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Santé - Maladies infectieuses

Le Truvada, dernière trouvaille US, ne remplace pas les méthodes classiques dans la prévention du sida

Le traitement médicamenteux préventif contre le sida, qui pourrait être autorisé aux États-Unis prochainement, n’est qu’un outil supplémentaire dans la prévention de la maladie. À lui seul, ce médicament n’est pas une arme efficace.

Le médicament que pourraient commercialiser les États-Unis prochainement pour prévenir le sida ne suffit pas à lui seul, insistent les spécialistes. Photo futura-sciences.com

L’Agence américaine des médicaments (FDA) pourrait autoriser d’ici à la mi-juin la commercialisation d’un premier traitement médicamenteux pour la prévention du sida. Il s’agit certes d’une bonne nouvelle pour les partenaires des personnes atteintes de la maladie, mais il n’en reste pas moins que ce traitement, à lui seul, n’est pas miraculeux, et que les moyens de prévention classiques adoptés jusqu’à présent, notamment l’utilisation du préservatif, restent indispensables. Tel est le message que les spécialistes libanais insistent à faire parvenir aux patients, comme à leurs partenaires séronégatifs.
« Le Truvada est un outil supplémentaire dans la prévention du sida, affirme le Dr Jacques Mokhbat, président de la Société libanaise du sida. Ce traitement médicamenteux ne doit absolument pas être utilisé seul, d’autant qu’il ne s’agit pas d’un vaccin et que son efficacité n’est pas totale. »
« Le Truvada est une combinaison de deux molécules, le Ténofovir et l’Emtricitabine. Il constitue un médicament de base dans la trithérapie que suivent des millions de personnes souffrant de sida dans le monde. C’est un médicament bien toléré, avec peu d’effets secondaires, et facile à prendre. Il s’agit donc d’un remède sur lequel nous comptons actuellement beaucoup dans la prise en charge des personnes souffrant du sida », explique le Dr Mokhbat.
Le 10 mai dernier, un comité de vingt-deux experts avait recommandé à la FDA la mise sur le marché du Truvada comme traitement de prévention contre le sida. Les experts se sont basés sur les résultats encourageants de plusieurs essais cliniques sur l’efficacité du médicament. Une première étude menée à large échelle, de juillet 2007 à décembre 2009 dans six pays, dont le Brésil, l’Afrique du Sud et les États-Unis, a ainsi montré que ce médicament a réduit de 44 % le risque d’infection chez les hommes homosexuels qui utilisaient aussi des préservatifs. Une autre étude clinique a montré que le Truvada diminue le risque d’infection jusqu’à 60 % chez les couples hétérosexuels discordants, c’est-à-dire dont l’un des deux partenaires est séropositif.

Une panoplie de mesures
« Ces études, et celles qui les ont précédées, comme les essais menés sur le Ténofovir seul, montrent qu’il existe plusieurs techniques biomédicales pour la prévention du sida », constate le Dr Mokhbat. « Une approche suggérée serait qu’un partenaire infecté sous traitement efficace, ayant donc une charge virale indétectable (c’est-à-dire au-dessous d’un certain seuil de détection déterminé par la technique de laboratoire), pourrait avoir des relations non protégées avec un risque de transmission minime au partenaire discordant. Le problème est que ces études sont faites dans des conditions idéales alors que dans la pratique courante, nous n’avons pas la garantie absolue que les personnes concernées se conformeront aux recommandations de leur médecin et prendront le médicament d’une manière régulière. S’ils omettent de le faire, un blip, c’est-à-dire un pic transitoire de charge virale, peut survenir et peut donc provoquer une transmission », ajoute-t-il.
Et le Dr Mokhbat de poursuivre : « Mais dans le cas du Truvada comme traitement préventif, plusieurs problèmes peuvent entraver l’efficacité de cette approche, surtout si le partenaire infecté a déjà un virus résistant à ce médicament. Dans ce cas-là, le partenaire séronégatif n’est plus protégé. Par ailleurs, si jamais le partenaire qui se croit séronégatif est en réalité en phase préséropositive ou séropositive, mais qu’il l’ignore, parce qu’il n’a pas fait de tests et qu’il prend le Truvada seul, il va faire induire une résistance à son propre virus, puisque ce médicament est une bithérapie et non une trithérapie. C’est un gros problème qu’il ne faut pas négliger. »
Une approche intéressante, d’après le médecin, serait « de traiter un plus grand nombre de patients ». « Il est désormais prouvé qu’en le faisant, on diminue la quantité des virus qui circulent dans la communauté et par conséquent le risque de transmission. Il est donc nécessaire de mener des campagnes sur l’importance du dépistage. Celui-ci doit toutefois être facultatif et non obligatoire. Deuxièmement, il faudrait être plus agressif dans le traitement, dans le sens où il faut le commencer le plus tôt possible. Troisièmement, on peut administrer le Truvada au partenaire discordant, sans toutefois oublier que le préservatif reste essentiel dans la prévention. Enfin, il faudrait penser à la circoncision, plusieurs études ayant montré qu’elle contribue à diminuer la transmission dans une proportion allant de 50 à 60 %. Donc, il s’agit d’une panoplie de mesures préventives à prendre et non pas d’un seul outil. Jusqu’à présent, nous ne disposons pas encore d’une baguette magique qui va prévenir l’infection par le virus du sida et éviter ainsi sa transmission », conclut le Dr Mokhbat.
L’Agence américaine des médicaments (FDA) pourrait autoriser d’ici à la mi-juin la commercialisation d’un premier traitement médicamenteux pour la prévention du sida. Il s’agit certes d’une bonne nouvelle pour les partenaires des personnes atteintes de la maladie, mais il n’en reste pas moins que ce traitement, à lui seul, n’est pas miraculeux, et que les moyens de prévention...

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