Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Révolte

L’ONU réclame plus de fonds pour les réfugiés syriens

Deux millions d’enfants coincés dans leur pays, premières victimes du conflit, selon Save the Children.

L’ONG Save the Children estime que parmi les deux millions d’enfants syriens coincés dans leur pays, certains servent d’informateurs, d’enfants-soldats, ou encore de boucliers humains par les deux parties du conflit. JM Lopez/AFP

L’ONU a exhorté hier la communauté internationale à débloquer massivement des fonds pour aider un million de réfugiés syriens ayant fui la guerre dans leur pays, au moment où les pays voisins de la Syrie sont débordés par l’afflux de réfugiés dépassant la barre d’un million. Le nombre de réfugiés, qui vivent en majorité dans des conditions précaires, pourrait doubler voire tripler d’ici à fin 2013 si le conflit se poursuit, a averti le haut-commissaire de l’ONU aux Réfugiés, Antonio Guterres. « Les pays d’accueil et les agences humanitaires ne seront pas capables de répondre (à une telle situation), sauf s’ils bénéficient d’un soutien international plus important », selon lui.
De même, une coalition d’ONG américaines a exhorté hier la communauté internationale à tenir ses promesses d’aide humanitaire aux Syriens, avertissant que 20 % de la population de ce pays en guerre depuis deux ans survivaient dans une misère noire. Plusieurs États donateurs avaient promis, lors d’une conférence au Koweït fin janvier, plus de 1,5 milliard de dollars de dons aux millions de réfugiés syriens dans leur pays et les pays voisins. Avec aujourd’hui quatre millions de Syriens – sur une population de 20 millions – qui doivent êtres aidés, « les besoins sont immenses et les défis multiples », a résumé lors d’une conférence téléphonique Joel Charny, vice-président de InterAction, une fédération de 190 organisations humanitaires américaines.


Dans le même temps, l’ONG Save the Children a mis en garde dans un rapport contre le recours de plus en plus fréquent aux enfants sur la ligne de front, les belligérants n’hésitant pas à s’en servir comme soldats ou boucliers humains. « Deux millions d’enfants coincés en Syrie sont les victimes innocentes » d’une guerre sanglante, déplore l’ONG, relevant qu’ils « risquent en permanence malnutrition, maladie et traumatisme ».

 

"C'est une guerre dont les femmes et les enfants sont les plus grandes victimes", a dit à Reuters le directeur de Save the Children, Justin Forsyth, à l'occasion d'une visite au Liban, où 340.000 Syriens ont trouvé refuge.

Justin Forsyth a rencontré un enfant de 12 ans dont le meilleur ami a été tué devant une boulangerie. "Son ami a reçu une balle en plein coeur. Au début, il a cru qu'il lui faisait une plaisanterie, parce qu'il ne saignait pas. Il n'a compris qu'il était mort que quand on lui a retiré sa chemise", raconte-t-il.

Le rapport de Save the Children cite une étude de l'université Bahcesehir, en Turquie, réalisée auprès des réfugiés syriens, selon laquelle un enfant sur trois dit avoir reçu des coups ou avoir été la cible de tirs.

Deux-tiers des enfants interrogés disent avoir été séparés de membres de leur famille en raison du conflit et un tiers ont été confrontés à la mort d'au moins un de leurs proches.

"Tous ces enfants vous racontent cela sans émotion apparente, puis vous réalisez qu'il y a des couches et des couches de traumatisme émotionnel", précise Justin Forsyth.

 

Soldats et rebelles ont aussi tendance à les recruter « comme messagers, gardes, informateurs ou combattants ».

 « Révoltante paralysie »
Toujours sur le plan humanitaire, l’ONG Handicap International a dénoncé « la révoltante paralysie de la communauté internationale » en Syrie, alors que des divisions sont de nouveau apparues entre Occidentaux dont certains n’écartent pas une aide militaire aux rebelles.
Au niveau politique, l’opposition va se réunir, après deux reports, lundi et mardi à Istanbul pour discuter de la formation d’un « gouvernement intérimaire » et élire un Premier ministre pour les régions sous contrôle rebelle, a indiqué un opposant.

Nouveau front ?
Sur le terrain, de violents combats ont éclaté hier dans un secteur situé entre Damas et le plateau du Golan, au sud de la capitale, a-t-on appris auprès de l’opposition. Ces affrontements pourraient marquer l’ouverture d’un nouveau front entre les soldats du régime de Bachar el-Assad et les rebelles, selon ces sources au sein de l’opposition. Des rebelles ont ainsi attaqué une caserne de l’armée régulière occupée par la garde républicaine et la 4e division mécanisée, commandée par Maher, le frère de Bachar, à Khan Cheikh, à environ six kilomètres au sud de la banlieue damascène. Les affrontements se sont intensifiés trois jours après que les rebelles, majoritairement sunnites, eurent envahi une base de missiles dans la région, tuant 30 soldats, la plupart alaouites, selon ces mêmes sources.


Alors que le conflit entre demain dans sa troisième année sans donner aucun signe de répit, les violences ont encore fait 130 morts au moins à travers le pays. Ainsi, douze personnes dont des enfants sont mortes par la chute d’obus à Damas, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), alors que l’armée tentait toujours à coups de raids aériens de reprendre le contrôle du quartier symbolique de Baba Amr à Homs. Les combats entre l’armée et les groupes rebelles, au sein desquels des jihadistes jouent un rôle de premier plan, continuent également de faire rage, le régime ayant fait savoir qu’il avait les moyens de combattre « pendant des années » les insurgés, qu’il qualifie de « terroristes ».


Des combats meurtriers ont également opposé les troupes régulières à des rebelles à la frontière avec le Liban dans le village de Joussy dans la province de Homs, toujours d’après l’OSDH. D’après cette ONG, « des soldats ont été tués, blessés et pris en otages lors d’une attaque contre leur barrage » dans ce village.
Dans ce contexte, pour le second anniversaire du début de la révolte, les Frères musulmans, influente composante de l’opposition, ont appelé à organiser, entre les 15 et 22 mars, « des marches de soutien et des sit-in dans toutes les capitales du monde par solidarité avec le peuple syrien » face aux « massacres du régime ».

 

Reportage

À Deir ez-Zor, des chrétiens rêvent d’une Syrie sans Assad ni al-Nosra

 

Lire aussi

Mia Farrow à « L’Orient-Le Jour » : Le Liban accueille le plus grand nombre de réfugiés syriens dans la région

L’ONU a exhorté hier la communauté internationale à débloquer massivement des fonds pour aider un million de réfugiés syriens ayant fui la guerre dans leur pays, au moment où les pays voisins de la Syrie sont débordés par l’afflux de réfugiés dépassant la barre d’un million. Le nombre de réfugiés, qui vivent en majorité dans des conditions précaires, pourrait doubler voire...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut