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Moyen Orient et Monde - Reportage

« Nous ne sommes l’organe de personne, nous sommes des journalistes »

Khaled el-Khatib, rédacteur en chef de « Souria al-Hurra », lit un des numéros de son journal. JM Lopez/AFP

Dans une zone tenue par les rebelles, près d’Alep, Khaled el-Khatib a lancé il y a un mois Souria al-Hurra, un hebdomadaire qui clame son indépendance et sa liberté de ton que ce soit à l’égard du régime ou des insurgés. L’hebdomadaire gratuit, lancé il y a un mois, s’impose comme une importante source d’informations sur le conflit et refuse de céder aux pressions. « Nous ne sommes l’organe de personne. Nous sommes des journalistes », explique M. Khatib, le rédacteur en chef âgé de 30 ans. « Nous ne publions jamais rien si nous ne sommes pas certains à 100 % de sa véracité car on essaie de nous manipuler », assure cet ancien professeur de géographie de l’Université d’Alep.
Dans un pays où la presse a toujours été propriété ou sous contrôle de l’État, Souria al-Hurra doit faire face au mécontentement des partisans du régime mais aussi aux pressions des rebelles qui voudraient en faire un outil de propagande. « Pour l’instant, personne ne s’est présenté dans la salle de rédaction pour nous intimider ou nous enlever », dit M. Khatib, qui dirige une équipe de 10 journalistes âgés de 25 à 30 ans. Mais « sur notre page Facebook un membre des chabbiha a menacé de nous briser les mains et les pieds et de nous tuer s’ils nous trouvaient ».
Le danger est tel que M. Khatib refuse catégoriquement que soit révélé l’emplacement des locaux du journal où il travaille avec cinq autres journalistes. Même avec les rebelles, qui connaissent l’adresse, les relations ne sont pas toujours commodes. « Des chefs de bataillons sont venus nous dire qu’ils refusaient de traiter avec nous, notre journal ayant critiqué certaines erreurs de l’Armée syrienne libre (ASL) », explique le rédacteur en chef.
La rédaction du journal s’est établie dans un ancien bureau de poste. Dans le modeste espace, sont installés quelques ordinateurs portables et une étagère avec des classeurs. Au centre, un poêle. Des tapis recouvrent le sol et des exemplaires du dernier numéro sont éparpillés. Outre les six membres de l’équipe travaillant dans la salle de rédaction, le journal compte cinq correspondants dans la province d’Alep. Souria al-Hurra publie différentes informations et reportages, sur le champ de bataille, les communautés locales, la politique révolutionnaire ou la réaction du monde extérieur à ce qui se passe en Syrie, notamment des traductions de la presse internationale.
De riches donateurs syriens, dont la plupart ont fui vers la Turquie ou vers d’autres pays, fournissent les fonds : 2 000 dollars pour chaque numéro, un tirage de 6 000 exemplaires imprimés en Turquie et une distribution gratuite les jeudis ou vendredis dans les zones tenues par les rebelles. Certains rebelles viennent dans nos bureaux chercher le journal pour le ramener à leurs bases, explique le rédacteur en chef.
Le journal a été lancé le 7 décembre. « À un moment donné, nous en avons eu assez de lire sur Internet les informations concernant la révolution, sans tester leur véracité », explique-t-il ajoutant que l’objectif est aussi de « dénoncer toutes les erreurs faites dans cette révolution afin de trouver une solution ». L’initiative de M. Khatib et son équipe représente aussi le combat pour une société démocratique et ouverte qui a inspiré le soulèvement contre le régime Assad. « Nous avons vécu plus de 30 ans sous le joug de l’oppression. Il est temps d’être libres. »

(Source : AFP)
Dans une zone tenue par les rebelles, près d’Alep, Khaled el-Khatib a lancé il y a un mois Souria al-Hurra, un hebdomadaire qui clame son indépendance et sa liberté de ton que ce soit à l’égard du régime ou des insurgés. L’hebdomadaire gratuit, lancé il y a un mois, s’impose comme une importante source d’informations sur le conflit et refuse de céder aux pressions. « Nous ne...

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