l'État à continuer à emprunter ou dépenser sans budget (le dernier adopté étant celui de l'exercice 2006) ; de diminuer le montant des pénalités de retard de paiement de certaines taxes ; ou de ratifier certains accords techniques ou commerciaux bilatéraux...


Riyad bat un record avec son premier emprunt international
L'Arabie saoudite boucle, le 19 octobre, la plus importante émission d'obligations souveraines jamais réalisée par un pays émergent en empruntant 17,5 milliards de dollars, après avoir suscité une demande près de quatre fois supérieure à l'offre. Selon le cabinet londonien Capital Economics, cet emprunt pourrait suffire à lui seul à couvrir un tiers du déficit budgétaire attendu en 2017 et la quasi-totalité du déficit des comptes courants.
Son succès, dans un contexte d'incertitudes sur les revenus pétroliers saoudiens à long terme, constitue aussi une validation de l'ambitieux programme « Vision 2030 » présenté en avril par le vice-prince héritier Mohammad ben Salmane et visant à diversifier sensiblement l'économie du royaume. Incluant notamment la privatisation de 5 % du géant pétrolier public Aramco et la mise en place d'un fonds souverain de 2 000 milliards de dollars, ce plan s'accompagne de mesures d'austérité sans précédents. Affectant notamment des secteurs majeurs de l'économie, comme celui de la construction, où opère Saudi Oger – qui ne paie plus ses dizaines de milliers d'employés depuis plusieurs mois –, cette politique d'austérité inquiète aussi au Liban, fortement dépendant des remises de ses expatriés.

 

Novembre :

L'OPEP décide de limiter sa production de pétrole
Pour la première fois depuis 2008, les 14 pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) s'engagent, le 30 novembre à Vienne, à baisser leur production de brut de 1,2 million de barils par jour à compter de janvier 2017. Conclu à la surprise générale et après des semaines de tractations et de tensions, cet accord vise à endiguer la chute vertigineuse des cours du brut depuis deux ans. Une stratégie confortée par la signature, le 10 décembre, d'un accord entre le cartel et 11 autres pays – dont la Russie mais pas les États-Unis, le Canada et le Brésil – pour qu'ils réduisent à leur tour leur production de 558 000 bj.
Salué par les marchés – les cours gravitant à plus de 50 dollars le baril en fin d'année contre 30 en janvier –, cet accord de Vienne sanctionne aussi une nette victoire pour l'Iran, seul pays du cartel à pouvoir augmenter sa production (de 90 000 b/j) tandis que tous les autres – à l'exception du Nigeria et de la Libye, exemptés, et de l'Indonésie, qui l'a refusé – doivent baisser leur niveau de production d'environ 4,5 %.

Janvier :
La levée de l'embargo économique sur l'Iran scelle son retour sur le marché mondialLe 16 janvier, six mois après l'accord nucléaire conclu à Vienne entre l'Iran et les pays du « P  5+1 » (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni et Allemagne), l'Agence internationale de l'énergie atomique donne son feu vert à la levée des sanctions économiques et financières...