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Liban - Éclairage

Tripoli-Ersal-Aïn el-Héloué, le triangle de la déstabilisation

Il a fallu les déclarations alarmistes du ministre de l’Intérieur pour que les Libanais prennent soudain conscience de la gravité de la situation interne. La guerre en Syrie n’est plus une nouvelle dans les médias et une question humanitaire qui peut être traitée avec un peu de générosité, elle se rapproche de plus en plus de nos frontières et commence même à enflammer certaines régions au Nord et dans la Békaa. À cet égard, des sources proches du Hezbollah estiment que la soudaine et féroce campagne contre cette formation dans les médias acquis à l’opposition syrienne est due au fait que le projet mis au point par les différents groupes de cette opposition et ses alliés internes de relier la région de Ersal à celle de Homs puis de Tripoli a échoué. Il s’agissait en effet, affirme-t-on de même source hezbollahie, d’assurer un passage sûr entre ces différentes régions sunnites après avoir « pacifié » les villages chrétiens, chiites et alaouites qui les séparent dans la profondeur syrienne face au Hermel. 

 

(Pour mémoire : L'armée syrienne libre menace de porter la guerre au Liban)


Ce projet devait permettre à l’opposition syrienne d’encercler le pays alaouite sur la côte de Lattaquié et d’instaurer son contrôle sur une vaste étendue qui va de Homs jusqu’à la limite de la région alaouite d’un côté, en s’approchant dangereusement de la région de Damas, de l’autre. La fameuse zone tampon planifiée depuis le début des combats en Syrie serait enfin réalisée, après avoir préparé le terrain au Liban, au Nord, du Akkar à Tripoli et dans la Békaa grâce à Ersal. Les sources du Hezbollah soulignent que ce projet a toutefois été mis en échec par la résistance des habitants des villages chiites, alaouites et chrétiens de l’autre côté de la frontière libanaise face au Hermel. La grande surprise des rebelles syriens a été ainsi de devoir faire face à des combattants aguerris et bien préparés, décidés à défendre leurs terres et leurs biens, indiquent encore les sources précitées. Certains d’entre eux étant libanais et comme ils craignaient d’être attaqués par les islamistes de l’opposition syrienne, ils avaient sollicité préalablement l’aide du Hezbollah qui les a entraînés et formés. Mais, toujours selon les sources proches du Hezbollah, celui-ci n’a envoyé ni hommes ni armes à l’intérieur de la Syrie, se contentant d’aider les Libanais installés de l’autre côté de la frontière à leur propre demande. Preuve en est que les corps des prétendus membres de ce parti tués en Syrie n’ont jamais été rapatriés vers le Liban et ils ont été enterrés sur place dans leurs villages.
Mais cette résistance inattendue a mis en échec un projet sur lequel l’opposition syrienne fondait beaucoup d’espoir, surtout après avoir réussi à gagner à ses vues une grande partie de la population du Akkar et même de Ersal, relèvent les sources du Hezbollah. Ce serait la raison pour laquelle la campagne actuelle est aussi féroce contre la soi-disant implication du Hezbollah dans les combats en Syrie, affirment les sources proches de ce parti.

 

(Lire aussi: Le lobby anti-Hezbollah de Peres en Europe...)


En même temps, la campagne touche aussi l’armée devenue, à travers les événements de Ersal, indésirable dans la région, alors que les éléments de l’Armée syrienne libre y circulent librement. C’est ainsi, rappelons-le, qu’une unité de l’armée venue arrêter un repris de justice, faisant l’objet d’une dizaine de mandats d’arrêt et appartenant clairement à la mouvance el-Qaëda, Khaled Homayed, est tombée dans une embuscade, alors que les soldats ont été humiliés et torturés. Deux d’entre eux sont d’ailleurs morts. Toutes les théories selon lesquelles des membres du Hezbollah se seraient glissés avec les soldats ont été démenties par l’enquête officielle, affirment les sources susmentionnées. D’ailleurs, on voit mal pourquoi une unité de l’armée envoyée en mission officielle aurait recours à des membres du Hezbollah pour l’exécuter...
Toujours est-il que ce dossier est loin d’être clos. D’une part, les personnes réclamées par la justice car soupçonnées d’avoir pris part à l’attaque contre l’armée n’ont toujours pas été livrées aux autorités, et d’autre part, ce dossier a mis en évidence les plans dressés par l’opposition syrienne et ses alliés libanais pour utiliser le territoire libanais comme base arrière dans leur combat contre le régime syrien, ajoutent les sources du Hezbollah. Il devient ainsi de plus en plus clair, poursuivent les mêmes sources, que les foyers de tension au Liban se multiplient et se dessinent suivant un triangle dont l’un des angles commence au Nord, le second est à Ersal et le troisième est à Saïda, entre cheikh Assir et le camp de Aïn el-Héloué. Les trois bases seraient donc liées entre elles et coordonneraient leur action, selon un plan bien précis, visant à décrédibiliser l’armée et à harceler le Hezbollah, pour le pousser à réagir, souligne-t-on de même source. C’est d’ailleurs ce thème qu’a développé le secrétaire général du Hezbollah dans son dernier discours, considéré comme très important. Sayyed Nasrallah a ainsi affirmé que certaines parties travaillent jour et nuit pour provoquer une discorde entre sunnites et chiites. Mais il a ajouté pour la première fois, s’adressant à ces mêmes parties : « Qu’elles ne fassent pas de faux calculs avec nous. » Autrement dit, qu’elles n’aillent pas trop loin dans la provocation, misant sur le souci du Hezbollah de préserver le calme et la stabilité au Liban. C’est d’ailleurs dans ce contexte qu’il faut placer le refus ferme du Hezbollah de déplacer la permanence ouverte depuis près de 25 ans dans la région de Abra, bien avant que cheikh Assir ne s’y installe et ne décide de prêcher à la mosquée Bilal ben Rabah.
L’armée et les forces de l’ordre ont donc pris en main la situation, mais, pour utiliser un cliché, le feu couve sous la cendre. À Aïn el -Héloué, Jamal Sleiman, un ancien du groupe « Ansar Allah », dont le frère a été tué dans les combats en Syrie, a créé un noyau proche du Front al-Nosra alors qu’en parallèle, à Ersal, cheikh Ali Abou Yassine a son propre groupe qui s’inscrit dans la même mouvance (c’est d’ailleurs lui qui est derrière la rumeur de la présence d’éléments du Hezbollah aux côtés de l’armée) et au Nord, les groupes salafistes prolifèrent... Autrement dit, de Tripoli à Saïda en passant par Ersal, une même mouvance et un même combat qui rapprochent de plus en plus le Liban de la déstabilisation.

 

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Il a fallu les déclarations alarmistes du ministre de l’Intérieur pour que les Libanais prennent soudain conscience de la gravité de la situation interne. La guerre en Syrie n’est plus une nouvelle dans les médias et une question humanitaire qui peut être traitée avec un peu de générosité, elle se rapproche de plus en plus de nos frontières et commence même à enflammer certaines...

commentaires (5)

Vous voulez parler peut être du triangle équilatéral...? si c'est les cas..., pas de panique, vu que nous sommes de tous les cotés à égale distance de la non-destabilisation... en moins ..., que vous parliez du triangle des Bermudes dans ce cas c'est plus optimiste....! la destabilisation disparaît...enfin ...,selon mes sources...

M.V.

11 h 40, le 03 mars 2013

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Commentaires (5)

  • Vous voulez parler peut être du triangle équilatéral...? si c'est les cas..., pas de panique, vu que nous sommes de tous les cotés à égale distance de la non-destabilisation... en moins ..., que vous parliez du triangle des Bermudes dans ce cas c'est plus optimiste....! la destabilisation disparaît...enfin ...,selon mes sources...

    M.V.

    11 h 40, le 03 mars 2013

  • M. Manoli,qui fût mon professeur de mathématiques,aurait avec une logique imparable expliqué que ce triangle n'en est pas un...mais c'était une époque où le mot logique avait un sens au Liban...n'est ce pas?

    GEDEON Christian

    13 h 12, le 02 mars 2013

  • Au triangle de la destabilisation, un "CARRÉ" manque à l'analyse. OU... quand l'analyse n'est point objective et complètement partiale, car d'un oeil de cyclope, qui VOIT les poussières dans les yeux des UNS MAIS NON LES POUTRES dans les yeux des AUTRES. Dans l'analyse des faits politiques et sécuritaires L'IMPARTIALITÉ est requise, SINON ce n'est point une analyse mais du parti pris...

    SAKR LEBNAN

    09 h 15, le 02 mars 2013

  • Toujours les mêmes "sources proches du Hezbollah" qui nous "éclairent" !! Libanais, cherchez tout le mal et tous les problèmes du Liban depuis deux ans dans "le triangle Tripoli-Ersal-Saida". Au cours de toutes les agressions des "terroristes" contre la Syrie, depuis mars 2011, le Hezbollah, à travers ses cheikhs et ses ténors, n'a fait qu'élever des suppliques d'Allaho Akbar pour la paix en Syrie. Mais les Libanais chiites des villages frontaliers à l'intérieur du territoire syrien, "victimes" eux aussi de ces maudits "terroristes", ont dit et insisté au Hezbollah : Voyons, nous sommes bien nous aussi, les "ahlana" dont vous parlez constamment; alors défendez-nous. Même ainsi le Hezbollah n'a jamais envoyé un seul combattant en Syrie et tout ce que disent les médias du Liban et du monde entier à ce sujet fait partie du projet américano-israélien pour discréditer la "moumana3at". Nos cadres et membres dont nous avons célébré les funérailles solennelles, suite à leur martyr "en accomplissant leur devoir du jihad", ont été victimes d'accidents lamentables de voitures...etc...etc... etc... De grâce, s'il y a un lecteur qui a cru un mot de ce que disent "les sources proches du Hezbollah" dans cet Eclairage, qu'il veuille bien nous en infomer et en donner les raisons.

    Halim Abou Chacra

    06 h 01, le 02 mars 2013

  • les salafistes libanais veulent entrainer le Liban , dans la guerre. y aurait-il dans l'air la création d'un nouvel état islamique créé par la fusion du Liban et de la Syrie ??? tout cela payer par les "pays amis "du Liban : l'arabie saoudite et le qatar

    Talaat Dominique

    02 h 28, le 02 mars 2013

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