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Moyen Orient et Monde - Syrie

Le régime met fin à la trêve

Des raids aériens ont visé plusieurs quartiers rebelles dans l'est d'Alep ainsi qu'un convoi d'aide humanitaire.

L'armée syrienne a déclaré hier la « fin » de la trêve initiée il y a une semaine par les États-Unis et la Russie, une annonce suivie de raids et de bombardements sur les quartiers rebelles d'Alep. L'armée du régime de Bachar el-Assad « annonce la fin du gel des combats qui a débuté à 19h00 le 12 septembre conformément à l'accord États-Unis/Russie », a-t-elle indiqué à Damas, une heure avant son expiration.

Moins de deux heures après, des raids aériens incessants ont visé plusieurs quartiers rebelles dans l'est d'Alep, a rapporté un correspondant de l'AFP. Selon lui, les bombardements sont intenses et les sirènes des ambulances sont entendues partout alors que des incendies se sont déclarés dans plusieurs parties du secteur rebelle. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a confirmé les raids et les bombardements sur la ville, ainsi que sur la province du même nom. Il n'était toutefois pas en mesure de déterminer la nationalité des appareils. Par ailleurs, un convoi d'aide humanitaire aurait été visé par des raids hier à l'entrée d'Alep. Une trentaine de personnes auraient été tuées dans ces raids, dont 12 bénévoles du Croissant-Rouge faisant partie du convoi de 31 camions livrant de l'aide à 78 000 personnes à Orum al-Koubra.

Jusque-là, l'acheminement de l'aide humanitaire aux villes assiégées s'est fait au compte-gouttes. « Un premier convoi de l'Onu, du CICR et du Croissant-Rouge doit livrer lundi une aide multiple à 84 000 personnes à Talbissé », une ville rebelle dans la province de Homs, a affirmé à l'AFP David Swanson, un porte-parole du Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l'Onu (Ocha). Un autre convoi devait se rendre à Orum al-Koubra, une localité dans l'ouest de la province d'Alep où vivent 78 000 personnes. « Nous sommes bien sûr frustrés par le fait qu'il n'y a aucun progrès concernant Alep, et l'Onu est prête à faire son possible pour mettre fin aux souffrances du peuple syrien », a précisé M. Swanson.

En outre, de violents accrochages ont eu lieu hier à Jobar, un quartier périphérique de l'est de Damas. « L'armée a bloqué une offensive des rebelles et a lancé une contre-attaque », a indiqué une source militaire sur le terrain. À Homs, l'évacuation prévue hier de plusieurs centaines de rebelles du quartier d'al-Waer, dernier bastion de l'opposition dans cette ville du centre-Ouest, a été reportée d'une journée, a déclaré un responsable local. « C'est reporté à demain (aujourd'hui) », a indiqué ce responsable. Le gouverneur de Homs avait annoncé dimanche qu'entre 250 et 300 combattants rebelles devaient quitter le secteur d'al-Waer hier en vertu d'un accord avec le gouvernement.

 

 (Lire aussi : Maintenir l’EI à Deir ez-Zor pour une victoire à Mossoul)

 

« Agression flagrante »
Face à la gravité de la situation, le Groupe international de soutien à la Syrie (GISS), qui rassemble depuis novembre 2015 une vingtaine de pays et d'organisations internationales – dont les États-Unis, la Russie, l'Arabie saoudite, la Turquie et l'Iran – se réunira aujourd'hui à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'Onu, a annoncé hier la diplomatie américaine.

Le chef de la diplomatie américaine John Kerry avait pourtant assuré hier vouloir encore croire au maintien de la trêve. Elle « tient mais reste fragile », avait-il déclaré en milieu de journée hier à New York en marge de l'Assemblée générale de l'Onu où le dossier syrien tiendra une grande place. Mais la Russie s'était montrée nettement moins optimiste, multipliant ses critiques vis-à-vis de Washington et de ses alliés. Le général Sergueï Roudskoï a ainsi déclaré que « compte tenu du fait que les rebelles ne respectent pas le régime de cessez-le-feu, son respect unilatéral par les forces gouvernementales syriennes n'a pas de sens ».

 

(Lire aussi : Dans Alep-Est assiégé, la dangereuse quête de carburants alternatifs)

 

En annonçant la fin de la trêve, l'armée syrienne en a fait porter la responsabilité aux groupes rebelles qui n'ont « pas respecté une seule disposition » de l'accord. Damas a répertorié plus de 300 violations de la trêve par ces groupes. Les rebelles et l'opposition n'avaient pas formellement approuvé l'accord russo-américain, dont ils critiquaient l'absence de garanties. Au total en une semaine de trêve, 26 civils, dont 8 enfants, ont perdu la vie, selon l'OSDH.

Un peu avant l'annonce de son armée, le président Assad a accusé les États-Unis d'avoir commis une « agression flagrante » en menant samedi un raid contre son armée à Deir ez-Zor, dans l'est de la Syrie, qui a fait au moins 90 morts. La coalition a affirmé que ce bombardement était une erreur de cible puisqu'elle croyait viser des jihadistes du groupe État islamique (EI), présents dans la zone. Mais Damas a rejeté cette explication en dénonçant un raid « délibéré » selon la conseillère du président Assad, Bouthaina Chaabane. À la faveur de ces frappes, les jihadistes de l'EI ont réussi à s'emparer du mont Thourda, qui domine l'aéroport de Deir ez-Zor tenu par le régime, selon une source militaire. Avec cette position, les jihadistes peuvent empêcher les mouvements des avions et des hélicoptères.

 

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