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Moyen Orient et Monde - USA

Laminé par la défaite de Clinton, le Parti démocrate veut renouer avec les cols bleus

Les démocrates du Sénat ont élu hier Chuck Schumer (centre) à leur tête, un poste d’où il mènera l’opposition au président républicain Donald Trump à partir de janvier. Carlos Barria/Reuters

Exclu du pouvoir après la défaite d'Hillary Clinton à l'élection présidentielle, le Parti démocrate américain est en plein examen de conscience pour tenter de renouer avec un électorat négligé : les Américains blancs déçus de la mondialisation.
« Nous nous sommes pris une raclée, a reconnu l'élu du Congrès G.K. Butterfield dans un Capitole en ébullition, à Washington. Nous devons nous recalibrer et décider de la façon d'avancer. C'est comme la mort : il faut passer par plusieurs étapes de deuil. » Pour la première fois depuis 2006, les démocrates sont hors de la Maison-Blanche et minoritaires dans les deux chambres du Congrès. Hillary Clinton se refuse à faire un mea culpa, mais les démocrates, qui entendent reprendre l'avantage aux élections de 2018 et de 2020, le font volontiers à sa place.
Le diagnostic s'étale sur les cartes électorales qui analysent les résultats du scrutin du 8 novembre. Dans les régions industrielles du Midwest et des Grands Lacs, de la Pennsylvanie au Wisconsin en passant par l'Ohio et le Michigan, les électeurs blancs ont massivement voté pour Donald Trump. La coalition tant célébrée de minorités, notamment noire et hispanique, n'a pas suffi pour contrer la vague d'ouvriers et d'employés blancs non qualifiés pro-Trump. Au total dans le pays, 67 % ont voté pour le républicain, selon les sondages de sorties d'urnes. « Nous devons parler aux cols bleus. Nous avons besoin que les travailleurs cols bleus votent bleu », martèle Tim Ryan, un élu de 43 ans représentant une circonscription de l'Ohio, épicentre du séisme Trump. Le bleu est la couleur des démocrates aux États-Unis. « Pour y parvenir, il faut que le message et le messager créent un lien avec eux », lâche-t-il, dans une critique en filigrane de la porte-flambeau de 2016, Hillary Clinton, perçue par beaucoup comme une représentante de l'establishment par excellence après ses trois décennies de vie publique. « Donald Trump a réussi à exploiter l'anxiété économique avec son message protectionniste, notait l'élu new-yorkais Hakeem Jeffries sur la chaîne parlementaire. Nous devons changer notre façon de communiquer, car c'est nous qui avons les bonnes idées, mais les gens ne l'entendent pas assez. »

Bataille de chefs
La reconstruction devra commencer par les instances dirigeantes du parti à Washington, et la course est ouverte. « J'espère sincèrement qu'on va passer un coup de balai dans ce parti. Il faut qu'ils s'en aillent tous », a dit le réalisateur militant Michael Moore sur CNN ce week-end. L'un des candidats en vogue s'appelle Keith Ellison, l'un des premiers élus du Congrès à avoir soutenu Bernie Sanders durant les primaires présidentielles contre Hillary Clinton – un choix osé à l'époque, quand tout l'establishment du Parti démocrate soutenait la favorite. « Cela ne suffit pas de demander aux électeurs leurs voix tous les deux ans, a-t-il argumenté en annonçant sa candidature. Nous devons les épauler à chaque fois qu'ils perdent un salaire ou lorsque les frais de scolarité augmentent. » Mais le « congressman » Ellison, un Noir musulman, vient d'une circonscription urbaine du Minnesota qui ne ressemble pas aux terres rurales et aux banlieues que les démocrates voudraient reconquérir. Un autre candidat déclaré est un revenant populiste, Howard Dean, candidat malheureux aux primaires présidentielles de 2004.
L'autre match se déroule dans les couloirs de marbre du Congrès, centre névralgique de la politique américaine. Les démocrates de la Chambre des représentants doivent, comme c'est l'usage, se choisir un chef de groupe, un poste occupé par Nancy Pelosi, 76 ans, élue de la capitale progressiste San Francisco. Mais son adoubement prévu cette semaine n'a pas eu lieu, et les élections internes ont été repoussées au 30 novembre. Tim Ryan, l'élu de l'Ohio de 43 ans qui veut reparler aux cols bleus, pourrait lui contester la place et symboliser un changement de génération.
Dans cette nécessaire refondation, le président sortant, Barack Obama, a souhaité « voir de nouvelles voix et de nouvelles idées émerger ». Une solution pour le renouveau passe selon lui par un nouveau maillage du territoire par les démocrates – pas seulement les grands centres urbains où le parti a eu tendance à se recroqueviller.
De leur côté, les démocrates du Sénat ont élu hier Chuck Schumer à leur tête, un poste d'où il mènera l'opposition au président républicain Donald Trump à partir de janvier. Bernie Sanders, le sénateur indépendant et socialiste du Vermont qui défia Hillary Clinton aux primaires présidentielles, a quant à lui fait son entrée dans l'équipe de direction, signe que les démocrates ont tiré la leçon de la défaite d'Hillary Clinton à l'élection présidentielle de la semaine dernière.
Ivan Couronne/AFP

Exclu du pouvoir après la défaite d'Hillary Clinton à l'élection présidentielle, le Parti démocrate américain est en plein examen de conscience pour tenter de renouer avec un électorat négligé : les Américains blancs déçus de la mondialisation.« Nous nous sommes pris une raclée, a reconnu l'élu du Congrès G.K. Butterfield dans un Capitole en ébullition, à Washington. Nous...

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