Rechercher
Rechercher

Hala Ezzeddine

Génération Orient : #4 Hala Ezzeddine, peintre, 26 ans

Le selfie de Hala Ezzeddine

Boucle d'or était une toute petite fille aux cheveux ondulés qui habitait avec sa maman une maisonnette près du bois. « Boucle d'or, lui avait dit sa maman, ne t'en va jamais seule au bois. On ne sait pas ce qui peut arriver, dans le bois, à une toute petite fille. »


124 km séparent le village de Ersal, où une petite fille va naître, de la ville de Beyrouth où, 17 ans plus tard, une artiste va renaître. Ersal est un village libanais dans le district de Baalbeck, à la réputation obscure, qui vit au rythme des conflits que sa géographie lui impose et au son étouffé des oiseaux qui ne chantent plus que la misère.


Hala Ezzeddine, l'aînée d'une famille nombreuse (neuf enfants), grandit dans ce bourg isolé, entourée d'une mère, femme au foyer, et d'un père, directeur d'école, qui la prédestinait, depuis toute petite, au métier d'institutrice pour enfants.


À l'école, elle est une élève timide et appliquée, mais les pupitres en bois ne la laissent pas indifférente, et ses crayons tracent déjà dans les sillons du chêne vieilli le chemin qu'elle allait suivre avec obstination. Un parcours qui l'éloignera des sentiers embourbés, des joncs et des cerisiers sauvages, pour l'affranchir d'une société aux traditions sévères et la conduire vers cette ville inconnue mais rédemptrice. « Si tu réussis à t'extraire à ton milieu, le milieu se détachera de toi », lui avait dit son professeur et mentor Fatima el-Hajj.
À l'Université libanaise de Beyrouth, Hala Ezzeddine réussit son concours d'entrée à l'école des arts, au grand dam d'un village et d'une famille persuadés de l'avoir perdue. Un village qui ignorait qu'une souveraine capable de rivaliser avec les meilleurs était née. Fatima el-Hajj, son professeur et guide spirituel, marchera à ses côtés en prenant toujours soin de ne jamais la laisser trébucher. Face à des résolutions prises à la hâte, dans des moments de désespoir, elle lui prêtera un flanc protecteur, une oreille attentive et un regard maternel.


Hala est une fille réservée, mais qui n'hésiterait pas à user de tous ses pouvoirs pour arriver à ses fins et charmer un gardien de foyer. Attendri par tant de détermination, celui-ci allait prolonger l'heure de la fermeture pour cette jeune fille qui avait troqué ses doigts contre des fusains et des crayons pastel.

 

Blouse et tablier
Quelques heures supplémentaires, suspendues à ses toiles, comme aux voiles d'une frégate qui l'emportait dans un océan de couleurs, à l'heure où les jeunes filles de son âge fumaient leur première cigarette et trinquaient, suspendues au bras de leur amoureux, Hala se perdait et se reconstruisait, seule. Ses études terminées, elle accepte, reconnaissante envers sa famille, de revenir aux sources, à son village natal, pour gagner sa vie, en abandonnant sa blouse blanche teintée d'huile pour le tablier d'institutrice. Elle pénètre ainsi le monde de l'enfance pour n'en retenir que le regard de ses élèves qui peupleront ses toiles. Des enfants qui feront avec elle le voyage, celui du village jusqu'aux portes de son atelier où elle couchera leurs portraits, des nuits durant, pour enfin rejoindre le sommeil, éreintée, mais sous leurs regards reconnaissants. Des visages qui laissent transparaître la force des expressions où se mêlent angoisse et désarroi. Des enfants qui ont l'âge où l'on se dispute des billes de couleur, mais au regard de mineurs de fonds, délavé par la misère. Loin de la redondance et des friandises visuelles, son expression picturale est puissante, vivante et permet d'échanger, de comprendre, de vivre et de survivre.


Boucle d'or avait réussi à traverser la forêt en se forgeant une nouvelle identité, loin des mœurs et des traditions imposées, pour rejoindre un paradis rêvé, qu'elle s'était dessiné. Hala Ezzeddine est une artiste à part entière, qui a provoqué la vie en duel à coups de pinceaux. Ses toiles parlent pour elle et lui chuchotent tous les soirs, quand elle s'endort : Boucle d'or, ne crains plus rien, l'avenir t'appartient.

 

 

Boucle d'or était une toute petite fille aux cheveux ondulés qui habitait avec sa maman une maisonnette près du bois. « Boucle d'or, lui avait dit sa maman, ne t'en va jamais seule au bois. On ne sait pas ce qui peut arriver, dans le bois, à une toute petite fille. »
124 km séparent le village de Ersal, où une petite fille va naître, de la ville de Beyrouth où, 17 ans plus tard, une...

commentaires (1)

AU MOINS UNE TOILE DE SES OEUVRES.

Gebran Eid

13 h 21, le 11 août 2016

Tous les commentaires

Commentaires (1)

  • AU MOINS UNE TOILE DE SES OEUVRES.

    Gebran Eid

    13 h 21, le 11 août 2016

Retour en haut