Des chefs jihadistes ont quitté Mossoul, a affirmé un général américain mercredi au troisième jour d'une offensive des forces irakiennes, qui s'apprêtent à lancer jeudi plusieurs assauts autour du dernier bastion du groupe Etat islamique (EI) en Irak.
Depuis lundi, les forces fédérales et kurdes irakiennes ont fait de rapides progrès, se rapprochant depuis plusieurs directions de la deuxième ville d'Irak. Elles sont appuyées par la coalition internationale dirigée par Washington qui, outre son aviation, a des militaires sur le terrain pour les conseiller.
Selon un général américain de cette coalition, Gary Volesky, "des responsables (de l'EI) ont quitté" la ville et ce sont des jihadistes étrangers "qui resteront et combattront" à Mossoul.
Mais avant d'atteindre les abords directs de Mossoul, où 3.000 à 4.500 combattants seraient retranchés, les forces irakiennes doivent s'emparer de territoires contrôlés par l'EI tout autour de la cité. Cette bataille sera "difficile" a prévenu le président américain Barack Obama et pourrait même durer des mois selon des responsables irakiens.
A Moscou, le chef d'état-major de l'armée russe a prévenu que l'offensive sur Mossoul ne devait pas avoir pour effet de "chasser les terroristes" de l'EI d'Irak vers la Syrie, où la Russie soutient militairement le régime de Bachar el-Assad..
Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi s'est rendu sur la ligne de front mercredi, dans les environs de Mossoul, où des soldats et policiers irakiens et des combattants kurdes et autres s'apprêtent à lancer jeudi des assauts depuis plusieurs directions
Dans la ville même, des centaines de milliers de civils vivent depuis lundi au rythme des frappes aériennes contre l'EI. "On entend des explosions énormes mais je ne sais pas quelles sont les cibles", a affirmé à l'AFP Abou Saïf, un résident de 47 ans joint par téléphone. "Beaucoup de familles commencent à manquer de certains produits alimentaires de base, il n'y a plus de commerce à Mossoul, la ville est coupée du monde".
Abou Imad, un autre habitant, a, lui, fait état de hausses des prix et de dévaluation du dinar irakien au marché noir.
Les habitants joints par l'AFP affirment en outre que de nombreuses rues sont fermées à la circulation la nuit et à moitié vide en journée.
(Lire aussi : La perte de Mossoul pourrait sonner la fin du rêve du "califat" de l'EI)
"Portée symbolique"
A 15 km au sud-est de Mossoul, les forces fédérales sont entrées mardi dans plusieurs quartiers de la ville chrétienne de Qaraqosh, suscitant des manifestations de joie parmi les chrétiens de la région réfugiés à Erbil, dans la région autonome du Kurdistan irakien, toute proche.
Des officiers du contre-terrorisme irakien ont affirmé à l'AFP que leurs forces étaient en passe de chasser les jihadistes de cette ville. "Nous encerclons Hamdaniya", le district dans lequel se trouve Qaraqosh, a déclaré à l'AFP le lieutenant Riyadh Tawfiq, commandant des forces terrestres irakiennes, depuis la base de Qayyarah, d'où est organisé le gros de l'offensive vers Mossoul. "Nous préparons un plan pour lancer un assaut et nettoyer" la ville, a-t-il dit. "Il y a des poches (de résistance), des combats, ils (les jihadistes) envoient des voitures piégées mais cela ne les aidera pas".
Environ 50.000 personnes vivait à Qaraqosh avant l'arrivée des jihadistes en 2014.
C'était le lieu en Irak "où il y avait le plus de chrétiens au même endroit", selon Faraj Benoit Camurat, président de Fraternité en Irak, une ONG qui soutient les minorités en Irak. Sa prise aurait donc "une portée symbolique importante" pour les chrétiens d'Irak, qui seraient maintenant moins de 350.000.
(Lire aussi : "Reprendre Mossoul signifie un retour chez moi, chez ma famille et mon peuple")
Longues barbes
Les forces impliquées dans l'offensive sur Mossoul avancent sur deux axes, depuis Qayyarah, au sud, et depuis Khazir, à l'est, et des commandants irakiens ont assuré que des dizaines de villages avaient été repris.
Selon un journaliste de l'AFP, des familles ayant retrouvé leur liberté de mouvement pour la première fois depuis deux ans se sont approchées avec prudence des forces de sécurité irakiennes, agitant un drapeau blanc alors que d'autres restaient dans leurs maisons.
La plupart des hommes de la ville portaient de longues barbes parce que l'EI leur interdisait de se raser. L'un d'eux a demandé à un policier une cigarette. Fumer était banni sous la férule de l'EI.
Mercredi, les forces irakiennes atteignaient le village de Bajwaniyah, à 30 km au sud de Mossoul.
(Lire aussi : L’Europe craint le retour de jihadistes de Mossoul)
Le sort des habitants de Mossoul et des localités proches inquiète l'Onu et des ONG, et les Etats-Unis ont déclaré que les jihadistes de l'EI retenaient les civils "contre leur gré" et s'en servaient comme "boucliers humains".
Environ 200.000 personnes pourraient être déplacées "dans les deux premières semaines", un chiffre susceptible d'augmenter de façon significative au fur et à mesure de l'avancée de l'offensive, selon l'Onu.
Jusqu'à présent, seulement quelques dizaines de familles ont pu fuir Mossoul depuis le début de l'opération.
Mais des groupes plus importants de personnes ont fui des zones autour de la métropole et trouvé refuge dans des secteurs plus sûrs, y compris en Syrie voisine, pourtant en guerre.
"Des milliers d'Irakiens fuient vers un camp de réfugiés syrien (...) bondé", a indiqué mercredi l'ONG Save the Children. Selon l'ONG, 5.000 civils sont arrivés ces dix derniers jours dans ce camp à Al-Hol, situé à quelques kilomètres de la frontière irakienne.
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13 h 19, le 19 octobre 2016