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Moyen Orient et Monde - Tribune

Relever un défi : mettre un terme aux atrocités en 2013

Par Adama Dieng*
Alors que nous abordons l’année 2013, les crises qui sévissent en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, au Mali, au Soudan et en Syrie nous rappellent tragiquement que des difficultés restent à surmonter dans la lutte menée pour protéger les populations des atrocités, à savoir le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité. Les médias nous informant au quotidien de violences et de violations flagrantes des droits de l’homme, commises notamment contre des femmes et des enfants, nous ne pouvons ignorer qu’il nous faut faire plus encore pour protéger les populations.
Ce flot ininterrompu de mauvaises nouvelles pourrait nous inciter à négliger les progrès accomplis mais, en dépit de crises qui perdurent, la communauté internationale a accompli des progrès importants ces dernières années. Un nombre impressionnant d’initiatives ont vu le jour à l’échelle mondiale, régionale et nationale, pour aider à déterminer et réduire les risques, à développer ou à renforcer la résistance des populations locales face à la violence, à encourager à trouver des moyens novateurs pour gérer les différences de manière pacifique, à apaiser les tensions avant qu’elles ne dégénèrent et à s’attaquer aux facteurs qui attisent la haine.
Lors du sommet mondial de 2005, tous les chefs d’État et de gouvernement ont pris unanimement l’engagement de protéger les populations contre le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre l’humanité, soit les plus graves crimes qui puissent être perpétrés. Leur déclaration figurant dans le document final du sommet, qui stipule clairement qu’ils acceptent cette responsabilité et agiront en conformité avec elle, imprime un nouvel élan à ce concept qui était déjà inscrit dans le droit international et est désormais connu sous le terme de « responsabilité de protéger ».
Les efforts déployés par l’ONU et ses partenaires en vue de prévenir les atrocités jouent un rôle primordial en contribuant à réduire le nombre de crises. Ils permettent d’appuyer les capacités nationales et locales en vue d’apaiser les tensions et de régler les conflits avant qu’ils ne deviennent meurtriers. L’ONU collabore avec les mécanismes régionaux et sous-régionaux, les gouvernements et la société civile, dont les organisations de défense des droits de l’homme et les organisations de femmes, en mettant l’accent sur la compréhension des risques et le renforcement des capacités requises pour réduire ceux-ci, notamment par le biais de l’appui aux communautés. Elle cherche ainsi à développer une culture de la prévention et du respect des droits de l’homme. Le sens de cette démarche consiste à faire comprendre comment les flambées de violence peuvent conduire à des atrocités, à faire prendre conscience du danger que représentent les discours haineux et l’incitation à la violence, et à s’attaquer à ces problèmes tout en garantissant le respect des droits de l’homme.
Enfin, lorsque les crises menacent, il s’agit de bien analyser les faits et de mobiliser les ressources de l’ONU et la volonté politique de toute la communauté internationale afin d’empêcher qu’elles ne s’aggravent.
La prévention des atrocités a également fait des progrès importants hors du cadre de l’ONU. Plusieurs États membres ont créé des centres d’information sur la responsabilité de protéger ou des structures internes (interorganisations) chargées de prévenir les atrocités, telles que le Conseil pour la prévention des atrocités (Atrocities Prevention Board) institué par le gouvernement américain. Au niveau régional, 18 États d’Amérique latine ont mis en place un réseau pour la prévention du génocide. En Afrique, l’Union africaine a pris d’importantes mesures visant à officialiser son engagement en faveur de la protection des civils contre les atrocités. La Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (d’Afrique), une organisation sous-régionale, a créé un comité régional chargé de la prévention et de la répression du génocide et des crimes apparentés, qui est le premier mécanisme sous-régional à avoir été spécialement créé pour s’attaquer à ces questions. Au Moyen-Orient, des organisations de la société civile rapportent les violations des droits de l’homme et s’emploient à tisser des liens de paix et de tolérance entre les communautés, notamment en utilisant les médias sociaux. Dans le monde entier, groupes d’experts et milieux universitaires continuent d’être le fer de lance de la réflexion en la matière et de prodiguer des conseils avisés à cet égard.
Les efforts déployés collectivement ces dernières années ont donné des résultats. La crise suscitée par la revendication d’un territoire par le Soudan et le Soudan du Sud, Abyei, et les crises qui ont frappé la Guinée, le Kenya, le Kirghizistan et le Yémen ont été résolues par la voie diplomatique, permettant ainsi de mettre un terme à ces conflits et de limiter les pertes en vies humaines. S’il demeure essentiel que la communauté internationale maintienne son engagement à l’égard de ces pays, il est indéniable que c’est la volonté politique qui a primé pour remporter ces modestes succès.
L’écrasante tâche qui consiste à empêcher la commission d’atrocités exige l’engagement de tous. La volonté politique des États membres reste de la plus haute importance. Les crises qui persistent aux quatre coins du monde, du Mali au Myanmar, montrent que ces progrès dépendent en fin de compte du bon vouloir des gouvernements et de leur capacité d’avancer dans la même direction.
Les États membres sont investis d’un rôle crucial et unique, inscrit dans les dispositions de la Charte des Nations unies, que ce soit en agissant par anticipation et de manière préventive ou, si nécessaire, en réagissant de manière ferme et opportune. S’agissant de la protection des populations, l’ONU et ses partenaires ne peuvent qu’appuyer leurs efforts. Le bureau du conseiller spécial pour la prévention du génocide et du conseiller spécial pour la responsabilité de protéger est déterminé à continuer de collaborer avec les États membres et de les encourager à assumer toutes leurs responsabilités et à renforcer leur autorité politique afin de tenir la promesse que de telles atrocités ne se reproduisent « plus jamais » et de faire de la responsabilité de protéger une réalité concrète.

(*) Adama Dieng est le conseiller spécial du secrétaire général de l’ONU pour la prévention du génocide.
Alors que nous abordons l’année 2013, les crises qui sévissent en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, au Mali, au Soudan et en Syrie nous rappellent tragiquement que des difficultés restent à surmonter dans la lutte menée pour protéger les populations des atrocités, à savoir le génocide, les crimes de guerre, le nettoyage ethnique et les crimes contre...

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