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Moyen Orient et Monde - Conflit

Dans les négociations, les Chypriotes, grecs et turcs, ne pèsent que très peu

L'espoir d'un accord sur l'unification se heurte à l'échec continu des discussions.

Les deux délégations chypriotes à la même table de négociations, fin novembre, en Suisse. Fabrice Coffrini/AFP

C'est la déception qui domine cette semaine après le nouveau coup d'arrêt porté aux négociations sur la réunification chypriote, à Mont Pèlerin en Suisse. En effet, après la reprise du dialogue en mai 2015 et la bonne volonté affichée par les deux parties (nord turque et sud grecque), beaucoup espéraient que les discussions qui ont eu lieu fin novembre continuent sur la lancée des précédents rounds de discussions.

Mais avec l'arrivée à l'ordre du jour des sujets sensibles sur la sécurité et le territoire, les désaccords semblent avoir pris le dessus. À ce titre, au lendemain des discussions, le président chypriote grec Nicos Anastasiades et le dirigeant chypriote turc Mustafa Akinci se rejetaient la responsabilité de l'échec des négociations par médias interposés.
Chypre est divisée depuis l'invasion en 1974 par l'armée turque de la partie nord de l'île en réaction à un coup d'État visant à rattacher le pays à la Grèce.

Lundi, l'émissaire de l'ONU pour Chypre Espen Barth Eide s'est entretenu avec les deux dirigeants chypriotes pour tenter de ranimer les négociations. « Nous travaillons actuellement à faire en sorte de rétablir l'élan qui s'est créé, mais c'est une décision qui doit être prise par les dirigeants » de l'île, a-t-il affirmé.
Si aucune nouvelle date n'a été fixée pour la reprise des discussions, le constat d'échec n'est cependant pas encore à l'ordre du jour. Les négociations ne font qu'entrer dans le vif du sujet.

 

(Pour mémoire : 40 ans après, Chypre se bat toujours pour retrouver ses disparus)

 

Un « nœud gordien »
Le 7 novembre dernier, à la veille de l'avant-dernier round de discussions, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, mesurait le défi qui attendait les Chypriotes turcs et grecs en évoquant le « nombre de sujets sensibles et difficiles » restant à régler pour les négociations de « la dernière chance ». Il soulignait également « l'avancée significative » des dix-huit derniers mois, notamment en termes de gouvernance et de partage du pouvoir. Ces déclarations encourageantes faisaient écho à la volonté des deux camps de trouver un accord avant la fin de l'année 2016, après 42 ans de séparation.

Or, comme souvent depuis 2004 et le plan Annan, la première initiative de négociation sous l'égide de l'Onu, les discussions n'ont pas survécu aux divergences sur le retour et le dédommagement des quelque 200 000 Chypriotes grecs chassés de la partie nord de l'île à l'arrivée des forces turques en 1974. Ce dernier point fait en effet figure de « nœud gordien » à chaque round de négociations. À noter qu'au lendemain des négociations, figuraient dans les journaux de l'île de plus importantes précisions sur le sujet. L'Onu a en effet estimé qu'entre 78 000 et 95 000 déplacés pourraient retourner dans le Nord parmi les 200 000 initiaux, chose que ne voudrait pas entendre le camp chypriote turc dont la meilleure proposition plafonnerait à 65 000. Par ailleurs, sur les questions de territoire, en vue de la création d'une fédération unie sur l'île, la superficie de la région septentrionale où vivent les Turcs passerait des 36 % actuels à 29,2 %, selon les meilleures propositions du camp de Mustafa Akinci. Or les Grecs n'accepteraient un deal que pour une superficie maximale de 28,2 %.

 

(Lire aussi : Négociations cruciales en Suisse pour réunifier Chypre)

 

Une solution est-elle possible ?
Interrogé par L'Orient-Le Jour, Hubert Faustmann, professeur d'histoire et de sciences politiques à l'Université de Nicosie, indique que « les Turcs sont plus désespérés que les Grecs pour obtenir un accord. Les Grecs sont beaucoup plus sceptiques, notamment car ils ont plus perdu que les Turcs avec la partition de l'île ». Malgré la « bonne dynamique » ou la « bonne volonté », force est de constater qu'aujourd'hui, et ce depuis le début des discussions en 2004, personne ne sait ce que l'avenir réserve pour l'avancée des négociations et le problème chypriote en général.

À ce sujet, Nicolas Kazarian, chercheur associé à l'Iris et auteur de Chypre, géopolitique et minorités, indique à L'Orient-Le Jour « qu'il faut être très prudent lorsqu'il s'agit de Chypre et de la recherche d'un accord sur sa réunification. En effet, on ne compte plus les cycles de négociations (...) Pour dénouer le nœud gordien de la question chypriote, il faut avant tout comprendre qu'il ne s'agit pas que d'une opposition entre deux communautés, divisées territorialement depuis l'invasion turque de 1974, mais d'une équation géopolitique complexe dans laquelle les Chypriotes, grecs et turcs, ne pèsent que très peu. En effet, le petit million d'habitants de l'île a du mal à faire valoir ses intérêts propres face à l'Angleterre, à la Grèce, à la Russie, à la Turquie ou à l'Union européenne ».

En effet, le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Kotzias, a réaffirmé dimanche qu'un règlement à Chypre était conditionné au retrait des troupes turques stationnées sur l'île. Tout accord pour mettre fin à la division de l'île doit inclure une « clause » prévoyant le départ des troupes turques, a-t-il relevé, ajoutant qu'Athènes n'exigeait pas un retrait « du jour au lendemain », mais dans un délai « adéquat ».

À noter également qu'Ankara, seule capitale à reconnaître la République turque de Chypre du Nord (RTCN), souffle le chaud et le froid, en fonction de ses relations avec l'Union européenne. Le dernier putsch raté en Turquie semble aussi avoir été une occasion pour le président Erdogan de hausser le ton sur cette question.
Ainsi la résolution du problème n'émanera pas que d'un accord entre le nord et le sud de l'île sur le nombre de déplacés, mais aussi de la convergence des intérêts de toutes les parties prenantes.

 

 

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ILS ONT LE HEZBOTURC...

JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

07 h 33, le 02 décembre 2016

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Commentaires (1)

  • ILS ONT LE HEZBOTURC...

    JE SUIS PARTOUT CENSURE POUR AVOIR BLAMER GEAGEA

    07 h 33, le 02 décembre 2016

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