L’ASL accuse le Hezbollah de mener "une invasion sans précédent" en Syrie

Le porte-parole de l’Armée syrienne libre (ASL), Louaï Moqdad, a accusé le Hezbollah de mener une "invasion sans précédent" de villages du centre de la Syrie, appuyée par l’artillerie du régime syrien.

"L’invasion du Hezbollah est la première du genre en termes d’organisation, de planification et de coordination avec l’aviation du régime", a déclaré M. Moqdad au quotidien libanais an-Nahar paru lundi.

"C’est la première fois que le Hezbollah procède à une invasion terrestre appuyé par l'artillerie postée dans des villages que le parti chiite a contrôlés à l’intérieur du territoire syrien et dans certains villages frontaliers", a-t-il ajouté.

Cette attaque aurait été menée "sous la supervision de Moustafa Badreddine et Wafik Safa", deux hauts responsables du puissant parti chiite, a-t-il dit.

Plus de quarante membres du Hezbollah ont été tués ces dernières heures en Syrie, a ajouté Louaï Moqdad lundi à la chaîne de télévision libanaise LBC. Il a également accusé le gouvernement libanais de faciliter le trafic de carburant au profit du régime baasiste. Ces derniers jours, des incidents ont eu lieu,  notamment au poste frontalier de Arida, au Liban-Nord, quand des manifestants ont tenté d'empêcher l’entrée en Syrie de camions de diesel destinés selon eux au régime du président Bachar el-Assad.

Dimanche déjà, le principal bloc de l’opposition syrienne avait accusé le Hezbollah d’intervenir "militairement" dans le conflit en Syrie, soulignant que cela constituait un "danger" pour la paix et la sécurité dans la région. Selon le Conseil national syrien (CNS), des membres du parti de Dieu ont lancé samedi "une attaque armée" contre trois villages de la région de Qousseir, proche de la frontière libanaise, faisant des victimes parmi les civils, provoquant des tensions confessionnelles et poussant des "centaines" d’habitants à l’exode.

Cette opération, selon Louaï Moqdad, "a commencé dès que Hassan Nasrallah a fini son discours".

Lors de ce discours, samedi, le secrétaire général du Hezbollah avait brièvement évoqué le dossier syrien, réitérant son soutien à la politique de distanciation du gouvernement Mikati et affirmant que ce serait "une grave erreur d’exporter au Liban la guerre en Syrie et de nous livrer à une confrontation interne".

(Pour mémoire: Les troupes d’élite du Hezbollah combattent massivement en Syrie, selon l’« International Herald Tribune »)

Dimanche, un responsable au sein du Hezbollah a reconnu dimanche à l’AFP que trois Libanais chiites avaient péri et au moins 14 autres ont été blessés en Syrie dans des affrontements avec les rebelles. Selon ce responsable, il s'agissait d’un acte d'"autodéfense".

Selon l’agence Reuters, qui cite des habitants de la région et des opposants, au moins deux membres du Hezbollah et cinq insurgés syriens ont été tués dans des combats du côté syrien de la frontière syro-libanaise.

En octobre 2012, Hassan Nasrallah avait affirmé que des membres de son parti combattaient les rebelles syriens mais à titre individuel et sans mandat de sa formation. Son parti publie de temps à autre des communiqués dans lesquels il annonce la mort d’un de ses combattants dans "l’exercice de son devoir jihadiste", sans précisions, l’opposition libanaise affirmant qu’il s’agit bien de membres du parti ayant combattu en Syrie.

L'ambassadeur de Syrie au Liban, Ali Abdel Karim Ali, a rejeté les accusations de l'opposition syrienne dirigées contre le Hezbollah. "Ces accusations sont sans fondement, ceux qui lancent de telles accusations ne jouissent d'aucune crédibilité", a-t-il dit à l'issue d'un entretien lundi avec le chef de la diplomatie libanaise Adnan Mansour. "Des Libanais se trouvant en Syrie ripostent aux éléments armés lorsqu'ils sont attaqués", a ajouté le diplomate.

Bombe contre un centre d'aide aux réfugiés syriens 

Parallèlement, trois personnes ont été blessées dimanche soir par une bombe lancée contre une association caritative islamique offrant de l'aide aux réfugiés syriens à Tripoli, la grande ville du nord du Liban, a affirmé à l'AFP un responsable de sécurité.

L'association, qui aide les réfugiés dans le secteur de Qobbé, est connue pour son hostilité au régime de Damas et des drapeaux de la révolte syrienne sont visibles près et à l'intérieur de son siège.

(Pour mémoire : Donner naissance... un parcours de combattante pour les réfugiées syriennes)

Depuis le début de la révolte syrienne en mars 2011, les tensions déjà palpables entre camps pro et anti-syriens se sont exacerbées au Liban, et en particulier dans cette grande ville à majorité sunnite, où résident une minorité d'alaouites, communauté du président Assad.

Selon les autorités libanaises, plus de 200.000 Syriens se sont réfugiés au Liban, et la plupart vivent dans le Nord frontalier de la Syrie, chez des proches, dans des maisons louées ou des abris.

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