Rechercher
Rechercher

À La Une - Syrie

Réveil timide mais ferme des alaouites

La Turquie pour une prise en main par l’ONU en cas d’échec arabe

Un nouveau bataillon, nommé al-Hikma, a fait allégeance hier à l’Armée syrienne libre dans la ville de Homs.AFP / YouTube

Des intellectuels alaouites syriens, dont des écrivains et des journalistes, ont dénoncé hier dans un communiqué « les tentatives du pouvoir de lier la communauté alaouite et les minorités religieuses au régime à travers des manipulations sécuritaires et médiatiques ». Les signataires ont également rejeté « le comportement et les déclarations de certaines parties de l’opposition qui tentent d’attribuer à notre soulèvement une coloration sectaire alors qu’il est un soulèvement pour la dignité, aux revendications civiles ». Les signataires les accusent d’être « l’autre visage du régime despote », qui réprime dans le sang le mouvement de contestation lancé il y a dix mois.

 

Le communiqué lance également un appel « aux Syriens alaouites et aux minorités religieuses et ethniques qui redoutent les conséquences d’un éventuel effondrement du régime, à participer au renversement de ce pouvoir oppressif et à l’édification d’une nouvelle république basée sur l’État de droit et la citoyenneté ». Le texte appelle en outre l’armée syrienne à « ne plus obéir aux ordres de tuer les manifestants pacifistes ». Parmi les signataires figurent la poétesse Racha Omrane, l’écrivain Rosa Yassine Hassan, l’actrice Louise Abdel Karim Ali, l’écrivain Samar Yazbek, le journaliste Yamen Hussein, ainsi que Hassan al-Khatib, Khawla Dounia et Firas Saad.

 

Le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu a été dans le même sens, assurant que le mouvement en Syrie est « populaire et non communautaire ; il ressemble à ce qui c’est passé en Afrique du Nord, et il n’y a aucune revendication confessionnelle : sunnites, alaouites, chrétiens, druzes, kurdes, turkmènes et arabes ont tous les mêmes revendications », a-t-il affirmé dans une interview à la chaîne al-Arabiya qui sera diffusée aujourd’hui. En outre, il a indiqué que « la Turquie soutient une prise en main par le Conseil de sécurité de l’ONU en cas d’échec de l’intiative arabe, surtout qu’en cas de catastrophe humanitaire, ni la communauté internationale ni les Nations unies ne peuvent rester les bras croisés ».

 

Le fameux rapport...

Sur un autre plan, le chef de la mission arabe en Syrie, critiquée pour son incapacité à faire cesser dix mois d’effusion de sang, va remettre dans les 24 heures un rapport « décisif », au moment où le régime semble profiter des divisions internationales pour tenter de venir à bout de la révolte. Le Soudanais Mohammad Ahmad Moustapha al-Dabi, chef des observateurs de la mission, « va ainsi remettre un rapport en fonction duquel la Ligue arabe décidera du sort de la mission », a déclaré Ahmad ben Helli, le secrétaire général adjoint de la Ligue à l’agence officielle du Qatar. M. al-Dabi est d’ailleurs arrivé hier soir au Caire. La Ligue arabe « évaluera » la coopération du gouvernement avec les observateurs, a-t-il poursuivi, en soulignant l’existence de « difficultés concernant leur accès aux zones chaudes ».

La France a demandé que ce rapport soit transmis à l’ONU. « La Syrie ne respecte pas les engagements pris vis-à-vis de la Ligue arabe, (comme) retirer les troupes dans les casernes », a affirmé le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, se déclarant par ailleurs opposé à la proposition qatarie d’envoi de soldats arabes.

Les États-Unis se sont dits quant à eux sur la « même longueur d’onde » que Paris à ce niveau. Plus tôt, Washington a dit œuvrer en vue d’une résolution « forte » contre Damas au Conseil de sécurité, mais la Russie, traditionnel allié de la Syrie, a réaffirmé qu’elle ne soutiendrait « aucune sanction » et bloquerait toute résolution contre le régime. L’Allemagne a d’ailleurs accusé Moscou hier d’empêcher le Conseil de sécurité de prendre une résolution décisive face à la répression. Le ministre australien des Affaires étrangères, Kevin Rudd, a en outre réclamé que Bachar el-Assad soit traduit devant la justice internationale.

 

« Les détenus de la révolution »

La remise du rapport de la mission arabe coïncide avec un nouvel appel des militants prodémocratie à des manifestations massives aujourd’hui, placées cette fois-ci sous le slogan des « détenus de la révolution ». « 60 000 détenus se sont soulevés pour notre liberté et nous allons nous soulever pour la leur », ont-ils affirmé, sur leur page Facebook « The Syrian Revolution 2011 », où ils ont à nouveau réclamé une « internationalisation » de la crise. Les manifestations journalières se sont poursuivies hier, al-Jazira montrant en direct plusieurs rassemblements antirégime à Homs.

Sur le terrain, les forces de sécurité ont continué leur campagne de répression, ainsi au moins 24 civils ont été tués à travers le pays, selon al-Arabiya alors que l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), a fait état de la mort de trois insoumis. Un général des services de renseignements militaires a par ailleurs été tué à Hama par des soldats rebelles ayant refusé d’obéir à des ordres de tirer sur les civils, selon un communiqué des Comités locaux de coordination. Selon l’OSDH, un lieutenant a également été tué dans ces accrochages. Al-Arabiya a précisé de son côté qu’un membre des forces de sécurité a trouvé la mort dans une voiture piégée dans le quartier al-Tadamon à Damas.

Un haut responsable de l’opposition a par ailleurs rapporté hier que les forces syriennes se sont retirées mercredi de la localité de Zabadani, près de la frontière libanaise, après avoir passé un accord de cessez-le-feu avec les insurgés. « L’attaque sur Zabadani pourrait reprendre à tout moment. Peut-être ne se sont-ils retirés que le temps de remplacer les soldats qui hésitaient à prendre la ville d’assaut », a néanmoins mis en garde Kamal al-Labouani, qui se trouve à Amman.

 

Des intellectuels alaouites syriens, dont des écrivains et des journalistes, ont dénoncé hier dans un communiqué « les tentatives du pouvoir de lier la communauté alaouite et les minorités religieuses au régime à travers des manipulations sécuritaires et médiatiques ». Les signataires ont également rejeté « le comportement et les déclarations de certaines parties de l’opposition...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut