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À La Une - Analyse

La droite française promise à un après-Sarkozy agité

Guerre de succession, clarification idéologique, législatives…

Nicolas Sarkozy quittant la scène après son discours de défaite, dimanche 6 mai 2012, à la Mutualité, à Paris. REUTERS/Philippe Wojazer

La défaite de Nicolas Sarkozy ouvre une période agitée pour l'UMP, mais son score finalement honorable pourrait limiter, au moins dans l'immédiat, les risques d'une implosion à laquelle le Front national rêve ouvertement.

 

D'un côté, une guerre de succession se profile du fait du retrait du président sortant, avec en première ligne le secrétaire général, Jean-François Copé, le Premier ministre François Fillon et, comme arbitre possible, le ministre des affaires étrangères Alain Juppé.

 

De l'autre, la tonalité très droitière de la campagne de Nicolas Sarkozy et les réserves qu'elle a suscitées en interne imposent une clarification idéologique qui pourrait alimenter des forces centrifuges, vers la droite ou le centre, selon le sens qu'elle prendra.

 

Toute la difficulté sera de continuer à faire cohabiter une aile droite organisée autour la Droite populaire, un collectif de 43 députés qui défend des positions sécuritaires dures et dont plusieurs sont en première ligne face au Front national, et des anciens centristes qui revendiquent des valeurs humanistes. L'ancien ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a lancé dès dimanche soir un appel du pied à ces derniers.

 

Mais le véritable rendez-vous sera cet automne, lors du congrès qui sera chargé d'élire un nouveau président pour succéder à Nicolas Sarkozy.

 

Sauve-qui-peut général évité ?

Dans l'immédiat, la perspective des élections législatives, dans six semaines, devrait suffire à maintenir la cohésion du parti même si la question potentiellement dévastatrice d'alliances avec le FN pourrait se poser dans des triangulaires.

Ancien porte-parole adjoint de l'UMP, Dominique Paillé, qui a pris ses distances avec Nicolas Sarkozy en 2010 en lui reprochant de diviser plutôt que de rassembler les Français, juge que l'ampleur relativement limitée de sa défaite devrait se traduire par un "réflexe de cohésion" au sein de la formation, afin de "sauver les meubles aux législatives". "Avec une défaite plus forte, on assisterait à un sauve-qui-peut et des tentatives d'accords locaux avec le Front national, donc un éclatement", a-t-il dit à Reuters.

 

De fait, les responsables de l'UMP qui se sont succédé dimanche soir sur les plateaux de télévision ont plaidé dans le même sens, à savoir une mobilisation générale pour éviter que la gauche, majoritaire au Sénat depuis l'automne dernier, ne contrôle tous les pouvoirs.

 

Pour conforter cette unité, Jean-François Copé a annoncé la constitution d'un comité de pilotage stratégique des législatives regroupant tous les poids lourds de l'UMP, y compris ses adversaires comme Xavier Bertrand et François Fillon. Il avait également indiqué la semaine passée qu'il autoriserait les sensibilités du parti à s'organiser en "mouvements", dans le but manifeste de prévenir le développement de tensions internes dans l'hypothèse d'une défaite de Nicolas Sarkozy, à laquelle il ne croyait officiellement pas.

 

Tiraillement très forts

Les statuts de la formation née en 2002 de la fusion de l'ancien RPR, de tradition gaulliste, et de l'UDF, pro-européenne, libérale et centriste, prévoyaient cette possibilité, qui n'a pas été appliquée jusqu'à présent.

"Le pire, pour nous tous, serait un retour à une droite divisée comme du temps du RPR et de l'UDF", a dit Jean-François Copé. Deux fondateurs de l'UMP, Alain Juppé et l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, ont exprimé les mêmes craintes.

 

Mais des accords électoraux avec le FN pourraient servir de catalyseur à ces tensions.

Stéphane Rozès, président du cabinet de conseil CAP, prédit déjà, en fonction de celui qui reprendra les rênes de l'UMP, "un tiraillement très fort entre une Droite populaire espérant des accords avec le Front national et des centristes tentés de reconstituer l'ancienne UDF."

 

Pour cet analyste, seul le vétéran Alain Juppé a "la légitimité et l'assise pour éviter un éclatement de l'UMP" alors que Jean-François Copé, "parce qu'il regarde le coup d'après, a voulu s'inscrire dans le noyau dur de la droite" en accompagnant la droitisation de la campagne de Nicolas Sarkozy.

 

Gaël Sliman, de l'institut BVA, juge de même qu'il y a "un vrai risque d'éclatement de la droite, qui a perdu cette élection présidentielle en n'étant plus tout à fait elle-même quant aux valeurs qu'elle a portées."

"Elle a fait monter le FN et suscité de très fortes divisions au sein de l'UMP (...) Sans parler du centre droit qui ne se retrouve pas dans cette droitisation, tandis que la Droite populaire y verra de bonnes raisons de conclure des alliances locales avec le FN", estime-t-il.

 

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commentaires (7)

Je suis tout à fait d’accord avec vous Madame Sursock. Un duopole ne peut pas prétendre représenter les aspirations de tout un peuple. Le clivage gauche-droite est un peu trop simpliste. Le système Suisse est bien plus équilibré. Les deux partis en France (ou aux Etats-Unis, ou en Allemagne) ont un avantage écrasant sur tous les autres du fait de leur ancienneté et de leur participation successive au pouvoir durant des décennies. Les autres partis n’ont d’autre choix que de s’aligner sur un axe ou l’autre, et la société n’a d’autre choix que de se polariser. Ceci dit, il est évident que la défaite de la droite est due à la personnalité du Président. C’est une défaite personnelle (qu’il a d’ailleurs finalement assumée), bien plus qu’un vote de confiance envers le Parti Socialiste. Sarkozy parti, peut-être que la justice fera enfin la lumière sur l’affaire Merah, l’affaire DSK, les donations de Kadhafi, etc… Il y a des dossiers qui puent comme une paire de chaussettes après un marathon.

Jack Hakim

04 h 54, le 08 mai 2012

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Commentaires (7)

  • Je suis tout à fait d’accord avec vous Madame Sursock. Un duopole ne peut pas prétendre représenter les aspirations de tout un peuple. Le clivage gauche-droite est un peu trop simpliste. Le système Suisse est bien plus équilibré. Les deux partis en France (ou aux Etats-Unis, ou en Allemagne) ont un avantage écrasant sur tous les autres du fait de leur ancienneté et de leur participation successive au pouvoir durant des décennies. Les autres partis n’ont d’autre choix que de s’aligner sur un axe ou l’autre, et la société n’a d’autre choix que de se polariser. Ceci dit, il est évident que la défaite de la droite est due à la personnalité du Président. C’est une défaite personnelle (qu’il a d’ailleurs finalement assumée), bien plus qu’un vote de confiance envers le Parti Socialiste. Sarkozy parti, peut-être que la justice fera enfin la lumière sur l’affaire Merah, l’affaire DSK, les donations de Kadhafi, etc… Il y a des dossiers qui puent comme une paire de chaussettes après un marathon.

    Jack Hakim

    04 h 54, le 08 mai 2012

  • Monsieur Hakim, j'ai aussi été bouleversée par cet article. Oui, la droite française aura des problèmes. Mais qui les a provoqués ? Quand, sauf cas rarissime, des parents savent faire régner l'harmonie dans leur famille, avec équité, il n'y a pas de problèmes à leur disparition, n'est-ce pas ? Sarkozy, qui était un petit Monsieur peu respectueux des êtres, n'a fait qu'attiser le feu. Cela dit, j'estime que le système politique où l'on voit successivement une gauche ou une droite au pouvoir est peu représentatif d'une véritable démocratie. Je préfère le système suisse où le Gouvernement est composé de ministres issus de tous les partis politiques. Le Président reste en place un an et le culte de la personnalité n'y existe pas. Les ministres sont élus par le Parlement et les membres du Parlement par le peuple. Cela s'appelle démocratie directe.

    Nayla Sursock

    16 h 22, le 07 mai 2012

  • Dans une société ultra-polarisée, il est parfois facile d’encenser des fascistes pour assouvir sa propre haine. Je vous propose de lire, dans Le Monde, l’histoire de Mohamed Moulay qui a perdu son père durant la guerre d’Algérie. Mohamed est décédé il y a quelques jours. Il n’a pas obtenu justice. Aujourd’hui le monde est tel qu’il ne l’obtiendra probablement jamais. Voici le lien : http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2012/05/02/mohamed-moulay-l-homme-au-poignard-de-le-pen-est-mort_1694213_3382.html

    Jack Hakim

    12 h 27, le 07 mai 2012

  • François III l’a encore un peu plus Aplati à ce Jakouzy.

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    10 h 27, le 07 mai 2012

  • Sans etre un score etrique, le P.S et l'UMP se maintiendront comme tel jusqu'aux legislatives. Ce n'est qu'apres les legislatives qu'on commencera a entrevoir un eclatement de l'UMP. Le grand ecart sarkoziste va finir par une implosion, surtout qu'il dit ne plus vouloir jouer de roles preponderants. Une satisfaction et ca c'est personnel, Juppe ne pourra plus nous imposer de voir sa tronche a debiter des paroles sur mesure , pour donner aux qataris et bensaoud l'assurance d'un boulot fait avec ( sa ) conscience, quand on sait ce qu'elle vaut vraiment.

    Jaber Kamel

    08 h 12, le 07 mai 2012

  • Sarkozy s’en va, il n’a pas démérité compte tenu de son score, néanmoins il doit s’en prendre à lui-même.Une refondation idéologique est donc nécessaire pour sauver la doctrine de l’UMP . Nazira.A.Sabbagha

    Sabbagha A. Nazira

    04 h 21, le 07 mai 2012

  • - - Le boulevard est grand ouvert devant la vague Bleu Marine qui sera rejointe par de nombreux déçus du Sarkozisme et de la droite Molle qu'il a présidé ! La nouvelle droite est visible fière et claire comme l'eau de Roche ... !

    JABBOUR André

    03 h 30, le 07 mai 2012

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