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Culture - Lecture

L’éblouissant rendez-vous de Natalie Saracco

« Femme, pourquoi pleures-tu ? » demande Jésus à Marie-Madeleine qui le cherchait en larmes au matin de la Résurrection, rapporte l'Évangile selon saint Jean. Natalie Saracco pourrait bien être connue, pour toujours, comme la femme qui a retourné à Jésus sa question : « Mon Seigneur, pourquoi pleures-tu ? »
Oui, « Mon Seigneur, pourquoi pleures-tu ? » est la question qu'elle lui a posée en le voyant en larmes et tremblant de la tête aux pieds.

C'était quelques instants après un accident de la route effroyable au cours duquel, à 130 km/heure, la voiture à bord de laquelle elle se trouvait, balayée par une autre, venait s'encastrer entre les rails du terre-plein central de l'autoroute Paris-Normandie. Elle en fait le récit dans son ouvrage Pour ses beaux yeux, road movie d'une cinéaste amoureuse du Christ, récemment paru*.

Crachant du sang, tandis que des secouristes tentent de la dégager de la carcasse de sa voiture, et sentant la vie la quitter, Natalie Saracco bascule dans un temps hors du temps, une sorte d'expérience de mort imminente et, à son immense surprise, voit le Christ vivant devant elle, tel que le représentent certaines images pieuses. Il lui désigne son cœur, entouré d'une couronne d'épines. Il a le visage tordu par une souffrance insoutenable. Et voilà que des gouttes de larme et de sang se déversent dans son propre cœur. Et c'est alors que jaillit de son cœur de sœur, de mère, d'épouse qui sait la question la plus singulière et bouleversante qui soit : « Mon Seigneur, pourquoi pleures-tu ? »

Croyante, Natalie Saracco l'était (enfin, « croyante en pantoufles », dit-elle), mais elle ignorait tout de ce qui s'était passé à Paray-le-Monial, et la fréquentation du Sacré-Cœur à Montmartre ne l'avait pas vraiment préparée à cette vision. Ni à la réponse encore plus bouleversante de Jésus : « Je pleure parce que je vous aime et parce que je ne sais plus quoi faire pour vous. J'ai tout donné et on me le rend en outrages, en blasphèmes et (pire) en indifférence. Mon cœur va exploser. » Cette plainte amoureuse, cet aveu, une religieuse aujourd'hui canonisée, sainte Marguerite-Marie Alacoque, les avait entendus, presque textuellement, trois siècles auparavant, en une vision proche de celle qui se montrait à Natalie Saracco. Le couvent des religieuses visitandines de Paray-le-Monial en commémore tous les ans le souvenir.

Relevée miraculeusement de son accident, dans son désir de vivre et de témoigner, guérie inexplicablement de l'hémorragie interne qui, au bout de deux ou trois heures, aurait pu l'emporter, Natalie Saracco mettra plus d'un an à se rétablir des terribles contusions de son accident. Au premier réveil, tout contre son verre d'eau, elle voit une prière au Sacré-Cœur qu'un prêtre lui avait confiée un an auparavant, et qu'elle avait fourrée dans ses archives. Comédienne puis cinéaste de son métier, une nuit, elle s'assiéra derrière son bureau pour écrire le scénario d'un film dont elle ne réunira les fonds nécessaires à la production qu'au bout de cinq ans. La mante religieuse (l'amante religieuse), l'histoire d'une « Marie-Madeleine des temps modernes », un film presque aussi sombre qu'un drame de Shakespeare, n'était la lumière qui pointe dans le sourire final, sort en 2014.

Pour se beaux yeux est le récit du parcours du combattant qui permettra à Natalie Saracco de filmer ce récit noir zébré d'éclairs, et des miracles de générosité qui le constellent. Un récit écrit à la vitesse grand V, un témoignage chrétien bouleversant qui contient, en ouverture, l'impérissable récit de « l'accident ».
Pourquoi Jésus s'est-il montré à deux femmes d'époques si différentes, à trois siècles de distance, sous cet aspect de cœur couronné d'épines ? Au XVIIe siècle, c'était à une religieuse cloîtrée. Au XXIe siècle, à une cinéaste aussi indomptable que le vent. De toute évidence, Il vit dans une autre durée que la nôtre, et Il est resté le même. Les épreuves de l'humanité, elles non plus, n'ont apparemment pas changé. À lire dans l'éblouissement du premier amour.

*Natalie Saracco, « Pour ses beaux yeux, road movie d'une cinéaste amoureuse du Christ », Salvator éditions, avril 2016.

 

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