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Liban - Emploi

Ces étudiants qui profitent de leurs vacances pour... travailler

Caissiers, serveurs, stagiaires ou assistants... Beaucoup d’étudiants se reconvertissent durant leurs vacances d’été en travailleurs saisonniers. Tour d’horizon de leurs démarches, motivations et objectifs.

Beaucoup d’étudiants effectuent des stages en entreprise durant leurs vacances d’été. Il s’agit d’un moyen de pratiquer le métier visé.

Pour de nombreux étudiants libanais, les mois de juillet et d’août n’ont pas été synonymes de repos, voyages ou vacances. Pour eux, l’été est l’occasion de travailler afin de mettre un peu d’argent de côté pour contribuer au financement de leurs études et/ou gagner en expérience professionnelle.


Il faut donc distinguer deux catégories parmi ces jeunes : ceux qui font des stages (généralement non payés, mais professionnellement enrichissant) et ceux qui font de petits boulots de vendeurs, serveurs, caissiers...
Mohammad est dans la seconde situation. Cet étudiant de 18 ans qui vient de sortir du lycée a passé ses deux mois de vacances d’été à travailler en tant que caissier au parking de l’aéroport. Il a décroché cet emploi grâce à un ami de sa famille qui a pu faciliter son embauche. « L’année prochaine, je vais faire mes études dans une université privée, explique-t-il, c’est un investissement trop coûteux pour ma famille, donc je n’ai pas d’autre choix que de travailler pour mettre de l’argent de côté. » Mohammad envisage même de continuer à travailler lorsque ses études auront commencé. « Comme beaucoup de famille libanaises, la mienne se trouve dans une situation économique difficile, je souhaite donc limiter mon poids dans le budget familial en prenant en charge mes frais de scolarité et mes dépenses, quitte à ce que cela limite mes loisirs et mon temps libre. »


Georges, un étudiant en agronomie, est dans une situation similaire, mais lui cherche encore un employeur. « Je suis prêt à faire n’importe quel travail tant que le salaire obtenu me semble équitable et qu’il est assez proche de mon foyer à Beyrouth, explique-t-il. Si c’est le cas, je pense continuer à travailler l’année prochaine en même temps que mes études. Mes parents ne m’y ont pas obligé, mais j’ai envie de leur prouver que je peux être responsable et que je peux au moins assurer mes dépenses. Ils me financent déjà l’université, les transports, et ils m’encouragent beaucoup, c’est pourquoi j’ai envie de les aider en me prenant en charge. »

Adapter ses études à son emploi...
Peut-être que ces étudiants pourront à l’avenir trouver un emploi lié à leurs études. Comme c’est le cas pour Valérie, étudiante en marketing et publicité. Elle travaille depuis plus de deux ans dans le domaine de la vente. « J’ai commencé à faire des études de nutrition et diététique, tout en travaillant dans le secteur de l’immobilier, se remémore-t-elle. Puis j’ai décidé d’adapter mes études à mon expérience professionnelle afin d’optimiser mes chances d’avoir un salaire intéressant. Il y a un an et demi, j’ai entendu une offre d’emploi pour travailler comme vendeuse chez une prestigieuse marque de bijoux et j’ai décidé de postuler. J’ai tout de suite eu un bon contact avec la responsable et c’est ainsi que j’ai décroché le poste. Désormais, je peux utiliser ce que j’apprends en cours lors de mon travail, et cela me permet aussi d’acquérir une expérience formatrice en plus d’être un très bon point dans mon CV. » Valérie voit sa situation de manière positive, mais elle n’a pas d’autre choix que de travailler pour payer ses 10 000 dollars de frais de scolarité : « Le travail reste tout de même basique, reconnaît-elle, et puis c’est assez fatigant car mes cours à l’université sont de 8h à 12h30 et je suis au magasin de 13h à 21h. Je n’ai plus beaucoup de temps pour sortir, mais pour l’instant, ma priorité c’est de pouvoir financer mes études. Je pense que je profiterai des loisirs plus tard. »


Plus de douze heures de travail quotidiennes auxquelles s’ajoutent les révisions pour l’université... Ces emplois étudiants sont certes un moyen d’acquérir de l’expérience, de faire des rencontres et de financer une partie des études, mais ils permettent aussi à ces jeunes courageux de connaître la réalité étouffante des horaires libanais.

Stages formateurs mais mal rémunérés
Dans une perspective plus scolaire, beaucoup d’étudiants effectuent des stages en entreprise durant leurs vacances d’été. Généralement dans le cadre d’une formation universitaire, ces expériences au sein de sociétés sont un moyen de pratiquer le métier visé, de rencontrer des professionnels et de commencer à se faire connaître dans la profession. Certain stages peuvent même déboucher sur un emploi. Légalement, ils devraient être payés après deux mois de travail dans une même entreprise, mais c’est rarement le cas et les étudiants semblent s’être habitués à cette pratique. Pour Guillaume, un étudiant franco-libanais installé en France le temps de ses études en sciences politiques, les stages sont un moyen de revenir au Liban et de satisfaire sa curiosité. « Je fais un stage à Beyrouth, au siège d’une banque. J’ai beaucoup de travail, explique-t-il, je suis en contact avec des professionnels, des particuliers, et j’ai des responsabilités. Par contre, je ne suis pas payé. C’est le point négatif du stage, mais au Liban, c’est comme ça... » Malgré cela, il est satisfait de son expérience. « J’ai toujours été intéressé par le milieu bancaire, et même si je ne suis pas sûr de vouloir y faire carrière, cette expérience me sera forcément bénéfique car elle me permet de voir comment fonctionne ce secteur-clé de l’économie libanaise. »


Pour Loubna et Guy, deux étudiants en école d’architecture, « les stages sont avant tout un moyen d’acquérir de l’expérience professionnelle. Ils nous permettent de pratiquer notre futur métier, de rencontrer des professionnels et parfois de se faire un peu d’argent de poche ». L’établissement d’un réseau de contact est pour eux très important. Au Liban, peu de structures, plateformes ou autres centres d’information recensent les offres de stage ou d’emploi. « Je compte principalement sur mes contacts personnels pour trouver un stage, explique Guy. Parfois, nos professeurs nous conseillent, ils nous tiennent au courant lorsque des professionnels ont besoin de stagiaires, mais d’une manière générale, nous sommes habitués à être autonomes, à nous débrouiller tout seuls pour trouver un stage ou un job. »
« Heureusement, notre formation nous a rendus assez polyvalents, poursuit Loubna, et si nous ne trouvons pas d’emploi dans l’architecture, nous pouvons nous tourner vers les médias, le design ou le graphisme. »

Le pouvoir du réseau
Comme dans presque tous les domaines au Liban, le réseau/piston est l’un des principaux leviers pour décrocher un emploi. À l’image de Mohammad, Loubna et Guy, de Rabih qui travaille dans le restaurant d’un ami de son père, de Georges qui part au Bénin pour travailler dans le commerce de son oncle ou de Michel qui est serveur dans le bar de ses amis, les chances de trouver un emploi sont étroitement liées à l’envergure du réseau des étudiants. Les candidatures spontanées aux rares offres d’emploi peuvent toujours fonctionner, mais ces jeunes devront faire preuve de motivation et de beaucoup de détermination pour décrocher un emploi.
Une fois embauchés, ils devront continuer à s’accrocher, mais tous se disent fiers de travailler, apprécient leur prise de responsabilité et le fait d’être presque indépendants financièrement.

Pour de nombreux étudiants libanais, les mois de juillet et d’août n’ont pas été synonymes de repos, voyages ou vacances. Pour eux, l’été est l’occasion de travailler afin de mettre un peu d’argent de côté pour contribuer au financement de leurs études et/ou gagner en expérience professionnelle.
Il faut donc distinguer deux catégories parmi ces jeunes : ceux qui font des...

commentaires (2)

Sacrés "SJ" !

Antoine-Serge KARAMAOUN

06 h 34, le 06 septembre 2012

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Sacrés "SJ" !

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    06 h 34, le 06 septembre 2012

  • Quelle surprise..parceque vous pensiez quoi?que tous les étudiants sont des gosses de riches?j'ai travaillé pendant tputes mes études,mes enfants aussi...et ce n'est pas seulement une question de flouze...c'est une question de mûrir et de prendre des responsabilités.

    GEDEON Christian

    06 h 11, le 06 septembre 2012

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