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À La Une - Congrès du PCC

Xi Jinping, nouveau timonier d'une Chine en pleine mutation

Rompant avec la tradition, le successeur de Hu Jintao n'a fait aucune référence à ses prédécesseurs ni aux poncifs en vigueur.

Issu de l'aristocratie révolutionnaire et ayant vécu dans le tumulte de la "révolution culturelle" maoïste, Xi Jinping (gauche) a été intronisé chef du Comité permanent du bureau politique du Parti communiste chinois (PCC). Li Keqiang (droite), 57 ans, devient numéro 2 du PCC. AFP PHOTO/Mark RALSTON

Xi Jinping a succédé jeudi à Hu Jintao à la tête du Parti communiste chinois (PCC) et donc de la Chine, puissance mondiale autoritaire en pleine mutation, que cet homme d'appareil devra réformer et assainir de la corruption galopante qui la menace.

 

M. Xi, 59 ans, est apparu devant la presse internationale à la tête du nouveau collectif de sept personnes qui présidera aux destinées de la Chine pour les cinq à dix années à venir. Sous les crépitements des flashs et devant les caméras du monde entier, M. Xi a grimpé sur la scène du Palais du peuple, suivi des nouvelles figures qui vont former le "saint des saints" du pouvoir chinois, le "comité permanent" du Bureau politique du PCC.

 

L'air grave mais souriant, après avoir présenté ses collègues, M. Xi s'est lancé dans un bref discours dans lequel il a prévenu que la nouvelle équipe faisait face à d'"énormes responsabilités" et que le Parti était confronté à de "graves défis", dont la corruption. Les nouveaux dirigeants chinois sont mobilisés pour "assurer une vie meilleure" au peuple, a-t-il assuré.

 

Rompant avec la tradition, Xi Jinping n'a fait aucune référence à ses prédécesseurs ni aux poncifs en vigueur, ce qui a semblé réjouir une partie des internautes chinois, toujours à l'affût : "Ca faisait longtemps qu'on attendait des propos aussi directs et pas un discours officiel rigide et compassé", a réagi l'un deux. "Un langage aussi sincère fait chaud au coeur. On attend que le Parti et le gouvernement agissent de façon aussi sincère", a dit un autre.

 

"Il avait l'air assez à l'aise mais va-t-il introduire des réformes ? Je reste très dubitatif", a néanmoins commenté pour l'AFP Jean-Pierre Cabestan, expert de la Chine et enseignant à l'Université baptiste de Hong-Kong.

 

L'apparition au grand jour de la nouvelle direction du parti unique chinois, au pouvoir depuis 1949, met un point final aux travaux du 18e congrès du PCC, alourdi par des affaires de corruption et d'abus de pouvoir dans la haute "nomenklatura" communiste.

 

Réuni dans la matinée, le nouveau comité central, 205 dignitaires élus la veille par les congressistes, a désigné un nouveau Bureau politique de 25 membres, dont deux femmes au lieu d'une auparavant. C'est parmi eux qu'a été choisi le comité permanent -réduit de neuf à sept membres- au sein duquel Xi Jinping va devoir s'imposer les cinq années de son premier mandat, suivi en principe d'un deuxième. Li Keqiang, 57 ans, un apparatchik au sourire relativement facile, réputé bien connaître les ressorts de l'économie, a sans surprise été choisi pour remplacer, en mars prochain Wen Jiabao comme Premier ministre. Actuellement vice-Premier ministre, il devient numéro deux dans la hiérarchie du PCC.

 

"Ce n'est pas une équipe prête à introduire des réformes très importantes, sauf peut-être en matière économique parce qu'il y a un besoin. Sur le plan politique, ils sont très conservateurs", a estimé Jean-Pierre Cabestan, pour qui "c'est un peu la clique de Jiang Zemin. Hu Jintao perd beaucoup d'influence."

 

En partant, Hu Jintao a prié Xi Jinping de "faire le ménage" dans la maison Chine, ravagée par la corruption : "Si nous échouons à traiter cette question correctement, elle pourra s'avérer fatale pour le Parti, et même provoquer son effondrement et la chute de l'Etat", a-t-il prévenu à l'ouverture du congrès.

 

Premier dirigeant né après l'avènement du régime communiste, la personnalité de Xi Jinping reste largement une énigme, tant elle se confond avec la carrière d'un homme d'appareil attendant que la place se libère.

Fils d'un "héros révolutionnaire", d'aspect massif, le visage poupin et les cheveux de jais partagés par une raie impeccable, Xi est l'un des "princes rouges" du régime, véritable aristocratie aux commandes d'une Chine en pleine mutation.

 

Son épouse, Peng Liyuan, une célèbre chanteuse avec grade de général dans l'armée, est d'ailleurs plus populaire que lui. Le couple a une fille qui étudie aux Etats-Unis, à Harvard, sous un nom d'emprunt.

 

Xi a suivi une carrière classique de cadre communiste, dirigeant provincial d'abord, puis de Shanghai, avant d'intégrer le "saint des saints" du PCC en 2007 et de prendre la vice-présidence de la République en 2008.

 

La censure a étouffé les révélations en juin par l'agence Bloomberg de la fortune de ses proches, évaluée à 376 millions de dollars.

 

Aucun virage spectaculaire n'est attendu sous sa houlette en matière diplomatique. Xi revendique la "fierté historique et nationale" de la Chine, puissance montante dans le Pacifique. Elle devrait continuer à tenir tête aux Etats-Unis et à presser l'Europe, son premier marché à l'exportation, de sortir de la crise de la dette.

 

En matière de droits de l'homme, il devra décider s'il fait libérer de prison le prix Nobel de la paix 2010, l'intellectuel dissident Liu Xiaobo.

 

Désormais patron de "l'atelier du monde", Xi Jinping devra s'employer à réinventer le modèle chinois. La Chine de demain, a décidé le congrès communiste, veut rivaliser avec les économies occidentales les plus développées.

Mais, guetté par un demi-milliard d'internautes, Xi est attendu par une classe moyenne de bientôt 700 millions de consommateurs, pour la plupart étrangers à l'idéal communiste, et un pays où l'indignation monte devant la richesse souvent extravagante de la nouvelle "aristocratie rouge".

 

Autant de marges de manoeuvres étroites qui augurent mal d'une modernisation politique audacieuse.

 

M. Xi est généralement présenté comme un homme de compromis acceptable par les factions "réformistes" et "conservatrices". Il sera secondé par Li Keqiang, qui succédera en mars à Wen Jiabao au poste de Premier ministre.

 

Encore chef de l'Etat jusqu'en mars, Hu Jintao va rejoindre les coulisses du pouvoir aux côtés de l'ex-président Jiang Zemin (1993-2003), après avoir aussi cédé jeudi à Xi Jinping la présidence de la puissante Commission militaire centrale (CMC), l'organe de contrôle de l'armée.

 

Dans une première réaction, le Japon a dit "espérer" des relations "mutuellement bénéfiques" avec la nouvelle direction chinoise.

 

a indiqué mercredi le ministère japonais des Affaires étrangères, quelques heures après l'accession de Xi Liping à la tête de la Chine. Ce changement à la tête de la Chine intervient à un moment de fortes tensions entre Pékin et Tokyo, dont les relations sont exécrables depuis plusieurs mois en raison d'un conflit territorial en mer de Chine orientale qui n'a fait que s'envenimer.

Xi Jinping a succédé jeudi à Hu Jintao à la tête du Parti communiste chinois (PCC) et donc de la Chine, puissance mondiale autoritaire en pleine mutation, que cet homme d'appareil devra réformer et assainir de la corruption galopante qui la menace.
 
M. Xi, 59 ans, est apparu devant la presse internationale à la tête du nouveau collectif de sept personnes qui présidera aux destinées de...

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