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À La Une - Conseil des ministres

Liban : Le Cabinet travaille, le CPL s'oppose

Le gouvernement a adopté un plan d’aide aux réfugiés syriens au terme d’un Conseil des ministres très tendu.

Le débat a dégénéré hier, poussant Nagib Mikati à quitter le Conseil des ministres avant que quelques personnes ne le ramènent au dialogue. Photo Dalati et Nohra

Après que plus de 170 000 réfugiés syriens eurent causé une polémique au Liban, entre les défenseurs du droit à un soutien humanitaire et les réticents qui craignent une nouvelle menace sécuritaire, le Conseil des ministres a enfin choisi hier soir, lors de sa première réunion pour l’année 2013, de prendre les choses en main. Ainsi, et après un débat qui a duré plus de six heures, un plan a été adopté, malgré les objections des ministres du Courant patriotique libre (CPL), qui mènent depuis quelques jours déjà une campagne féroce contre les déplacés syriens, allant même jusqu’à demander de les expulser du territoire libanais. Le CPL s’est donc retrouvé seul contre tous, le Hezbollah et le mouvement Amal et même le ministre Ali Kanso ayant rejeté vivement hier leurs propositions visant à fermer les frontières libano-syriennes. Un débat qui a dégénéré par moments, poussant le Premier ministre Nagib Mikati à quitter la réunion, avant que quelques ministres ne le ramènent à la salle de réunions pour poursuivre le dialogue, comme l’a rapporté notre correspondante au palais de Baabda, Hoda Chédid.

Un dossier lourd de menaces
Le président de la République, Michel Sleiman, avait présidé et ouvert la séance, appelant à « traiter le dossier des déplacés syriens de façon rationnelle et objective ». Il a estimé que le maître mot dans cette affaire devrait être « coopération » et non pas « concurrence ». Par ailleurs, il a souhaité que « tous les efforts nécessaires soient mis en œuvre afin que le budget de 2013 soit ratifié et que l’absence de budget ne devienne pas coutume ». Le président Sleiman et le Premier ministre s’étaient réunis à huis clos avant la réunion du Conseil des ministres.
Notre correspondante Hoda Chédid a rapporté que le ministre du Tourisme, Fadi Abboud, a déclaré que « les prises de position du CPL ne sont pas dures mais le Liban fait face à un problème au-dessus de ses capacités ». « Nous devons dire non, tout comme la Turquie l’a fait quand sa capacité d’accueil des réfugiés a été épuisée », a affirmé le ministre Abboud. Lors de la séance, le ministre des Affaires étrangères Adnane Mansour a appelé à régler le problème entre la Syrie et le ministère des Affaires sociales au Liban, invitant les deux États libanais et syrien à entrer en contact pour trouver la solution nécessaire.


Le ministre de l’Énergie Gebran Bassil (CPL) s’est pour sa part vivement opposé aux propositions du ministre Marwan Charbel d’établir des camps pour les déplacés, estimant que « ces camps pourraient se transformer en camps militaires pour entraîner les révolutionnaires syriens ». M. Bassil a mis en garde contre des « répercussions politiques, sécuritaires et démographiques » sur ce plan. Il a plus tard affirmé aux journalistes que « des ministres ont rapporté lors de la réunion que des membres d’el-Qaëda et des armes étaient entrés au pays ». Il a exprimé ses réserves quant au plan adopté, estimant que « le gouvernement était incapable de porter un tel poids ». De son côté, le ministre de l’Éducation Hassan Diab a présenté lors de la réunion les derniers chiffres concernant le nombre d’enfants de réfugiés syriens intégrés dans les écoles publiques libanaises, leur nombre ayant considérablement augmenté. Les ministres des Affaires sociales et de la Santé ont aussi eu leur mot à dire à cet égard.

Le plan qu’envisageait Marwan Charbel
L’Agence des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) avait recensé au Liban 170 673 déplacés syriens et 10 000 réfugiés palestiniens ayant fui la Syrie. Le plan proposé hier par le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel prévoyait la formation d’une cellule de crise formée de membres des FSI, de la Sûreté générale et des ministères de la Santé, des Affaires sociales et de l’Éducation, en sus de l’établissement de points de rencontre et de camps de réfugiés dans la Békaa et le Akkar, et la location de terres d’une superficie de 25 000 mètres carrés pour y édifier des maisons équipées en cuisines, en lits et en eau, et où des dispensaires seraient assurés. Ces camps auraient une capacité d’environ 5 000 personnes. Finalement, quelques éléments de ce plan ont été adoptés, l’établissement de camps pour les réfugiés étant tombé à l’eau. Ainsi, le communiqué rendu public par le ministre des Affaires sociales Waël Bou Faour a précisé que « le Conseil des ministres s’est mis d’accord pour encourager les pays ayant proposé leur aide financière à tenir leurs promesses et pour inviter les pays arabes à des réunions urgentes pour se partager le poids de la crise ». « L’enregistrement et le recensement des déplacés venant par les frontières syriennes a aussi été uniformisé, a-t-il précisé. Le ministre de l’Intérieur a été chargé de former une cellule de crise pour mener un plan sécuritaire et suivre la situation des déplacés, et le ministre de l’Économie a été chargé de prendre les mesures nécessaires pour réduire les pressions économiques et réduire la concurrence non légitime pour éviter tout abus contre les déplacés. »


Le ministre de l’Intérieur Marwan Charbel avait affirmé hier dans l’après-midi que le dossier des déplacés syriens au Liban ne devrait pas être politisé, appelant à « mettre le pays à l’écart des évènements régionaux et à accorder des aides aux réfugiés, en tenant compte toutefois des obligations d’ordre sécuritaire et économique ». À propos des otages libanais à Azaz, il a affirmé que « les contacts étaient en cours avec toutes les parties et que leur libération serait possible en dépit des difficultés ». Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ayant appelé le gouvernement à négocier directement avec les ravisseurs, M.Charbel a démenti hier soir les informations selon lesquelles il aurait répondu à ces propos en affirmant que son ministère négociait déjà avec eux. Il a, bien au contraire, « salué » les déclarations de Nasrallah.

 

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