"Tout ce que vous avez à faire, c'est lire l'histoire du Liban pour comprendre qu'il n'y a aucune solution au Liban sans la Syrie", estime Karim Makdisi, un professeur de sciences politiques à l'Université américaine de Beyrouth. "Les responsables libanais ne peuvent être contre la Syrie", indique-t-il. "Ce n'est tout simplement pas une option et Hariri l'a réalisé".
Propulsé dans l'arène politique après l'assassinat de son père, Saad Hariri n'avait jamais eu de contacts officiels avec le régime syrien jusqu'à la formation de son gouvernement fin 2009. Depuis, il a effectué cinq visites en Syrie et le président syrien Bachar el-Assad s'est rendu une fois au Liban.
La rétractation de Hariri, qualifiée par un journal libanais de "bombe politique", survient alors que la tension monte au Liban en attendant la publication de l'acte d'accusation du Tribunal spécial pour le Liban (TSL) -dont la date n'a pas encore été communiquée-, créé en 2007 par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU et chargé de l'enquête sur l'assassinat. Les deux premiers rapports de la commission d'enquête de l'ONU avaient conclu à des "preuves convergentes" mettant en cause les renseignements syriens et libanais. Aucun suspect cependant n'est actuellement en détention. En juillet, le Hezbollah a dit s'attendre à ce que le TSL accuse des membres de son parti d'implication dans ce meurtre, et mis en garde contre les conséquences d'une telle décision.
Le président syrien et le roi saoudien Abdallah, dont le royaume est très lié à la famille Hariri, avaient dû se rendre à Beyrouth peu après pour tenter de calmer la situation.
Pour les analystes, la déclaration de M. Hariri à "ach-Charq al-Awsat" constitue une nouvelle tentative pour faire baisser les tensions, qui ont fait craindre un retour des violences confessionnelles.
"Cette position est directement liée à l'acte d'accusation", estime l'analyste Émile Khoury. "C'est une mesure de précaution avant la publication, par le tribunal, de l'acte d'accusation qui pourrait impliquer un parti libanais", a-t-il dit.
Pour Fadia Kiwan, responsable du département de sciences politiques l'Université Saint-Joseph, celle qui tire les bénéfices de la métamorphose de M. Hariri est incontestablement la Syrie.
"Après une phase difficile entre 2005 et 2007, le pouvoir de la Syrie est une fois encore consacré", a-t-elle dit. "Cela va également rendre les alliés de la Syrie au Liban encore plus puissants".
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