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Moyen Orient et Monde - Religion

La démission-choc du pape ouvre une période d’incertitudes pour l’Église

Après son départ, Benoît XVI se prépare à une vie de moine au Vatican.

La campagne pour le choix du successeur au pape a de facto commencé, avant même que la date du conclave pour convoquer les 117 cardinaux électeurs (âgés au maximum de 80 ans) ne soit fixée. Filippo Monteforte/AFP

L’annonce « coup de tonnerre » de la démission prochaine du pape Benoît XVI ouvre une période inédite au Vatican. Après avoir annoncé lundi, à la surprise générale, qu’il quitterait ses fonctions, le pape devrait apparaître en public pour la première fois aujourd’hui à l’occasion de l’audience hebdomadaire, puis pour une messe des Cendres qui, à titre exceptionnel, a été transférée à la basilique Saint-Pierre. « La dernière audience générale aura lieu le 27 février sur la place Saint-Pierre parce qu’il y aura beaucoup de monde », a annoncé le porte-parole du Saint-Siège, Federico Lombardi. D’ici là, le pape maintiendra « tous les engagements programmés », y compris des entretiens cette semaine avec les présidents du Guatemala et de Roumanie.
Benoît XVI redeviendra simplement le cardinal Joseph Ratzinger le 28 février à 19h00 GMT. S’ouvrira alors la période de « siège vacant ». Les cardinaux se réuniront en conclave pour élire son successeur, si possible avant Pâques, le 31 mars. Pendant cette période de transition, le « patron » du Vatican sera le camerlingue, à savoir l’actuel numéro deux et secrétaire d’État Tarcisio Bertone.
En dépit de rumeurs sur son état de santé, Benoît XVI a affirmé démissionner en raison de « l’avancement de l’âge » et parce que ses « forces » ne lui permettent plus d’exercer sa charge de chef d’une Église d’un milliard de fidèles. Selon plusieurs vaticanistes et le journal du Saint-Siège, L’Osservatore Romano, sa décision était prise « depuis des mois », même s’il n’en a fait part qu’à deux ou trois collaborateurs. Le père Lombardi a confirmé que Benoît XVI avait pris sa décision au retour d’un voyage au Mexique et à Cuba, en mars 2012. Le cardinal Angelo Sodano a parlé d’un « éclair dans un ciel serein ». Comme en écho, un éclair a frappé le soir même la basilique Saint-Pierre, capturé par un photographe de l’AFP.
Selon Andrea Tornielli, expert de La Stampa, Benoît XVI a su affronter le scandale des abus pédophiles dans le clergé « avec une détermination jamais vue avant ». Mais le coup de grâce est venu du scandale VatiLeaks de fuite des documents secrets du Vatican en 2012 et a mis en évidence des luttes intestines dans l’Église. Plusieurs éditorialistes comme le directeur du journal Repubblica Ezio Mauro ont salué « l’irruption de la modernité » dans une Église vieille de 2 000 ans. « On va vers des pontificats à terme et non plus à vie », a renchéri Sandro Magister, vaticaniste de l’hebdomadaire L’Espresso. Même opinion de son homologue du Fatto Quotidiano, Marco Politi, qui souligne en outre le caractère exceptionnel de la situation qui s’est créée : en mars, « l’Église aura deux papes : un régnant et un émérite. Du jamais-vu », dit-il.

Deux papes
Benoît XVI continuera en effet d’habiter au Vatican, à quelques centaines de mètres de son successeur, dans un monastère où il se consacrera « à l’étude, la prière et l’écriture », selon le Vatican. Le monastère « Mater Ecclesiae », voulu par le pape Jean-Paul II, se trouve dans une zone très calme des jardins du Vatican. Il a été construit en 1992 à l’emplacement d’une vieille maison de jardiniers qui a été abattue pour réaliser ce nouvel édifice. Le bâtiment, à quatre niveaux, comprend 12 cellules modernes disposées sur les deux niveaux supérieurs, et les pièces en commun, réfectoire, cuisine, infirmerie, chapelle, archives, sur les deux autres niveaux. Les cellules sont chichement meublées et les seules décorations sont des croix en bois et quelques peintures avec des scènes religieuses, selon le Vatican.
Benoît XVI pourra contrôler les ingrédients qui arrivent sur sa table et sur celle du nouveau pape car les tomates, poivrons, courgettes et autres légumes du jardin du monastère finissent régulièrement dans l’assiette des souverains pontifes.

Les candidats
En attendant, la campagne pour le choix de son successeur a de facto commencé, avant même que la date du conclave pour convoquer les 117 cardinaux électeurs (âgés au maximum de 80 ans) ne soit fixée. Et si tout le monde rappelle le dicton selon lequel « on entre pape au conclave et on en sort (simple) cardinal » pour illustrer le caractère imprévisible de l’issue du vote, des noms circulent déjà avec insistance : l’archevêque de Milan Angelo Scola, celui de Manille Luis Antonio Tagle, ses collègues de San Paolo, Claudio Hummes, de New York Timothy Dolan, ou le Canadien Mgr Marc Ouellet. Les vaticanistes sont convaincus que le pape, qui avait pris la tête de l’Église à l’âge de 78 ans en 2005, a fait le choix de partir à quasi 86 ans pour signaler aux cardinaux qu’il faut choisir quelqu’un de relativement jeune. Selon le prêtre italien Andrea Gallo, Benoît XVI a lancé un autre message en démissionnant : « Vu les scandales, la chute verticale des vocations, les couvents pour femmes et hommes vides, beaucoup de catholiques en Europe et dans le monde qui abandonnent l’Église, il a compris qu’il faut affronter ces problèmes avec un miniconcile, un concile Vatican III. » Ce sera la mission du nouveau pape, selon ce curé progressiste qui a cité parmi les « thèmes fondamentaux » à aborder : « la collégialité, la bioéthique, la sexualité qui doit être vécue comme un don de Dieu, le célibat, l’ordination des femmes ».
(Source : AFP)
L’annonce « coup de tonnerre » de la démission prochaine du pape Benoît XVI ouvre une période inédite au Vatican. Après avoir annoncé lundi, à la surprise générale, qu’il quitterait ses fonctions, le pape devrait apparaître en public pour la première fois aujourd’hui à l’occasion de l’audience hebdomadaire, puis pour une messe des Cendres qui, à titre exceptionnel, a...

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