Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Reportage

À Deir ez-Zor, des chrétiens rêvent d’une Syrie sans Assad ni al-Nosra

Chaque dimanche, Abou Ibrahim et sa famille prient dans la maison qu’ils partagent avec des rebelles syriens. Ces chrétiens soutiennent la rébellion contre le régime, mais craignent de devoir quitter la Syrie si les jihadistes d’al-Nosra parviennent à le renverser. « Nous sommes les derniers à demeurer à Deir ez-Zor », ville de l’est de la Syrie dévastée par dix mois de combats, assure l’homme. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), « la grande majorité des 4 000 chrétiens de Deir ez-Zor a quitté la ville ». « Le reste de notre communauté a fui quand la guerre a commencé. Certains se sont réfugiés dans des zones contrôlées par le régime par crainte des islamistes d’al-Nosra », ajoute Abou Ibrahim.


Ce groupe, comptant entre autres des dizaines de jihadistes étrangers, a connu une fulgurante ascension en deux ans de conflit, revendiquant des dizaines d’attentats et jouant un rôle de premier plan dans les combats contre le régime, au détriment de l’Armée syrienne libre (ASL), composante essentielle de la rébellion. Sa présence à Deir ez-Zor est évidente. Des pick-up arborant son emblème sillonnent cet ancien centre de l’industrie pétrolière à tombeau ouvert. « Nous n’avons pas eu de problème avec eux jusque-là », indique le père de famille, tout en ajoutant : « Nous avons peur d’eux – et nous ne sommes pas les seuls, les soldats de l’ASL aussi. À Deir ez-Zor, tout le monde a peur d’eux : ils sont très forts et mieux armés que les autres rebelles. » « Quand Bachar el-Assad tombera, on verra quelles sont leur vraies intentions... S’ils décident de créer un État islamique où règne la charia (loi islamique), nous les chrétiens et autres communautés, nous n’aurons plus d’autre choix que de quitter ce pays, et nous partirons », soupire Abou Ibrahim. « Beaucoup ont cru aux mensonges du régime qui a parlé de massacres de chrétiens dans d’autres villes et qui ont fui par peur », soutient Omar, un des 15 rebelles vivant avec la famille, assurant que le « régime a bombardé les églises » de la ville.


Pour le moment, Abou Ibrahim, sa femme Mariam et leurs trois enfants résistent à la tentation de s’exiler dans la Turquie voisine, même si leur maison a été détruite et l’église voisine endommagée par les bombes. Après avoir perdu son travail dans les puits de pétrole dans la région de Deir ez-Zor, Abou Ibrahim a ouvert un garage où les rebelles venaient faire réparer leurs véhicules, « jusqu’à ce que le régime s’en rende compte et bombarde la maison ». « Les rebelles sont venus à notre secours, au risque de leur vie. Ils nous ont sortis des décombres et donné le gîte et le couvert », se souvient-il, réfutant le caractère sectaire du conflit en Syrie : « Si c’était le cas, ils nous auraient laissé mourir. »


Il réfute également l’idée que les chrétiens de Syrie soutiennent le régime par peur d’une guerre confessionnelle. Beaucoup d’entre eux observent désormais une neutralité à l’égard des belligérants. « Ils sont tous musulmans, et nous vivons en paix », souligne Mariam qui fait la cuisine aux soldats de l’ASL et lave leurs uniformes. « Ce sont comme mes fils », affirme-t-elle. Si elle ne sort plus dans la rue depuis des mois de crainte d’être agressée car elle n’est pas voilée, elle s’affaire chez elle les cheveux libres car « les soldats respectent mes convictions et moi les leurs ». « Al-Nosra ne représente pas les convictions des Syriens, nous luttons contre le même ennemi, mais dès que le régime tombera, ils devront partir », tient à préciser le rebelle Omar.
(Source : AFP)

Chaque dimanche, Abou Ibrahim et sa famille prient dans la maison qu’ils partagent avec des rebelles syriens. Ces chrétiens soutiennent la rébellion contre le régime, mais craignent de devoir quitter la Syrie si les jihadistes d’al-Nosra parviennent à le renverser. « Nous sommes les derniers à demeurer à Deir ez-Zor », ville de l’est de la Syrie dévastée par dix mois de combats,...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut