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Liban - Administration

Nominations : la classe politique continue de trouver des excuses au clientélisme

La question des nominations administratives à venir était encore hier au centre des prises de position dans les milieux politiques de tous bords.

Faisant écho aux propos tenus en début de semaine par le chef du PSP, Walid Joumblatt, de nombreux représentants de la classe politique, soucieux de se montrer « réalistes », continuent de suggérer qu'en matière de critères de choix pour les nominations, clientélisme et compétence peuvent rimer ensemble, l'essentiel étant à leurs yeux de prendre chez chacun ce qu'il y a de meilleur.
L'unique voix discordante entendue hier à ce sujet était celle du président du mouvement du Renouveau démocratique, Nassib Lahoud, qui s'est employé à expliquer l'inanité de cette théorie.
« S'agissant des nominations dans l'administration et dans les services de sécurité, on note diverses prises de position considérant la pratique du partage du gâteau comme un « mal nécessaire » ou affirmant la nécessité de conjuguer ensemble cette pratique et les critères de compétence », relève M. Lahoud dans un communiqué.
« À ce titre, poursuit-il, il est pris prétexte des concepts d'équilibre confessionnel et de partenariat national. »
« À la lumière des expériences amères que la question des nominations administratives a connues successivement, il est nécessaire de réaffirmer que la pratique du partage du gâteau est un mal absolu et il ne saurait en aucun cas se conjuguer avec la compétence », ajoute l'ancien ministre.
« Lorsque le clientélisme sévit, la compétence s'efface. Pire, cette dernière est phagocytée par le clientélisme, dans la mesure où elle  devient une arme à son service, souligne-t-il. Car le point essentiel que beaucoup font mine d'ignorer est de savoir à qui irait l'allégeance du fonctionnaire : serait-ce exclusivement à l'État, autrement dit à tous les Libanais sans différence ni discrimination, ou bien au leadership politique qui l'aurait nommé à son poste pour renforcer son arsenal clientéliste ? »  fait-il valoir.
« Pour ce qui est du partenariat national ou de l'équilibre confessionnel évoqué par Taëf au sujet des fonctions de première catégorie, leur réalisation ne nécessite nullement un passage obligé par les leaderships politiques. Les communautés sont toutes riches en talents qui refusent de faire antichambre chez tel ou tel chef politique pour obtenir un poste ou une fonction », conclut M. Lahoud.

Sfeir et le respect de l'équité confessionnelle
Sans se prononcer sur ce binôme « clientélisme-compétence », le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, a rappelé, par la bouche du député Mohammad Hajjar qu'il a reçu hier à Bkerké, la nécessité de respecter de manière intégrale le principe de l'équité confessionnelle dans les nominations.
Mais il a appelé, dans le même temps, à prendre « le meilleur de chaque communauté », soulignant que l'administration publique est la façade de l'État et que la confiance des Libanais dans leur État est tributaire du bon choix des fonctionnaires.
Allant dans le même sens pour ce qui est de la nécessité de prendre en compte « l'égalité entre chrétiens et musulmans », le député Atef Majdalani (Courant du futur) a toutefois ajouté, pour sa part : « Nous savons dans le même temps que nous ne vivons pas dans la république de Platon et nous sommes conscients que la pratique du partage d'influence est là, et qu'au Liban l'allégeance politique a un rôle. »
Prenant une position à peine plus nuancée, son collègue Ahmad Fatfat a jugé important « de s'entendre sur un mécanisme susceptible de dégager ce dossier de la pratique du partage d'influence direct ». M. Fatfat a en outre rejeté la proposition du président de la Chambre, Nabih Berry, de confier ce mécanisme à un comité de juges.
De l'autre côté de l'échiquier politique, le député CPL Nabil Nicolas a estimé que « le principe du partage du gâteau ne saurait être mis à l'écart dans les nominations ».
« Le Liban est un pays de communautés, et le consensus dans ce pays doit respecter les particularités libanaises jusqu'au moment où l'État civil verra le jour », a-t-il ajouté.
Selon M. Nicolas, « chaque fraction politique regroupe des personnalités jouissant des qualités de compétence, d'intégrité et d'indépendance dans l'action administrative ».
Défendant aussi le clientélisme tout en cherchant à noyer le poisson, le ministre de la Santé, Mohammad Khalifé, a déclaré de son côté, à l'issue d'une visite chez le chef du CPL, le général Michel Aoun : « Tout le monde sait aujourd'hui que les candidatures (aux nominations), qu'elles soient posées ou non par les diverses forces politiques, doivent être respectées. »
M. Khalifé a d'autre part minimisé l'impact de la proposition de M. Berry, dont il est proche, en affirmant qu'actuellement on est au stade des idées et que M. Berry « n'a fait que déclencher une dynamique » dans ce sens.
Par ailleurs, le député FL Antoine Zahra a appelé à profiter des talents libanais émigrés dans le cadre des nominations, un appel lancé également par le ministre de l'Éducation, Hassan Mneimné.
Enfin, le ministre du Travail, Boutros Harb, a estimé nécessaire d'éviter toute précipitation dans la question des nominations et de travailler  à les dépolitiser.

Les précisions de Hariri
Notons que, dans une déclaration faite hier matin à sa sortie du Grand Sérail, le Premier ministre Saad Hariri a indiqué que le dossier des nominations fait l'objet de concertations entre lui-même, le président Michel Sleiman et le ministre de la Réforme administrative, Mohammad Fneich (Hezbollah), « qui est le ministre concerné par ce dossier », a-t-il rappelé. Et M. Hariri d'ajouter : « Il existe un mécanisme qui définit la voie à suivre pour ces nominations. Ce mécanisme pourrait subir quelques modifications ou améliorations pour déterminer les priorités. »

Faisant écho aux propos tenus en début de semaine par le chef du PSP, Walid Joumblatt, de nombreux représentants de la classe politique, soucieux de se montrer « réalistes », continuent de suggérer qu'en matière de critères de choix pour les nominations, clientélisme et compétence peuvent rimer ensemble, l'essentiel...

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