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Moyen Orient et Monde - Conflit

Les jihadistes menacent d’attaquer la France « au cœur »

Les islamistes armés évacuent leurs bastions du Nord et s’emparent d’une localité dans l’Ouest.

Des soldats français, arrivés hier à Bamako, se préparent à être déployés dans le nord du Mali. Eric Feferberg/AFP

Les jihadistes ont repris l’offensive au Mali, s’emparant hier de la localité de Diabali. Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a confirmé la prise de la ville, située dans l’Ouest près de la Mauritanie. « Nous savions qu’il y aurait une contre-offensive vers l’Ouest, d’autant plus que là se trouvent les éléments déterminés, les plus structurés, les plus fanatiques (...). Ils ont pris Diabali, qui est une petite commune, après des combats importants et après une résistance de l’armée malienne qui était insuffisamment dotée à ce moment précis », a déclaré M. Le Drian. L’attaque sur Diabali était dirigée par Abou Zeid, un des chefs d’el-Qaëda au Maghreb islamique (AQMI), selon une source sécuritaire régionale. Dans le même temps, soumis à d’intenses bombardements, les jihadistes ont évacué leurs bastions du nord du Mali, tels que Gao ou Tombouctou, ont constaté des témoins. Pour le porte-parole du groupe islamiste Ansar Dine, Senda Ould Boumama, il ne s’agit que d’un « retrait tactique », l’exécution d’un « plan de redéploiement ».


La France, se disant « en guerre contre le terrorisme » au Mali, a bloqué vendredi la progression des groupes armés islamistes vers le centre du pays. L’aviation française a bombardé pour la première fois dimanche leurs positions dans le Nord, à Gao et Kidal, au cœur des territoires jihadistes. Hier, c’est le quartier général du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) à Douentza qui a été visé, mais les combattants islamistes avaient déjà fui la ville. En outre, une colonne d’une trentaine de chars français, escortée par un hélicoptère, a traversé le poste-frontière ivoirien de Pôgô pour gagner le Mali, a-t-on appris de sources concordantes.


Dans la capitale Bamako, le lycée français a été fermé hier « par mesure de précaution », selon l’ambassadeur de France, Christian Rouyer, qui recommande la « vigilance » aux 6 000 ressortissants français vivant au Mali. Des menaces pèsent aussi sur les sept otages détenus par des groupes islamistes au Sahel.


« La France a attaqué l’islam. Au nom d’Allah, nous allons frapper le cœur de la France. Partout. À Bamako, en Afrique et en Europe », a déclaré Abou Dardar, l’un des responsables du Mujao. Il a par ailleurs refusé de donner un bilan des raids français, se contentant d’affirmer que « tous les moudjahidine qui sont morts sont allés au paradis ».

 

(Repère : Le Mali, un pays enclavé au coeur du Sahel)


Les rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) ont pour leur part dit être « prêts à aider » l’armée française à lutter contre les groupes islamistes armés, en faisant « le travail au sol », forts de leur « connaissance du terrain et des populations ». En outre, les préparatifs s’accélèrent pour le déploiement de la force ouest-africaine au Mali. Les premiers éléments promis par la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) se mettent en place, sous la direction d’un général nigérian, Shehu Abdulkadir. Le Nigeria doit fournir 600 hommes. Le Niger, le Burkina Faso, le Togo et le Sénégal ont également annoncé l’envoi chacun d’environ 500 hommes, le Bénin 300 et le Ghana 120 militaires spécialistes du génie.


Au niveau diplomatique, le Conseil de sécurité de l’ONU devait se réunir en soirée pour débattre du conflit, à l’initiative de la France. De son côté, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a confirmé qu’elle organisera cette semaine une réunion exceptionnelle des ministres des Affaires étrangères de l’Union européenne concernant le Mali. Cette réunion devrait probablement se tenir jeudi à Bruxelles, a-t-on appris de source européenne. Sa tenue avait été annoncée plus tôt par le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, qui a estimé que « la France n’a pas vocation à rester seule au côté du Mali ». De fait, le Danemark a annoncé qu’il soutiendrait l’opération militaire française en fournissant un avion de transport. Le Canada a également indiqué qu’il fournirait un avion de transport pour assurer un soutien logistique à la mission française au Mali.


Par ailleurs, les voisins du Mali ont annoncé avoir pris des mesures pour éviter toute infiltration des groupes armés islamistes : l’Algérie a ainsi fermé ses frontières et l’armée mauritanienne s’est redéployée pour « boucler la frontière ».


Enfin, sur le plan humanitaire, des dizaines de milliers de civils fuient les combats au Mali, ont rapporté les Nations unies. Selon l’ONU, certains des groupes islamistes armés ont empêché des civils de se diriger vers le Sud pour échapper aux affrontements. Le ministère mauritanien de l’Intérieur a confirmé que des milliers de réfugiés arrivaient à la frontière du pays en provenance du Mali. Le Programme alimentaire mondial estime que 500 000 personnes ont été déplacées au Mali depuis que les groupes rebelles ont pris le contrôle du nord du pays en mars 2012.

 

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