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Téléphonie et Internet : le Liban dans la moyenne OCDE

À la suite de l’article intitulé « Téléphonie et Internet : le Liban demeure un pays du tiers-monde » paru dans L’Orient-Le Jour du 21 octobre, nous avons reçu du bureau de presse du ministre des Télécommunications la réponse suivante :
N’en déplaise aux esprits chagrins qui ne veulent pas l’admettre, le Liban est bel et bien en train de se doter d’une infrastructure moderne de télécommunications (fibre optique et 3.75G). Dans l’opinion parue dans L’Orient-Le Jour du 21 octobre, M. Bakhos Baalbacki vogue sur la méconnaissance du grand public en matière de télécommunications.
Premièrement : « Alors que le monde passe progressivement à la 4G, on nous fourgue la 3G. »
Plutôt que d’ironiser sur les réalisations du ministère des Télécommunications, l’auteur de cette opinion aurait mieux fait de se renseigner : la 4G est un nouveau standard de téléphonie mobile encore en cours de finalisation. Aucun mobile, terminal ou modem utilisant le standard baptisé « LTE-Advanced » n’est opérationnel à cette date dans le monde. Le déploiement des premiers réseaux commerciaux 4G est attendu pour 2015 voire 2016. Ce qui a été lancé en 2010 en Finlande et en Suède, c’est le réseau mobile au standard LTE qui est une évolution du standard 3G, et plus particulièrement une amélioration du standard HSPA+ en cours d’installation au Liban. Le passage de la HSPA+ au LTE se fera par une mise à jour logicielle sans changement majeur au niveau matériel (et donc pas de gaspillage des deniers publics annoncé par l’auteur). Ce passage se fera tout naturellement dès que le HSPA+ sera déployé entièrement sur le territoire libanais et, surtout, dès lors que les appareils mobiles, les terminaux et les modems supportant le standard LTE auront atteint une masse critique pour être commercialisés, ce qui n’est pas du tout le cas actuellement.
Le saut technologique est donc bien réel pour les usagers libanais qui passent de la 2.75G (GSM/GPRS/EDGE) sur les réseaux mobiles à la HSPA+ (soit 3.75G). Une avancée qui place le Liban dans le peloton de tête régional. Pour des raisons de montée en puissance progressive, la 3G démarre dans un mode 3.5G (21 Mbps théoriques) et passera l’été prochain au mode 3.75G (42 Mbps théoriques).
Quant aux vitesses de 1 000 Mbps évoquées par M. Baalbacki, il faut savoir qu’elles ont été atteintes uniquement en laboratoire et qu’aucun usager de la planète ne les verra avant plusieurs années.
Deuxièmement : « Alors que le ministre annonce des débits théoriques allant jusqu’à 8 Mbps, les tests pratiques montrent des connexions moyennes tournant entre 0,5 Mbps et 2 Mbps. »
Nous sommes au tout début d’un nouveau déploiement de réseau 3G/HSPA+. Le processus dure un minimum de temps avant que la vitesse de croisière ne soit atteinte. À l’heure actuelle, la couverture 3G/HSPA+ concerne les villes principales afin d’assurer une couverture nationale identique à celle de la 2.75G (GSM/GPRS/EDGE). L’achèvement de cette étape, prévue pour la fin février 2012, nécessitera à son tour une action d’optimisation afin de rendre cette couverture conforme aux standards internationaux. Après l’achèvement de la couverture du nouveau réseau 3G/HSPA+, vient la phase dite de densification au cours de laquelle la capacité des stations de radiotransmission sera augmentée afin de répondre aux besoins croissants en vitesse et en consommation des abonnés.
Ce mode opératoire est tout à fait comparable à tous les déploiements de la 3G qui ont eu lieu dans le monde. On ne peut pas aller plus vite que la musique. Au lieu d’attaquer le ministère, l’auteur aurait mieux fait de s’interroger sur les raisons pour lesquelles les Libanais ont été si longtemps privés de ces nouvelles technologies.
Troisièmement : « On est loin des 80 % (de baisse des prix) annoncés fièrement. »
Cette affirmation est tout simplement fausse. Pour l’étayer, l’auteur détaille la comparaison qu’il a effectuée entre l’offre commerciale d’un fournisseur de services Internet privé (pour lequel la nouvelle grille tarifaire ne s’impose pas), et la nouvelle offre tarifaire du ministère des Télécoms définie par le décret 6 957 en vigueur depuis le 1er octobre 2011. L’honnêteté dicterait en effet de comparer les tarifs du ministère – qui servent de référence à ceux du marché – avant et après le nouveau décret. Ce tarif réalise bien une baisse de 80 % des prix comme l’atteste le premier plan de 1 Mbps du nouveau décret qui est tarifé à 24 000LL contre 115 000LL avant le 1er octobre.
Quant au fait qu’à ce jour seuls 30 % des Libanais ont reçu le upgrade à 1 Mbps, il est dû à l’incompétence et à l’obstruction systématique pratiquée par certains relais de l’administration publique, malheureusement appuyés par certains courants politiques. Le ministre se promet en tous les cas de dévoiler les dessous de cette bataille de l’ombre une fois que le upgrade aura atteint tous les Libanais.
Quatrièmement : des comparaisons trompeuses avec les tarifs en France et au Maroc.
Cette comparaison est également biaisée et inexacte. Rappelons par exemple que la France est un pays mature où la demande se caractérise par un pouvoir d’achat élevé, ce qui permet à l’opérateur d’allier faisabilité économique et bas prix.
Une petite explication est nécessaire. En matière de fibre optique, il faut distinguer deux étapes : la première consiste à relier tous les centraux téléphoniques par de la fibre, une étape franchie par tous les marchés matures ; et la deuxième consiste à faire parvenir la fibre à tous les foyers (phase communément appelée FTTX), une étape que la quasi-totalité des marchés matures n’ont toujours pas franchie (hormis quelques expériences de pointes comme celle de la ville de Stockholm que le ministère des Télécoms suit de près). En France par exemple, seuls 3 % des foyers sont reliés par fibre. La première étape, soit l’installation de la fibre reliant tous les centraux, sera achevée au Liban en octobre 2012.
Cette étape, doublée d’un équipement du réseau en VDSL2, est nécessaire pour faire passer la vitesse à plus de 20 Mbps pour les abonnés. C’est également cette disponibilité de l’offre (vitesse et capacité) qui détermine une augmentation de la demande et une diminution des prix.
Il n’est donc pas question de prétendre que le Liban est le pays le plus compétitif en termes de prix. Une telle évolution prend du temps. Mais le Liban se situe d’ores et déjà dans la moyenne supérieure de la région ainsi que dans la moyenne de l’OCDE (pour l’usage faible et 30 % au-dessus pour l’usage fort), comme l’atteste l’étude publiée par l’Autorité de régulation des télécoms vendredi 4 novembre.
À la suite de l’article intitulé « Téléphonie et Internet : le Liban demeure un pays du tiers-monde » paru dans L’Orient-Le Jour du 21 octobre, nous avons reçu du bureau de presse du ministre des Télécommunications la réponse suivante : N’en déplaise aux esprits chagrins qui ne veulent pas l’admettre, le Liban est bel et bien en train de se doter d’une infrastructure...

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