Ceux qui s’y adonnent aiment errer de restos en cafés, de plages en bars, de parties de poker en afters. Ils sont là, réunis autour d’un capuccino chez/au Lina’s, Paul, Castel, Sô, Cocteau, traînent à l’ABC, aux Souks. Zyeutent des minettes, retraînent. Déjeunent et font durer le repas jusqu’à pas d’heure. Font un tennis à 15 h, un massage à 16 h 30 et un happy hour à 17 h. Un homme qui glande, c’est souvent surprenant. Mais pas au Liban. Ici, aucune honte en ce qui concerne le chômage choisi. Ici, quand on est rentier/héritier, on n’a pas besoin de travailler. Même pas de faire semblant. Pourquoi le faire d’ailleurs ? Pourquoi essayer de prouver qu’on bosse quand la chose la plus importante est de se prélasser. C’est vrai. Propriétaire d’un terrain, on le loue comme parking. 3 000LL par-ci, 5 000LL par-là. Vu le nombre de voitures qui se garent par jour, y’a de quoi faire péter le champagne le soir venu. Du champagne à flots dans ce rooftop qu’est le nôtre. Eh oui, parce que le glandeur assure toujours qu’il est le proprio d’un endroit, même s’il n’a que 2 % des shares. Il y va, consomme, fait consommer et finalement rentre dans ses frais. Il se rembourse ses nuits torrides. Et se transforme en chauffeur de salle. Faut bien que le business roule. Comme ça le lendemain, il pourra se réveiller vers 10-11 h, retrouvera son PT et ira à la plage. Le glandeur aime se dorer au soleil. Speedo ou boxer relevé sur le haut des cuisses, il végète. À l’ATCL, au Sporting, à l’Orchid, à Eddé Sands. Sans aucun complexe. Il déjeune en terrasse et quel que soit le jour de la semaine, on le trouvera posé sur cette même chaise, à cette même table. Genre président de la République. Le glandeur a ses habitudes. Il aime qu’on le connaisse, salue le serveur qui se demande pourquoi tous deux suent sous le soleil, mais pas pour les mêmes raisons, a son menu préféré, sa bière préférée. Il aime aussi, le cigare à la main, qu’on sache qu’il est là. À cet emplacement qui, après sa mort, portera son nom. Comme la chambre d’un hôpital ou la salle de conférence d’une université. Ici glande pour l’éternité notre ancien habitué. Cet inconditionnel de la vie sociale, cette concierge au masculin. Qui sait tout de tout le monde. Il s’emmerde tellement, même s’il ne l’avoue pas, qu’il passe le plus clair de son temps à BBMer à ses copains, et à bavarder avec le maître d’hôtel/coiffeur/voiturier pour avoir les dernières nouvelles du jour. Une fois le mois d’août arrivé, il ira se poser sur les terres arides de la montagne de Faraya/Faqra. Jouera à la tawlé, boira du rosé et offrira son poitrail aux rayons solaires qui viendront le caresser. Il glandouillera avec ses potes, PDG qui n’en foutent plus une depuis longtemps et personne ne s’étonnera de les voir papoter avec leurs amies glandeuses. C’est que ces hommes-là sont availables. Ils font du vélo. Font du shopping. Font la bringue... Sincèrement, parfois ils sont à envier. Pas toujours, mais quelquefois quand même. Et puis ils sont pratiques. Et souvent sympathiques. Normal, no stress.
Sauf pour nous. Parce qu’une fois rentré(e) du boulot, on n’a pas forcément envie de ressortir faire la java. Bref, nous, on se contentera d’une glande hebdomadaire, d’un après-midi de glande ou d’une soirée de glande. C’est ça le vrai bonheur. Voler un peu de temps.
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