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À La Une - reportage

Les quartiers prorégime d'Alep frappés aussi par la mort

"Tu crois vivre en sécurité, mais tu ne sais ce qui va arriver dans les cinq minutes, un obus, une roquette, ça peut tomber n'importe quand. Franchement, nous sommes fatigués", déplore un habitant.

En 2016, 1.330 personnes ont été tuées dans l'ouest d'Alep dont 85% par des obus et le reste par des tireurs embusqués, a indiqué à l'AFP le responsable sanitaire de la ville, Fawaz Hajo. REUTERS/Abdalrhman Ismail

Allongé sur le lit d'un hôpital d'un quartier gouvernemental d'Alep, le jeune Dhiaeddine ne peut que ciller des yeux car son corps est paralysé après avoir été touché à la colonne vertébrale par des éclats d'obus.
Les groupes rebelles d'Alep, qui se sont emparés en 2012 de l'est de la deuxième ville de Syrie, ont récemment intensifié leurs bombardements sur les quartiers ouest aux mains du régime, après le lancement d'une offensive d'envergure menée contre eux par les forces progouvernementales.

"J'ai été touché en allant au travail dans le quartier de Mayssaloun", raconte Dhiaeddine Hassan, 14 ans, allongé sur un lit, dans l'hôpital Razi, à Alep-Ouest. "J'ai arrêté l'école il y a deux ans parce que les obus de mortier n'arrêtaient pas de tomber. L'un d'eux est même tombé dans la cour et quatre de mes camarades ont été blessés. Maintenant, c'est mon tour", ajoute l'adolescent qui avait trouvé du travail dans un atelier de couture pour nourrir sa famille.

A son chevet, sa mère le regarde avec tendresse.
"J'avais peur pour lui chaque fois qu'il allait travailler", dit-elle, ajoutant avoir essayé en vain de le dissuader de sortir quand les obus pleuvaient. "Je devais aller travailler parce que, sinon, nous n'avions pas de quoi manger", se défend Dhia, qui dit que de toutes les façons aucun endroit n'était sûr. "Les obus tombaient partout et un projectile aurait pu atteindre notre maison", ajoute-t-il.

(Lire aussi : À Alep-Est : « Croyez-moi, hier, j'ai compris ce que c'est que l'enfer »)

 

"Le sort s'acharne"
Sur le lit d'en face, le sort de Jamila, 23 ans, n'est pas plus enviable. Elle étendait du linge sur son balcon dans le quartier al-Izaa lorsqu'elle a fait une chute de trois étages en raison du souffle d'un obus.
"L'obus est tombé la nuit et j'étais seule. Je me suis effondrée et j'ai crié à l'aide", raconte sa mère, Salha Abderrahmane, 68 ans. Ce sont les voisins qui ont finalement transporté sa fille à l'hôpital.
"Que puis-je faire? Je suis seule et je ne sais pas où nous pourrons habiter en sortant de l'hôpital (...) Notre maison a été gravement endommagée. Les portes ont été arrachées, les murs se sont effondrés. Elle est inhabitable", ajoute-t-elle.

Jamila est aussi paralysée : sa colonne vertébrale, son bassin et sa jambe ont été brisés.
Dans le quartier d'al-Macharqua, un immeuble de quatre étages a été fendu en deux par un missile. La façade s'est effondrée, provoquant la mort de huit personnes dont quatre femmes, selon un voisin.
"Nous regardions la télévision après le dîner quand nous avons entendu un énorme fracas, juste avant que le toit ne s'effondre", raconte Safaa Kabbani, 30 ans, qui a été blessée à la tête.
"Je ne sais pas comment j'ai pu porter mon fils (de deux ans) et comment je suis sortie. Le sang coulait sur mon visage", raconte cette mère de trois enfants qui s'était installée dans l'immeuble après avoir déjà déménagé à trois reprises à cause de la guerre. "Le sort s'acharne, quel que soit l'endroit où on tente de se cacher", dit-elle, lasse.

(Lire aussi : Bana Al-Abed, une fillette qui "tweete" d'Alep, forcée de fuir à l'approche de l'armée)

 

"Tu crois vivre en sécurité"
Depuis, les enfants sont "terrorisés", dit Safaa.
"Tu crois vivre en sécurité (dans les quartiers gouvernementaux), mais tu ne sais ce qui va arriver dans les cinq minutes, un obus, une roquette, ça peut tomber n'importe quand. Franchement, nous sommes fatigués", confie son frère Abou Abdou, 40 ans.

Fin novembre, en entrant dans le quartier rebelle de Massaken Hanano, l'armée a découvert un dépôt où les insurgés fabriquaient et entreposaient des roquettes artisanales.
Selon un responsable militaire du génie, ce dépôt était utilisé "pour remplir d'explosifs des cartouches d'artillerie et des bouteilles de gaz, une arme surnommée "les canons du diable". "Ces projectiles n'ont aucune précision et ils peuvent être fabriqués très facilement", explique-t-il aux journalistes.

Radwane Qahwatiya, directeur adjoint de l'hôpital al-Razi, affirme que le flot des blessés dans son établissement "n'a jamais cessé". "Nous recevons quotidiennement 150 blessés par jour et des fois 50 en seulement en une demi-heure", dit-il à l'AFP. Parfois, les blessés arrivent en "si grand nombre que les employés n'ont même pas le temps de nettoyer les flaques de sang avant qu'une nouvelle vague de victimes arrive", dit-il.

En 2016, 1.330 personnes ont été tuées dans l'ouest d'Alep dont 85% par des obus et le reste par des tireurs embusqués, a indiqué de son côté à l'AFP le responsable sanitaire de la ville, Fawaz Hajo.

 

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commentaires (1)

Le dernier coup de griffe de la chatte acculée. Quand les bactéries wahabites seront réduites au silence total, on pourra déjeuner en paix , même à Paris.

FRIK-A-FRAK

15 h 21, le 08 décembre 2016

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Commentaires (1)

  • Le dernier coup de griffe de la chatte acculée. Quand les bactéries wahabites seront réduites au silence total, on pourra déjeuner en paix , même à Paris.

    FRIK-A-FRAK

    15 h 21, le 08 décembre 2016

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