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À La Une - Sécurité

Tripoli : énième retour au calme précaire...

La société civile décrète une grève générale aujourd’hui dans la ville pour protester contre les violences, qui ont fait au moins 14 morts.

Nouveau déploiement des forces de l’ordre à Tripoli dimanche 3 juin 2012. Omar Ibrahim/Reuters

Le calme est revenu hier à Tripoli au lendemain de la journée d’affrontements la plus sanglante depuis le début, à la mi-mai, de la récente vague d’incidents qui secouent le chef-lieu du Liban-Nord sur fond de crise syrienne.

Au moins quatorze personnes ont trouvé la mort du fait des violences et des dizaines d’autres ont été blessées, selon un bilan établi hier en journée. Parmi les victimes recensées, un enfant, Mazen Moustapha, qui a succombé hier des suites de ses blessures contractées samedi.

Un autre bilan fait état cependant de 16 morts, deux autres personnes qui avaient été blessées samedi étant décédées hier, selon le site annashra.com.

 

Les organisations patronales, syndicales et professionnelles de Tripoli, ainsi que le président et des membres du conseil municipal et des représentants de la société civile ont décrété une journée de grève générale et de deuil aujourd’hui, lundi, dans la ville.

 

Au cours d’une réunion à l’hôtel de ville, les participants ont, en outre, réclamé du Premier ministre, Nagib Mikati, qu’il convoque un Conseil des ministres extraordinaire à Tripoli, consacré aux problèmes de la ville.

Hier déjà, les promoteurs de la campagne « Tripoli ville sans armes » ont effectué un sit-in de protestation devant le Sérail de la ville, en présence du député Khaled Zahraman (Akkar, bloc du Futur), du président du conseil municipal de Tripoli, Nader Ghazal, et de nombreux représentants de la société civile. Les participants ont brandi des drapeaux libanais et entonné l’hymne national.

 

L’armée libanaise et les FSI se sont déployées en force dans la nuit de samedi à dimanche dans les quartiers de Bab el-Tebbaneh (sunnite) et Jabal Mohsen (alaouite), attenant à la ligne de front qui court le long de la rue de Syrie.

Un calme précaire a régné sur ces quartiers à partir de 5 h, à la suite d’une nuit mouvementée qui a vu se dérouler les combats les plus violents, surtout à partir de 2 h.

Des fusillades sporadiques ont éclaté à partir de minuit et des roquettes ont été tirées, poussant des familles à fuir leur domicile.

Selon l’Agence nationale d’information (ANI, officielle), « des bombardements ont retenti toutes les cinq minutes de part et d’autre du front et des tireurs embusqués ont ouvert le feu sur des civils ».

Une femme et son fils ont été tués, notamment, par une roquette tirée sur Bab el-Tebbaneh, a indiqué une source des services de sécurité.

 

Des chaînes de télévision faisaient état de tirs intermittents hier matin, mais il s’agissait probablement de coups de feu accompagnant les funérailles des victimes tombées samedi des deux côtés.

En soirée, toutefois, un homme, Khaled Toufic Dahab, était blessé dans le quartier de Qobbeh par des tirs de sniper. Plus tard, un engin a explosé sans faire de victime dans le centre-ville de Tripoli près d’un café appartenant à un membre de la communauté alaouite. Selon le site annashra.com, un groupe de jeunes avait « tenté d’incendier ce café plus tôt dans la journée, sans réussir à le faire ».

 

Démenti de l’armée

Démentant des informations selon lesquelles l’armée ne s’était déployée qu’à Jabal Mohsen et non pas à Bab el-Tebbaneh, du fait des sensibilités locales, le commandement de la troupe a affirmé dans un communiqué que les militaires ont « parachevé hier en milieu de journée leur installation dans tous les secteurs des quartiers de Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen, ainsi qu’à la rue de Syrie ».

« La stabilité a été rétablie dans ces secteurs », souligne le communiqué, ajoutant que les unités de l’armée « poursuivent le renforcement de leurs mesures de sécurité, y compris la chasse donnée aux personnes armées et la surveillance des éventuelles sources de tirs ».

 

Les mesures de sécurité ont été prises à la suite de la réunion tenue samedi soir à Tripoli chez le chef du gouvernement en présence de plusieurs ministres, députés et autres responsables de la ville.

La réunion a débouché sur un accord pour « retirer la couverture politique » aux miliciens et éléments armés qui s’affrontent depuis vendredi. Les responsables ont notamment demandé aux forces de sécurité de frapper d’ « une main de fer » les fauteurs de troubles afin de ramener le calme à Tripoli.

« L’armée libanaise et les forces de l’ordre doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour mettre fin aux affrontements dans la ville de Tripoli, et cela sans réserves », avait déclaré M. Mikati.

 

Charbel : « La sécurité sera rétablie »

Annonçant hier matin à la télévision le retour au calme dans la ville, le ministre de l’Intérieur, Marwan Charbel, a indiqué que le plan de sécurité a été mis en œuvre à partir de 5 h. « Nous avons contacté les deux parties à Jabal Mohsen et Bab el-Tebbaneh et nous les avons prévenues que les ordres étaient d’ouvrir le feu sur tout individu portant une arme », a-t-il dit.

« La sécurité sera rétablie » à Tripoli, a assuré M. Charbel, appelant « toutes les parties à assumer leurs responsabilités ».

 

Plus tard dans la journée, le ministre devait réitérer ses propos, en ajoutant que « toute personne armée sera arrêtée » et que « tous ceux qui veulent intervenir en faveur d’individus appréhendés devront aussi recevoir leur lot ».

Interrogé sur les interférences extérieures dans la ville, M. Charbel a dit : « La question concerne les Libanais. C’est à eux qu’il revient de décider s’ils acceptent ou pas les interférences extérieures. »

 

De son côté, le brigadier Bassam Ayoubi, chef de la police de Tripoli, a annoncé dans une conférence de presse « la levée de la couverture politique en faveur de tout fauteur de troubles à Bab el-Tebbaneh et Jabal Mohsen ».

« Nous avons été chargés de rétablir l’ordre et nous n’aurons de pitié envers personne », a assuré le brigadier, soulignant que « la mission essentielle pour l’instant consiste à empêcher l’apparition d’hommes armés ».

« À partir de cet instant, tout individu qui se rendrait coupable de troubles sera poursuivi, comme le seraient également ceux qui le financent, le poussent à l’acte et gèrent sa bataille », a-t-il dit.

 

Le brigadier a par ailleurs démenti des propos tenus par le responsable alaouite, Rifaat Eid, selon lequel il y aurait parmi les blessés des nationaux syriens relevant du chef de l’Armée syrienne libre (opposition), Riad el-Assaad. « Ces propos manquent de précision et sont même faux », a affirmé le chef de la police.

Pour sa part, le ministre de la Justice, Chakib Cortbaoui, a annoncé que des mandats seront émis par la justice à l’encontre des personnes impliquées dans les affrontements. « Il n’y aura de tolérance envers personne », a-t-il assuré lui aussi.

Tripoli a déjà été secouée à la mi-mai par une semaine de heurts entre ces pro et anti-Assad, qui avaient fait 10 morts. L’armée est intervenue le 15 mai pour séparer les protagonistes, prenant position dans la rue de Syrie avant de se déployer à l’intérieur des quartiers.

 

Le 12 mai, l’arrestation d’un islamiste sympathisant de la révolte syrienne avait mis le feu aux poudres à Tripoli. Cet homme, Chadi Mawlaoui, a affirmé peu après sa libération, dix jours plus tard, avoir été torturé pour le forcer à faire des « aveux » sur des liens avec el-Qaëda.

 

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