La mort du cheikh Ahmad Abdel Wahed a provoqué un regain de tension au Liban et surtout dans le nord du pays alors que les chefs des partis politiques ont lancé plusieurs appels au calme afin d'éviter que la situation sécuritaire ne dégénère.
Dans ce contexte, le Premier ministre Nagib Mikati a annoncé dimanche au terme d'une réunion sécuritaire d'urgence au Grand Sérail que le gouvernement a chargé le ministre de la Justice Chakib Kortbaoui de suivre "jusqu'à la fin" l'enquête sur la mort de cheikh Ahmad Abdel Wahed.
M. Mikati a indiqué que les politiciens et les forces de sécurité sont tous responsables de la situation actuelle.
Il a appelé tous les habitants du Nord du Liban à faire preuve de retenue et à coopérer avec les forces de sécurité et l'armée libanaise afin de calmer la situation.
Le Premier ministre a par ailleurs affirmé que les appels à la formation d'une armée libanaise libre sont "catégoriquement refusés". M. Mikati a précisé que son gouvernement est déterminé à poursuivre son action "jusqu'à la fin" et a assuré qu'il ne présentera pas sa démission. Il a également demandé aux habitants du Nord d'éviter de bloquer les routes principales.
Sur le terrain, plusieurs routes ont été bloquées dimanche à travers le pays, dont notamment à Tripoli et à Beyrouth.
L'autoroute principale liant la ville de Tripoli à Beyrouth a été bloquée par des manifestants à l'aide de pneus auxquels ils ont mis le feu, selon la chaîne de télévision MTV.
L'autoroute liant al-Naameh, au Liban-Sud, à la capitale a également été bloquée de la même façon ce qui a provoqué des embouteillages et les citoyens ont appelé les forces de l'ordre à rouvrir les routes.
La chaîne de télévision LBC a en outre annoncé que la route menant à l'Université Arabe de Beyrouth a aussi été bloquée à l'aide de pneus enflamés.
Plus tôt dans la journée, le commissaire du gouvernement près le tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, s'est rendu au poste de contrôle de Kweikhat (à Halba) où a été tué cheikh Ahmad Abdel Wahed et son garde du corps et a commencé à interroger les officiers présents sur place lors de l'incident.
De son côté, l'ex-Premier ministre Saad Hariri a condamné dimanche le "meurtre" de cheikh Ahmad Abdel Wahed et a demandé l'ouverture immédiate d'une enquête sur cette affaire.
"Nous appelons les habitants de Akkar à faire preuve de retenue (...) pour éviter le chaos dans la région", a souligné M. Hariri dans un communiqué rendu public par son bureau de presse.
L'ancien chef du gouvernement a notamment contacté le président de la République Michel Sleiman et le commandant de l'armée libanaise le général Jean Kahwagi et a demandé que les coupables "soient tenus responsables de leur crime".
Parallèlement, le chef du Parti socialiste progressiste (PSP) Walid Joumblatt a contacté M. Hariri pour discuter de l'incident du Akkar, tout en exhortant les citoyens "à ne pas tomber dans le piège du régime syrien".
Les députés du Akkar se sont également réunis pour appeler au calme, mais ont cependant demandé aux président et au Premier ministre de prendre "les mesures nécessaires" afin de juger les responsables de ce crime.
"Nous rejetons une enquête militaire sur cet incident, car l'armée est impliquée dans ce crime", ont annoncé les parlementaires du Akkar à la suite d'une réunion d'urgence. "Le gouvernement est moralement responsable de cet incident", ont-ils ajouté tout en appelant les habitants du Akkar à exercer la retenue afin d'éviter la dissension.
La place de Halba dans le Akkar était supposée être le théâtre de deux rassemblements parallèles des partisans du Parti syrien national social (PSNS), d'une part, et du Courant du Futur, d'autre part, pour la 4e commémoration du 7 mai 2008.
En fin de journée, un important déploiement de forces armées était noté au Akkar où la tension est à son paroxysme. Plusieurs routes de la région ont d'ailleurs été bloquées au moyen de pneus enflammés en guise de protestation après la mort de cheikh Abdel Wahed. Selon certaines informations, des députés de la région ont aussitôt appelé à "chasser les unités de l'armée de Halba" et demandé que leur mission soit "prise en charge par les Forces de sécurité intérieure". Cette information a toutefois été démentie par les députés du Akkar et M. Khaled Daher a réclamé sur ce plan que "certains éléments" de l'armée en poste dans la région soient retirés.
Cet incident intervient après une semaine de heurts intermittents à Tripoli, la grande ville du Nord, entre sunnites hostiles au régime syrien et alaouites partisans du pouvoir à Damas, qui ont fait 12 morts.
La révolte en Syrie exacerbe les tensions au Liban, qui a connu 30 ans d'hégémonie syrienne et reste divisé entre adversaires et partisans du régime du président Bachar el-Assad. Dans les milieux sunnites, des voix se sont élevées pour accuser l'armée libanaise de faire le jeu du régime syrien.
Dans ce contexte, le Premier ministre Nagib Mikati a annoncé dimanche au terme d'une réunion sécuritaire d'urgence au Grand Sérail que le...
commentaires (9)
Andre, je reste ZA l'ecoute puisque des coups de feu ont ete tires de la voiture...:)
Michele Aoun
06 h 38, le 21 mai 2012