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Moyen Orient et Monde - Conflit

L’Irak face à mille et un défis pour reprendre Mossoul à l’EI

Charqat vient d'être libérée par les forces gouvernementales.

Des membres des forces de sécurité irakiennes patrouillent dans les rues de Fallouja reprises des mains du groupe EI, le 23 juin 2016. Haidar Mohammad-Ali/AFP archives

Le gouvernement irakien a promis de reprendre Mossoul aux jihadistes du groupe État islamique (EI) d'ici à la fin de l'année, mais d'immenses défis restent à relever avant la reconquête de la deuxième ville du pays.
Les forces irakiennes ont encore avancé hier avec la prise de Charqat, une ville à 80 km au sud de Mossoul située près des routes de ravitaillement qui devront être utilisées par l'armée lorsqu'elle lancera son offensive contre le bastion de l'EI. Située dans le nord de l'Irak, sur les bords du fleuve Tigre, Mossoul constitue l'objectif suprême de Bagdad dans la guerre contre les extrémistes de l'EI qui s'étaient emparés de vastes portions de territoires en 2014.
Après la reconquête par les forces irakiennes des villes de Tikrit, Ramadi et Fallouja, grâce au soutien aérien d'une coalition internationale conduite par Washington, de hauts responsables militaires américains ont laissé entendre que l'offensive finale sur Mossoul pourrait débuter le mois prochain.
Le chef d'état-major interarmées américain, le général Joseph Dunford, a estimé que les forces irakiennes seraient prêtes « d'ici au début octobre ». Le Premier ministre irakien Haider el-Abadi a, lui, promis que la cité serait reprise d'ici à fin 2016 même s'il tient à garder un effet de surprise sur le début effectif de l'assaut. Bagdad devra toutefois résoudre une multitude de défis, aussi bien politiques, militaires qu'humanitaires, avant une éventuelle victoire à Mossoul. Même si l'offensive finale était lancée le mois prochain, il faudra des semaines, voire des mois avant que la ville tombe, estiment des experts.
« Le plus important (défi) sera la coordination entre les différentes forces armées qui participeront à la bataille », a indiqué à l'AFP l'expert irakien sur les questions de sécurité Jassim Hanoon.
L'armée irakienne, des forces de police, des groupes paramilitaires chiites alliés au gouvernement ainsi que des combattants kurdes irakiens répondant aux autorités de cette région autonome prendront part à la bataille. Or, ces forces n'ont jamais mené d'opérations toutes ensembles et elles n'ont pas de structure de commandement unifié.

Défi humanitaire
Sur le plan humanitaire, environ 600 000 personnes pourraient être forcées de quitter leur foyer lors de la bataille, selon des estimations données par des sources militaires et humanitaires.
« Les agences humanitaires ont entamé une course contre la montre afin de se préparer à parer aux conséquences d'une campagne militaire » sur les civils, a souligné l'Onu.
Une fois l'opération lancée, les forces irakiennes devront traverser les lignes de défense de l'EI et parcourir des dizaines de kilomètres pour arriver au cœur de Mossoul. Si elles utilisent la même stratégie que pour reprendre Ramadi ou Fallouja, elles encercleront la ville avant de lancer l'assaut final.
Mais l'EI pourrait tenter d'utiliser des armes chimiques dans la bataille. Des soldats américains ont détecté la possible présence d'agent moutarde sur une munition tirée sur eux par des combattants de l'EI dans le nord de l'Irak, a indiqué mercredi un responsable militaire américain.

Opérations déjà en cours
Le général américain Dunford a estimé que le calendrier de la bataille « dépend maintenant d'une décision politique du Premier ministre Haider el-Abadi », mais la situation est plus complexe.
Les combattants kurdes irakiens joueront un rôle majeur dans l'opération, toutefois ces derniers prennent leurs ordres des autorités du Kurdistan, une région autonome du nord de l'Irak. Or, Kurdes et gouvernement irakien se disputent sur qui gérera certains territoires en cas de victoire à Mossoul.
Un autre point épineux à résoudre sera le rôle des groupes paramilitaires chiites des Unités de la mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi). Ces derniers sont dominés par des milices qui répondent officiellement au Premier ministre irakien, mais dans les faits opèrent de manière indépendante ou sous les ordres de l'Iran. Les responsables politiques sunnites s'opposent à une entrée de ces milices à Mossoul, une ville majoritairement sunnite.
Si la date de l'offensive finale reste toujours mystérieuse, la préparation de la bataille est en cours depuis des mois. L'Irak avait même annoncé en mars avoir lancé l'offensive pour reprendre la ville.
Une éventuelle victoire des forces irakiennes à Mossoul ne mettra toutefois pas fin d'un coup à la menace de l'EI qui utilisera probablement des tactiques de guérilla pour venger la perte de ses territoires.
Ammar KARIM/AFP

Le gouvernement irakien a promis de reprendre Mossoul aux jihadistes du groupe État islamique (EI) d'ici à la fin de l'année, mais d'immenses défis restent à relever avant la reconquête de la deuxième ville du pays.Les forces irakiennes ont encore avancé hier avec la prise de Charqat, une ville à 80 km au sud de Mossoul située près des routes de ravitaillement qui devront être...

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