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À La Une - terrorisme

Deux jeunes Yazidies lauréates du prix Sakharov exhortent l'Europe à stopper les crimes jihadistes

Lamia Haji Bachar et Nadia Murad, qui avaient revêtu des coiffes traditionnelles pour la remise du prix, n'ont pu retenir leurs larmes dans l'hémicycle.

Le président du Parlement européen, Martin Schulz, décernant le 13 décembre 2016 le prix Sakharov à Lamia Haji Bachar et Nadia Murad (à gauche), deux jeunes femmes yézidies, rescapées des jihadistes du groupe Etat islamique. Photo AFP / FREDERICK FLORIN

Deux jeunes Yazidies d'Irak ont reçu mardi le prix Sakharov du Parlement européen, exhortant l'Europe à ne plus laisser commettre des crimes comme ceux dont elles ont été victimes et à traduire les chefs du groupe Etat islamique (EI) devant la justice internationale.

"Je vous demande instamment de nous promettre que jamais plus vous ne laisserez faire de telles choses, que ces criminels seront poursuivis et répondront de leurs actes", a lancé devant les députés européens Lamia Haji Bachar, âgée de 18 ans.

Disant se tourner vers l'Europe, "qui est un symbole d'humanité", sa camarade Nadia Murad, 23 ans, a appelé à la mise en place en Irak de "zones protégées par la communauté internationale, avec la participation du gouvernement irakien et du gouvernement de la province du Kurdistan".
"Si le monde n'est pas capable de nous protéger sur nos terres, je vous invite vous, Européens, à ouvrir vos portes afin d'offrir un refuge à 500.000 Yazidis d'Irak pour organiser une migration telle que celle qui a suivi l'Holocauste", a-t-elle poursuivi.

Les deux jeunes femmes, qui avaient revêtu des coiffes traditionnelles pour la remise du prix, n'ont pu retenir leurs larmes dans l'hémicycle. Toutes deux sont devenues des porte-parole de la communauté yazidie, minorité kurdophone persécutée par les jihadistes, après avoir été forcées à l'esclavage sexuel par l'EI et avoir réussi à s'enfuir.

Lamia Haji Bachar, qui a été défigurée par une mine lors de sa fuite, était accompagnée par son petit frère, qu'elle avait retrouvé la veille seulement.
"Cela ne fait aucune doute, Daech (acronyme arabe de l'EI, ndlr) a commis un génocide de masse", a insisté Nadia Murad. "Daech souhaitait prendre notre honneur mais ils ont perdu leur honneur et vous, vous nous avez rendu cet honneur", a-t-elle dit aux eurodéputés, remerciant aussi "de tout cœur l'Allemagne" pour l'accueil réservé à de nombreux Yazidis qui ont fui les persécutions.

 

(Lire aussi : Nadia Murad et Lamia Haji Bachar, d'esclaves sexuelles de l'EI à porte-paroles des Yazidis)

 

Génocide
Nommée mi-septembre ambassadrice de l'Onu pour la dignité des victimes du trafic d'êtres humains, Nadia Murad milite pour que les persécutions commises en 2014 contre les Yazidis soient considérées comme un génocide.

"Nous devons lutter contre le terrorisme, assécher ses sources et travailler avec la communauté islamique aux quatre coins du monde afin qu'elle puisse modifier les enseignements de l'islam et faire des mosquées un lieu de miséricorde, d'amour, de paix, sans extrémisme", a également plaidé Nadia Murad.

 

 

Les deux jeunes femmes ont exprimé l'espoir que le prix sakharov "pour la liberté de l'esprit" aide à changer la perception des réfugiés auprès des citoyens européens.
"Votre lutte est notre lutte", a assuré le président du Parlement européen Martin Schulz, disant soutenir "leur demande devant les Nations unies" et le principe de poursuites des chefs de l'EI devant la Cour pénale internationale (CPI).
"Nous sommes une communauté démocratique d'une partie protégée de ce monde et parfois nous ne donnons pas assez de protection à ces gens-là et c'est une honte, c'est insupportable", a-t-il déploré.

Nadia Murad et Lamia Haji Bachar sont toutes deux originaires du village de Kocho, près de Sinjar, dans le nord de l'Irak. Selon les leaders de leur communauté, jusqu'à 3.000 femmes yazidies seraient toujours entre les mains des jihadistes.

 

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