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Culture - Musique

Le punk n’est pas mort et Khodor Ellaik ne dort jamais

« Dream Kids Never Sleep », son nouveau projet solo, est, comme toujours avec cet artiste, puissant, avec une forte personnalité, à l'image de son leader.

Kid Fourteen sur la scène du festival Wickerpark. Photo Roland Ragi

La musique punk a sa biographie, qui s'appelle Please Kill Me. On y apprend que le punk n'est pas né à Londres dans la boutique de Vivienne Westwood avec les Sex Pistols – «Surtout pas!», dirons les puristes –, mais bien à New York dans les années 60, dans ses bas-fonds, parmi le milieu artistique underground et nourri aux substances toujours illicites. Le punk y est décrit non pas comme un hymne pauvrement antiroyaliste, antigouvernement voire antiestablishment, mais bien comme un style de vie, un positionnement social, un style de survie. Une des figures majeures de ce mouvement est Iggy Pop, qui vient de faire un concert au Yoyo à Paris et dont on se demande comment il est toujours en vie. Khodor Ellaik, l'homme derrière Kid Fourteen, est du même acabit que l'iguane. Un survivant, marqué au visage, le corps lourdement tatoué – bien avant que cela ne soit terriblement graphique et fashion – et au parcours semé d'aventures, de rencontres, de voyages et d'expériences.

Né en 1987 en Arabie saoudite, Khodor rentre au Liban et y grandit chez sa grand-mère. Même s'il suit une formation en arts graphiques, il passe plus de temps avec ses amis dans la rue à y mener une vie libre, faite d'expériences et de rencontres en tout genre. Hamra est son royaume et la liberté son modus operandi. Il formera le seul groupe punk libanais connu à ce jour, Beirut Scum Society, ce qui en dit long sur ce qu'il pense du monde qui l'entoure. Organisé autour du réglementaire chant/guitare/basse/batterie avec respectivement Khodor, Karim Chamseddine, Ghassan Salman et Karam Saad, les influences se trouvent du côté du punk et du rockabilly, plutôt US années 50 Elvis Presley ou Gene Vincent que anglais années 80 Stray Cats, trop commerciaux à leurs goûts. Pour ce qui est des personnalités, Khodor s'inspire de Joe Strummer, chanteur des légendaires The Clash, et d'Alan Vega, fondateur et chanteur du groupe Suicide. Deux personnalités, deux nationalités, deux religions, deux visions, deux approches musicales véritablement différentes mais qui se rejoignent dans leur refus du compromis et leur jusqu'au-boutisme. Social pour Strummer, qui passera sa carrière à se battre contre les injustices sociales grâce à son punk rock, et artistique pour Vega, qui passera aussi sa carrière à tenter d'imposer sa vision du chant disons très personnelle et sa vision artistique extrême, voire extrémiste, au travers de son punk électronique.

 

Il vole vers Vega
Kid Fourteen, premier projet solo de Ellaik, est le fruit de ce mélange et de l'association de ces deux styles musicaux. Effectivement, son chant se rapproche de celui d'Alan Vega, rappelant aussi les meilleures heures de l'électro belge du début des années 80-90 avec des groupes comme The Neon Judgement ou A Split Second. Pour la première fois, et parce qu'il est enfin seul aux commandes, l'injection de l'électronique dans le rock habituel de Ellaik lui donne un nouvel élan créatif et lui ouvre les portes d'un public plus facile à intéresser en 2016. Car Ellaik a toujours tracé sa route seul, ne faisant partie d'aucune famille musicale, ne pouvant partager ses goûts avec aucun autre musicien à part ceux qui formaient ses deux groupes, Beirut Scum Society puis Friendly Faces. Alors que le CD sort ce mois-ci sur le label de Ziad Nawfal, Ruptured, Kid Fourteen avait rodé ses chansons sur de nombreuses scènes libanaises et étrangères. Ses prestations remarquées à The Garten pour les Shoreline Sessions et à Wickerpark avaient été précédées par des participations au festival «Incubate» en Hollande et «Waveteef» en Belgique.
Kid Fourteen tient son nom de l'âge auquel Khodor Ellaik a eu la cicatrice qui barre son visage de haut en bas. Contrairement à sa musique qu'il veut partager avec le plus grand nombre, l'origine de la cicatrice restera un mystère, mais participera à la construction de la très forte personnalité du chanteur.

La musique punk a sa biographie, qui s'appelle Please Kill Me. On y apprend que le punk n'est pas né à Londres dans la boutique de Vivienne Westwood avec les Sex Pistols – «Surtout pas!», dirons les puristes –, mais bien à New York dans les années 60, dans ses bas-fonds, parmi le milieu artistique underground et nourri aux substances toujours illicites. Le punk y est décrit non pas...

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